J’ai tué Adolf Hitler (Jason)

J'ai tué Adolf Hitler
Jason © Carabas – 2006

Jason construit réellement des BD atypiques. Celle-ci ne déroge pas à la règle. L’auteur nous propose cette fois un voyage teint d’uchronie et de science-fiction sur trame de thriller… le tout baignant en plein monde anthropomorphique. Quel programme !

Imaginez un monde où les armes à feu sont très répandues, les gens se font liquider en pleine rue, de jour comme de nuit. Le personnage principal est un tueur à gages d’une trentaine ou d’une quarantaine d’années, peu importe son âge à vrai dire. Dans son bureau, se succède une foule de gens demandant pour des raisons loufoques, la mort d’un proche, d’un ami, d’un collègue. Mari trompé, fillette jalouse de son frère, collègue vexé… Tous estiment que la réparation du préjudice moral, matériel ou financier qu’ils ont essuyé ne peut être résolue que par la disparition de la personne incriminée. Un jour, un homme entre et lui demande de tuer Adolf Hilter… le héros va devoir remonter le temps.

Les quelques lectures de Jason m’avaient laissé un goût amer en bouche. J’en ressortais généralement sans aucune certitude sur la bonne/mauvaise compréhension que j’avais pu en avoir, me laissant mi-figue mi-raisin quant à la possibilité de lire de nouveau cet auteur. C’est donc assez réfractaire, mais soucieuse de ne pas  rester sur un  a priori à l’égard de cet auteur, que je me suis procuré J’ai tué Adolf Hitler.

Univers intrigant, personnages mélancoliques, et toujours ce trait minimaliste de Jason qui fait ressortir la tension, les sentiments et les émotions. L’uchronie n’est pas l’élément centrale du récit. Ce dernier s’en nourrit pour avancer et nous surprendre.

Je ne sais pas quelle est la part de responsabilité à attribuer à la colorisation (réalisée par Hubert), mais je suis très facilement entrée dans cette lecture. A l’aide de teintes assez vives, Hubert a campé une atmosphère agréable voire conviviale, malgré l’étrangeté du récit. Exit donc les ambiances oppressantes et angoissantes du Char de Fer et de Mauvais Chemin… bonjour convivialité et plaisir de lecture. D’autant que pour une fois, le récit de Jason ne m’a pas laissé sur le seuil de la porte à attendre vainement une opportunité d’entrer. Pourtant, il y aurait eu matière puisqu’un illogisme majeur est présent dans le scénario. Volontaire ou non ? On lui reconnaîtra l’avantage de permettre à l’intrigue de ne pas être surchargée de quiproquos inutiles. Acceptons la particularité des univers imprévisibles de Jason, où rien n’est fait selon les repères conventionnels auxquels nous sommes habitués. Acceptions-le d’autant que cet illogisme ne vient pas freiner la compréhension de l’intrigue.

Un album qui m’avait permis d’échanger avec Catherine (ici) et David (). Il intègre donc de ce pas les albums que je découvre dans le cadre du challenge PAL sèches.

PictoOKParticuliers, atypiques, étranges… les albums de Jason se suivent sur ce diapason mais ne se ressemblent pas.  Voici un auteur qui a un rapport particulier à la mort, une fascination qu’il ne rend pas toujours accessible à son lecteur mais, pour la première fois, je l’ai lu sans avoir eu l’impression de m’être égarée dans un jardin secret qui n’est pas le mien. Terrible morale qu’il offre ici sur la vie, les remords, les regrets… mais était-ce bien ce qu’il y avait à comprendre ??

L’album a obtenu l’Eisner Award du Meilleur album en 2008.

Je vous propose un lien vers l’avis de Catherine.

J’ai tué Adolf Hitler

Roaarrr ChallengeOne Shot

Éditeur : Carabas

Dessinateur / Scénariste : JASON

Dépôt légal : octobre 2006

ISBN : 2-351-00178-8

Bulles bulles bulles…

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J’ai tué Adolf Hitler – Jason © Carabas – 2006

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

10 réflexions sur « J’ai tué Adolf Hitler (Jason) »

  1. Oui, clairement mon album de Jason préféré. C’est à la fois très sobre et très ingénieux. Content de voir que tu as réussi à pénétrer dans son univers 🙂

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    1. oui, mon album préféré pour le moment. Je viens de finir Low Moon et je fais marche arrière.
      Il y a quand même pas mal d’incohérences dans J’ai tué Adolf Hitler, à commencer quand « il » revient… « elle » n’est pas censée le reconnaitre me semble. Enfin, le raccourci que Jason a pris évite des détours je crois, c’est pas plus mal. Il va droit au but

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    1. de violence : sans plus, de morts : oui, de sang : non ^^ Beaucoup de choses sont suggérées, un univers particulier mais des albums que j’ai pu lire de Jason, c’est le plus abordable.

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