Emma va mal. Les trois mois d’arrêt maladie n’y ont rien fait. Elle reprend le travail à contre cœur, dort sur son bureau. Incapable de se concentrer, incapable de faire la part des choses et de faire taire la douleur qui gronde en elle…
Sa petite fille n’est plus, morte ou disparue ? Emma ne sait plus ce qui est réel et ce qui ne l’est pas… si bien que ses rêves l’envahissent.
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J’ai abordé cet album comme le pendant des Enfants pâles dont je vous parlais avant-hier. Il y était question d’enfants assassinés par leurs parents. Grâce à ces meurtres, les adultes imaginaient soustraire leurs « petits » aux pires maux de la société (crise, famine, maladie, misère).
La Gröcha aborde le même sujet mais traité cette fois sous l’angle des adultes. La société est en crise en raison d’une épidémie foudroyante et mortelle. Les modes de contagions ne sont pas explicites, ce qui a tendance à rajouter de l’angoisse à l’angoisse (se transmet-elle par contact physique ? sexuel ? est-ce un virus ?…). Peggy Adam développe un scénario catastrophe où les autorités sanitaires semblent dépassées par la propagation alarmante de la maladie. L’auteur a installé l’Armée aux portes des villes afin de contrôler les allées-venues des populations. « Papiers sanitaires et carte d’identité ! » martèlent les soldats.
Les éléments narratifs, tels qu’ils sont introduits, maintiennent une tension et forcent le lecteur à rester sur le qui-vive. De même, l’incertitude qui plane autour de la fillette et les rêves de l’héroïne (on a du mal à percevoir s’ils relèvent du cauchemar ou de la prémonition) confortent ce ressenti. Enfin, le spectacle d’un couple à la dérive tente d’ancrer le lecteur dans une forme de réalité. La souffrance de ces personnages permet effectivement une forme d’identification.
J’ai apprécié cette intrigue mais l’absence de transitions entre les scènes décrites ôte tout fluidité à la lecture. Parfois, la compréhension de l’histoire m’a échappé. On avance par à-coups, on revient en arrière afin de vérifier que l’on n’aurait pas sauté une page…
D’un point de vue graphique, le trait est imprécis et maladroit. Pourtant, dans Luchadoras, le côté brut des dessins servait les propos. Ici, s’il renforce effectivement le sentiment d’insécurité déjà prégnant dans la narration, j’ai trouvé que l’angoisse était sur-jouée. Les lavis habillent les illustrations mais n’atténuent pas ce ressenti. Les magnifiques paysages des Alpes et les quelques répliques (pourtant chantantes) en romanche ne soulagent pas cette atmosphère oppressante.
Des temps de pauses sont pourtant présents. En recourant à des bouffées oniriques, Peggy Adam marque régulièrement des ruptures dans le développement de son scénario. En effet, elle intercale de brefs passages illustrés où les dessins sont léchés, les doux dégradés de gris permettent à la lumière de diffuser harmonieusement ses variations et où le temps semble suspendu dans un monde totalement silencieux. Je me suis longuement attardée sur ces planches pour tirer le maximum de bénéfices de ces temps de respirations qui aèrent le récit. Mais on manque malgré tout d’une vision d’ensemble de la situation qui permettrait de mieux appréhender les tenants et les aboutissants de cette vision cauchemardesque.
Une lecture que je partage avec Mango à l’occasion de ce mercredi BD
Allez découvrir les lectures des autres lecteurs !
Le dénouement de l’album laisse le lecteur seul face à ses propres projections, libre quant à la conclusion à donner bien que son état d’esprit l’influencera fortement – je pense – dans l’orientation qu’il donnera à son imaginaire. Etrange album qui souhaite sensibiliser son lectorat sur les questions de santé publique. Pourtant, sa portée est ténue. En tant que lectrice, j’ai trouvé que l’ambiance angoissante développée dans l’album étouffait trop les propos de l’auteur… le message de sensibilisation passe au second plan.
Une découverte faite dans le cadre de La Voie des Indépendants, en partenariat avec Les Editions Atrabile.
Les chroniques : OliV, Planete BD.
La Gröcha
One shot
Editeur : Atrabile
Collection : Bile blanche
Dessinateur / Scénariste : Peggy ADAM
Dépôt légal : août 2012
ISBN : 978-2-940329-73-1
Bulles bulles bulles…
j ai eu beaucoup de mal avec cet album, je n’ai pas tout compris parfois, entre rêve et réalité, je n’ai pas toujours su identifier les scénes, d ailleurs mes collégues aussi, ce qui me conforte, et pourtant cet album avait un bon début, plutot interessant, la fin est tout autre….
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L’album démarre bien effectivement. Je n’ai pas fait référence aux « Enfants pales » pour rien. Lire l’ouvrage m’avait couté et je pense que j’attendais un peu plus de celui-ci. Peut-être un mauvais timing aussi bien que le parallèle entre les deux albums soit intéressant
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Humm… J’ai un peu de mal avec les albums au fil narratif parfois flou. Pas sûre d’accrocher avec celui-ci !
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OliV l’avait accueilli complètement différemment la semaine dernière… Je ne sais pas mais en tout cas, me concernant, ce style d’écriture ne m’interpelle pas (mais par contre, il oppresse à souhait ^^)
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comment ça j’oppresse à souhait ^^ !
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😆
Allons allons M’sieur. J’ai relu ta chronique après avoir fait la mienne, j’ai repris l’album pour comprendre ce qui m’avait échappé mais malheureusement… il m’échappe encore ^^ Je suis passée complètement à côté. En revanche, j’avais bien aimé Luchadoras
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Dessin maladroit + difficulté de compréhension, il ne reste pas grand chose à sauver de cet album ! Tu viens d’enchainer deux titres peu enthousiasmant à la suite, j’espère que tu vas bientôt trouver un album qui te convienne davantage.
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j’irai pas jusqu’à dire dessin maladroit … pour difficulté de compréhension, ok, j’accorde !
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Moi j’assume « dessin maladroit »… on a vu plus de finesse et de sensibilité dans d’autres albums. Et pour rester uniquement dans celui-ci, il n’y a qu’à voir la différence entre les parties réalistes et les parties oniriques 😉
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Et le problème, c’est que je vis une loi des séries ^^ J’ai lu « Auschwitz » de Croci et j’ai cru qu’il allait me tomber des mains. Heureusement, je me suis rattrapée sur la partie bonus. Mais du coup, je pense que je vais faire l’impasse sur ma publication de demain… j’ai perdu l’envie d’écrire avec tout ça !!
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Je commençais à me demander si c’était bien la même BD qu’avait présentée OliV, vous en parlez effectivement de façon très différente. Je reste encore dubitative. Si jamais il se fait un chemin jusqu’à la médiathèque je le tenterai quand même je pense.
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c’est une lecture qui touchera les cordes de la sensibilité et comme celles ci sont differentes en fonction de chacun, l’approche de cette bd sera encore différente pour toi, Natiora !
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A tenter de toute façon, et ton accueil sera encore différent des nôtres 😉
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Très étrange effectivement… et puis je ne sais pas, elle me met mal à l’aise cette histoire. Pas sûre que ce soit pour moi ça…
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Je ne sais pas Noukette, je ne saurais pas te dire. Il y a des albums qu’on conseille avec confiance et d’autres pour lesquels on laisse les copains se faire leur propre idée… sans trop de mouiller 😛 Je mets « La Gröcha » dans la seconde catégorie bien sûr 😛 (et je fais le clown au passage car cette lecture m’a miné le moral ^^)
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Je ne pense pas que j’aimerais cette BD si elle est difficile à comprendre. Après celle que je présente cette semaine, « L’orchidée noire » qui m’a tant déçue j’en voudrais une plus abordable.
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Je ne sais pas si tu aimeras cet album Mango. C’est tout à fait le genre d’ouvrage pour lequel « ça passe ou ça casse ».
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Je n’aime pas quand on ne comprend pas explicitement ce qui se passe. Donc je passe.
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Mon ressenti est tout de même assez personnel. Comparé à celui d’OliV, je pense que tu as là un large aperçu de l’accueil que l’on peut réserver à cet album 😉
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