La fin du vandalisme (Drury)

Drury © Cambourakis – 2013
Drury © Cambourakis – 2013

Scènes de vies quotidiennes en pleine campagne américaine, dans un Comté du Midwest.

On accompagne Dan Norman (shérif du Comté de Grouse) dans la gestion des affaires courantes : une enquête pour appréhender le responsable de la disparition d’engins agricoles, retrouver la mère du petit Quinn (ce nourrisson abandonné dans un caddie de la supérette Hy-Vee de Margo), encadrer les travaux d’intérêt public d’Albert (fils d’un fermier du Comté qui a vandalisé le château d’eau)…

On rencontre également Louise au moment où elle décide de rompre avec Tiny (délinquant notoire). Nous allons découvrir comment cette femme reconstruit sa vie après son divorce.

La fin du vandalisme est un récit choral de Tom Drury. Ce roman d’environ 360 pages fait intervenir pas loin de 70 personnages différents. Le couple de personnages principaux (Dan et Louise) est initialement utilisé pour permettre d’accueillir chaque nouveau protagoniste. Passé le premier tiers de l’album, ce n’est plus le cas. En effet, le lecteur se repère dans ce microcosme et l’arrivée de tel ou tel se fait naturellement.

De fait, il faut un bon moment avant d’entrer dans l’histoire qui, au vu de la multiplicité des intervenants, peut sembler décousue. Car si l’intrigue se construit ressentiment autour de la présence de Dan et Louise, le lecteur devra repérer les noms des personnages secondaires ainsi que les noms des villes du Comté : Margo, Boris, Grafton, Mixerton… Nous sommes effectivement et régulièrement amenés à suivre Dan dans ses déplacements professionnels ou à être pris dans les allées-venues de Louise.

Il m’a donc fallu du temps avant de pouvoir investir les uns et les autres et me sentir à l’aise dans cet univers. Cependant, les ramifications entre les personnages sont permanentes ; on croise chaque individu régulièrement et dans différents contextes ce qui permet de s’approprier chacun d’entre eux assez facilement.

La fin du vandalisme développe des scènes de vie du quotidien. Il y a peu d’action, le rythme du récit est assez constant avec quelques rares passages où l’on est saisit par la tension du moment ; dans ces instants, on ressent de l’inquiétude pour le personnage. Je pense notamment à ce passage où l’on se trouve avec Louise dans sa ferme isolée ; la jeune femme vit seule et, par une nuit d’hiver, elle aperçoit quatre hommes qui se dirigent prestement vers sa maison… Je me rappelle aussi de ce passage où, à la suite d’un appel anonyme très avare en informations, Dan mène tambours battants une recherche pour retrouver un nourrisson abandonné dans un caddie d’un des supermarchés de la région.

J’ai apprécié cet ouvrage qui n’a pas été sans me rappeler Essex County et ce pour plusieurs raisons : les deux histoires se déroulent dans le Midwest, ce sont deux récits chorals, deux scénarios presque dépourvus de scènes d’action et deux univers dans lesquels le lecteur met du temps à entrer et à se repérer. Les pièces du puzzle narratif trouvent lentement leur place mais avec une fluidité étonnante. Finalement, l’atmosphère qui plane sur ces fiction nous permettent de nous sentir à l’aise. La fin du vandalisme est le premier tome d’une trilogie que j’ai très envie de poursuivre. Les deux autres tomes (Hunt in dreams et Pacific) ne sont pas encore traduits en français.

PictoOKAvec beaucoup de subtilité et un humour pince-sans-rire, Tom Drury nous permet d’explorer un univers réaliste. Son écriture est descriptive et contient de nombreux détails qui permettront au lecteur de matérialiser les personnages aussi bien que leur environnement (couleurs, emplacement des objets, sons, formes…). Le lecteur devra pourtant faire preuve de patience pour s’approprier cet univers et y trouver sa place. Une bonne cinquantaine de pages sont nécessaires pour se situer face à la déferlante de personnages que l’auteur installe. Pourtant, au bout du compte, cette lecture s’avère très agréable et assez prenante.

Un ouvrage lu dans le cadre de La Voie des Indépendants, un événement organisé par Liblfy et Mediapart, en collaboration avec l’éditeur.

La voie des Indépendants 2013
La voie des Indépendants 2013

« Au fil des déplacements de Dan et Louise apparaît une singulière tapisserie de relations entre quelques soixante-dix protagonistes. Par des dialogues et des descriptions tantôt ironiques, tantôt absurdes, précis et poétique, Tom Drury rend ces personnages tous plus attachants et pittoresques. Il entrelace les fils narratifs de manière virtuose, excelle à faire jaillir le sens – souvent comique – des plus infimes détails, laisse les conversations s’étirer… Tom Drury est drôle sans jamais être sarcastique ou cynique : cet humour et cette bienveillance accompagne ses personnages (…) » (extrait du dossier de presse).

La chronique de Ted sur le site Un dernier Livre avant la fin du monde ainsi que la chronique du site Unwalkers et de Première. D’autres chroniques en consultant l’article dédié à l’album sur le site de La voie des Indépendants.

La fin du vandalisme

Roman traduit de l’américain par Nicolas Richard

Editeur : Cambourakis

Collection : Literature

Auteur : Tom DRURY

Dépôt légal : août 2013

ISBN : 978-2-36624-051-1

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

7 réflexions sur « La fin du vandalisme (Drury) »

    1. Merci à vous. J’ai eu beaucoup de plaisir à vous lire également. En tout cas, Drury est un auteur que je découvre et cette lecture m’a donné envie de connaître la suite ! ^^ J’ai vu que « La contrée immobile » était également disponible chez cet éditeur. Je vais me laisser tenter 🙂

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  1. Bon je vais le lire puisqu’il est dans ma pal mais je suis déjà dans un roman choral un peu décousu avec moult personnages et je me dis que je vais attendre un peu avant de me lancer…

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    1. La présentation de l’éditeur m’avait intriguée en tout cas. Je trouve qu’elle sert bien l’ouvrage, ce qui n’est pas toujours le cas (combien de fois je me suis faite avoir par un quatrième de couverture mensonger !) ^^

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