Jérôme, Amédée et les girafes (Gouny)

Jérôme, Amédée et les girafes
Gouny © L'Atelier du Poisson soluble - 2011

Jérôme est un petit ours peu ordinaire. Son pelage roux parsemé de tâches brunâtres, son petit parapluie en guise d’ombrelle… bref, Jérôme est persuadé qu’il est une girafe. Alors, lorsqu’il rencontre enfin un groupe de girafes, Jérôme est heureux car il vient enfin de trouver une famille, une maison.

Oui mais voilà, les girafes ne partagent pas cet avis…

 Un ouvrage surprenant qui aborde des thèmes difficiles : l’exclusion, le rejet, la différence.

La lecture du dossier de presse m’avait laissé supposer que l’ouvrage s’adressait aux lecteurs de 6-8 ans. Pourtant, après l’avoir lu seule, j’ai pensé que Monsieur Lutin (5 ans 1/2) risquait de ne pas investir cette histoire : les visuels sont très épurés comparé aux livres qu’il choisit actuellement, les textes sont minimalistes pour ce petit lecteur qui a d’ores et déjà l’habitude de récits plus riches et plus fouillés. Alors avec qui allais-je pouvoir le lire ? Certainement pas avec le petit troll qui lui sert de frère, car je pensais qu’à 2 ans 1/2, la technicité de certains termes le dérouterait et lui rendrait l’histoire inaccessible.

Force est de constater que Jérôme est un héros aux pouvoirs surprenants. Foncièrement sympathique, très abordable, la lecture de son aventure et de ses mésaventures a eu tôt fait de rallier à sa cause mes deux jeunes lecteurs aux profils très différents. Une écriture simple sans être simpliste a permis à Monsieur Lutin de s’intéresser rapidement à l’histoire de Jérôme. Quant au Petit Lutin, aidé de quelques reformulations pour lui permettre de comprendre des termes comme « conciliabule » ou « déclaration », c’est à gorge déployée qu’il a accompagné les rires de son frère. Le minimalisme des illustrations permettant au premier de s’attarder plus longuement sur le message délivré par l’auteur et pour le plus petit, de profiter de ce conte sans que son regard ne se perde dans une surabondance de détails visuels.

Nicolas Gouny a réalisé un album plein de finesse et de drôleries. Il livre à ses lecteurs un beau support intermédiaire qui permet aux parents d’aborder naturellement les questions de la Différence et du Rejet, sans recourir aux préjugés. L’humour donne à ce récit un air enjoué et pétillant, une note de fraicheur que petits et grands savourent.

Je remercie l’Atelier du Poisson soluble pour cette découverte !

Très belle surprise de lecture, un ouvrage dont le Petit Lutin se saisit à plusieurs moments de la journée. Quant à son grand frère, il a rapidement conclu que l’histoire de Jérôme est un livre qu’ils vont se partager même si « cette histoire est complètement zinzin ». Le périple de cet ours fait d’ores et déjà écho à son expérience, un petit bonhomme qui trouve bien bête l’idée de tourner le dos à quelqu’un qui n’a pas la même morphologie ou la même couleur de peau que la sienne.

Quant à vous, si vous vous demandez qui est Amédée… je crois que vous n’avez pas d’autre choix que celui de découvrir par vous même cet ouvrage !

D’autres avis de lecture : La soupe de l’espace et Catherine Demontpion.

Jérôme, Amédée et les Girafes

Éditeur : L’Atelier du Poisson Soluble

Texte et illustrations : Nicolas GOUNY

Dépôt légal : Août 2011

Visuels intérieurs…

Jérôme, Amédée et les girafes – Gouny © L’Atelier du Poisson soluble – 2011

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

18 réflexions sur « Jérôme, Amédée et les girafes (Gouny) »

  1. Il y a des livres pour enfants pour lesquels j’ai du mal à voir quel est l’âge visé et que je ne sais pas su quand présenter à ma bestiole : avant, ça lui passait au-dessus de la tête et maintenant il est trop grand pour accrocher.
    D’après ce que tu dis et ce que tu nous montres de celui-ci, j’ai l’impression que je le placerais dans cette catégorie. Si j’étais tombée dessus en librairie, je l’aurais plutôt vu pour de très jeunes enfants que pour des 6-8 ans. C’est un livre que je pourrais inviter ma bestiole à feuilleter en librairie pour voir sa réaction, mais je ne me risquerais pas à l’acheter de moi-même.
    (C’est le mien qui est un poil plus âgé que le tien : il a 6 ans.)

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    1. Ensuite, je ne sais pas dans quelle mesure l’arrivée de cet ouvrage chez nous (son contexte surtout), le fait également que je définisse à qui il appartient, n’a pas influencé mon bonhomme (souvent un peu jaloux de son petit frère).
      Mais cela ne change pas, je pense, le plaisir que mon grand à d’entendre l’histoire. Généralement, quand je la lis, il interrompt ses jeux et vient se poser à coté de nous. Cela nous permet également de prolonger le sujets via des situations concrètes qu’il vit à l’école et dont il ne sait quoi penser.

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  2. C’est un thème qu’on retrouve sous d’autres formes similaires dans d’autres albums : comment s’intégrer et être accepté dans une famille dont on ne partage pas tous les caractères…

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    1. Ça l’est effectivement. Mon petit Lutin a voulu le faire découvrir à sa maitresse et à ses camarades de classe de Toute petite section. L’ouvrage a beaucoup plu

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  3. Pour les albums, y a pas d’âge !! On peut être surpris par la réaction de tout petits ou, au contraire, de grands de 9/10 ans qui tombent dans le panneau d’Hervé Tullet et de son « livre ».
    Heureuse que tu sois tombée sous le charme du Poisson, une de mes maisons d’éditions fétiches !

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    1. Je découvre seulement. Nous avions déjà « Mammouth : secret défense » qui plait beaucoup mais c’est vrai que je n’avais pas fait la démarche de fouiller plus en amont leur catalogue.

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  4. « Force est de constater que Jérôme est un héros aux pouvoirs surprenants ». Comment dire les choses simplement : j’adore cette phrase ! A part ça, cet album plairait surement à ma petite pépette qui vient d’avoir 6 ans et qui reste très bon public, même pour des ouvrages qui ne sont à priori plus de son âge.

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    1. Oui, le Jérôme sont surprenants !! Ils nous permettent de repousser sans cesse nos univers de lecteurs et nos domaines de prédilection ^^ A coup sûr, il faut garder un œil (voire deux) sur eux 😛

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  5. Même réflexion de Za pour l’âge des albums, c’est une gageuse ( je sais de quoi je parle, j’ai parfois bien du mal à les  » catégoriser  » ). Ce que je fais avec mon bonhomme, dans ce cas, c’est que je zappe le texte à la première lecture, nous racontons à deux l’histoire avec l’illustration. Lecture ensuite.

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    1. Je n’ai jamais procédé de la sorte mais le principe me plait beaucoup !
      En fait, vu que nous avons commencé il y a quelques années à lire avec des ouvrages muets, nous avions naturellement cette démarche. Dès lors que je suis confrontée à « des écritures » (comme dirait Monsieur Lutin), je lis sagement ^^
      J’essayerais en tout cas

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      1. Justement, je crois qu’il faut  » désacraliser  » l’écriture « , laisser vivre l’objet livre sans en faire quelque chose de précieux ( oui, oui, c’est moi qui écris ça ) parce que le plaisir du livre ne vient pas d’un objet qui impressionne mais que l’on aime. Et puis, je crois aussi qu’il est important de donner toute sa place à l’illustration dans l’album, elle ne vient pas après le texte, album pour lecteur comme pour le non lecteur, c’est plus souvent le texte qui accompagne, ce qui n’enlève rien à sa qualité.
        ( emmyne en mode passionnée du sujet -)

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        1. J’adore quand tu es passionnée !
          Ton regard est intéressant et je m’en délecte. C’est vrai que ton dernier commentaire m’avait forcé à me questionner sur mon propre rapport à la lecture et à la manière dont je pouvais le transmettre. Sur cette expérience de lecture (ainsi que sur la suivante en partenariat avec cet éditeur), j’ai réellement savouré le fait que mon fils bouscule mes idées préconçues et marque un positionnement clair par rapport à l’objet. Cette attitude est vraiment nouvelle, c’est un cap qu’il franchit logiquement mais je trouve ça très enrichissant pour lui et pour moi.
          J’ai « testé » ce dont on parlait la dernière fois puisque je lui ais acheté hier un nouvel album. En fait, il fait cette première lecture spontanément, décode les visuels, les expressions, les jeux de couleurs… Je ne lui laissais peut-être pas, jusqu’à présent, la possibilité de s’imprégner et de mettre en mots ses premières impressions. On a passé un très bon moment, une bonne mise en bouche du moment de lecture qui a suivi 😉

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  6. J’aime beaucoup les dessins 🙂 Mais j’ai toujours beaucoup de mal à faire des billets sur ce genre d’albums car je les lis en tant qu’adulte et que je n’ai pas de retour (ou de possibilité de test) du public cible … forcément, je ne sais jamais pour quel âge ils sont plus appropriés 😉

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    1. Je te comprends. Sans ce partenariat, je n’aurais pas abordé cette lecture sur mon blog. Après, cela m’oblige à revoir la forme de mes écrits et en cela, c’est intéressant. Par contre, si je n’avais pas intégré les avis de mes loustics, mon avis aurait certainement été assez succinct ^^

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