Le temps des siestes (Beaulieu)

Le Temps des siestes
Beaulieu © Les Impressions Nouvelles – 2012

Le temps des siestes est un recueil d’illustrations réalisées entre 1995 et 2012  ; il semble être l’occasion propice pour l’auteur de faire le bilan de son parcours et regarder avec un œil neuf – et peut-être plus mature – le chemin artistique et professionnel qu’il a emprunté. Du moins, c’est ce que j’ai ressenti en lisant la préface de Jimmy Beaulieu. Avec spontanéité, humilité et humour, il livre à cœur ouvert les moments-clé de sa carrière ; une belle occasion pour le lecteur de ressentir toute l’humanité de cet artiste :

« Je dirai seulement qu’il est question d’expression, d’apaisement et de fascination. Et progresser entre ces balises m’occupera certainement jusqu’à ce qu’on m’enterre »

Les dessins retenus pour cet ouvrage ont été sélectionnés dans les multiples carnets de croquis de l’auteur, carnets avec lesquels il nourrit une relation particulière : « Je les ai toujours considérés comme ma production principale. Les bandes dessinées que j’en tire en étant quasiment des produits dérivés, c’est dans les carnets que se trouvent les vraies étincelles » (la fiche éditeur propose l’intégralité de la préface).

Effectivement, on capte, au détour de nombreuses illustrations, la richesse et le sel de ces moments durant lesquels se font et se défont des relations amoureuses. Déception, passion, pulsion, incompréhension… ces « instantanés » sont autant de petites cartes postales qui parlent de Sexe et de sentiments. Ce recueil est un Artbook dont chaque page complète le thème si universel qu’est celui de l’amour : portraits d’individus, scènes de vie et de ménage, Jimmy Beaulieu les croque sans restriction et sans fausse pudeur.

Dans ce recueil, le lecteur observe des femmes dans leurs ébats sexuels et/ou sensuels. C’est comme si chaque page complétait peu à peu une sorte d’album photos sur la richesse des relations homosexuelles. Quelques rares apparitions de la gente masculine donnent un caractère furtif aux relations hétérosexuelles. Ainsi, traitées d’égales à égales, ces femmes semblent trouver là un espace relationnel dans lequel elles vivent pleinement leur sexualité, sans tabous inutiles. On imagine aussi les différentes sources d’inspiration possibles de Jimmy Beaulieu : les confidences qu’on lui a faites, les scènes observées furtivement dans les lieux publics ou privés, sa propre expérience affective ou ses fantasmes. Quoiqu’il en soit, j’ai ressenti son souhait de retranscrire au plus juste une sensation, un frisson, une frustration ou l’état de torpeur qui peut suivre l’annonce d’une séparation…

« Si tu m’aimais vraiment… ».

Pour créer cette galerie de sensations : des croquis à l’état brut, des aquarelles, des illustrations travaillées puis colorisées à la palette graphique, des portraits ou des scènes de la vie courante. En noir et blanc, en quadrichromie, le large panel de couleurs employé ici véhicule chaque émotion. Mais comment les lecteurs se saisiront-ils de ce recueil ? Bien que sortie de son contexte, j’utilise la légende de l’illustration en page 25 pour conclure cet avis :

« Impossible d’anticiper ce que les autres en feront ».

PictoOKDu reproche au plaisir, du désaccord à la passion, Jimmy Beaulieu aborde ici les questions des relations de couples et celle des sentiments.

Un ouvrage touchant et érotique – à ranger aux côtés de Une par une (réalisé par Johanna et édité chez La Boîte à bulles) – même si l’on reste parfois sur une touche d’amertume puisque chaque personnage n’apparait que de façon éphémère, donnant ainsi l’impression de les survoler. Cependant, si les visuels intérieurs que je vous présente en fin d’article vous séduisent, et si vous êtes plutôt amateurs de récits complets, je vous invite à découvrir Comédie Sentimentale pornographique.

D’autres lecteurs parlent du Temps des siestes. Je vous propose également de découvrir les chroniques de Lunch, ChocolatCannelle, Magazine Têtu et Hop BD.

Extraits :

« La droite est une grande tricheuse. Elle séduit son électorat en flattant ses pires aspects : son égoïsme, sa peur, son avidité, sa petitesse, sa pensée à court terme. Il est clairement plus facile de gagner quand on joue avec ses cartes, surtout quand on ose dire qu’on a Dieu de notre bord. La classe moyenne va se presser aux urnes pour défendre ces politiques monstrueuses même si elle en est la principale victime. Quand la gauche nous demande de nous mobiliser selon des principes de compassion, de solidarité et de pensée à long terme, on critique toujours qu’ils ne sont pas assez à gauche, trop à gauche, pas assez souverainiste, machin-truc-chose…. Et on laisse les odieux gagner (Le temps des siestes).

« Ce qu’on appelle l’intelligence, c’est surtout la capacité de l’exhiber (Le temps des siestes).

« A la fermeture du bar, je l’ai ramenée chez elle dans l’espoir d’accéder à ses muqueuses. Mais une fois à destination, sur la banquette du passager, elle s’est mise à délirer sur l’état du monde et la laideur des âmes. Ce qui m’a empêché de surmonter ma timidité pour passer à l’attaque. Pas tant à cause de ses opinions, de son désespoir ou de son hystérie, qui n’avaient rien pour me déplaire, mais de sa condescendance » (Le temps des siestes).

« S’il y a une chose qui peut me faire croire au soleil, aux sandales ou aux glissades d’eau, c’est bien toi » (Le temps des siestes).

Je remercie Les Impressions Nouvelles pour ce partenariat.

Le temps des siestes

Challenge Petit Bac
Catégorie Loisir

Éditeur : Les Impressions Nouvelles

Collection : Traverses

Dessinateur / Auteur : Jimmy BEAULIEU

Dépôt légal : mai 2012-07-04

ISBN : 978-2-87449-144-3

Bulles bulles bulles…

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Le temps des siestes – Beaulieu © Les Impressions Nouvelles – 2012

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

18 réflexions sur « Le temps des siestes (Beaulieu) »

  1. Pas du tout fan des artbooks en général, je ne pense pas que celui-ci me fasse changer d’avis. Par contre Comédie sentilentale pornographique m’avait beaucoup tenté au moment de sa sortie.

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    1. J’étais sortie enchantée de la lecture de « Comédie sentimentale… ». Si j’ai déjà oublié la plupart des détails du récit, je me rappelle encore l’ambiance qui plane dans cet album. Un bon souvenir de lecture, c’est indéniable

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  2. C’est pas possible, tu lis dans mes pensées ou quoi ??!!!!
    Chronique prévue lundi chez moi 🙂
    On va commencer à croire que je copie sur toi !

    Sinon très belle chronique, tu rends bien la sensation de lecture je trouve.

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    1. J’ai ramassé un de tes cheveux pendant Angoulême et je l’ai mis sur une poupée vaudou. Du coup non, je ne lis pas dans tes pensées… je fais en sorte que tu recules tes dates de publication pour que ça me laisse le temps d’écrire mes articles. Hi hi… ahem…
      Merci pour les retours M’sieur. A demain donc, pour lire ton article 😉

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    1. Dis-moi… vu d’ici, elle semble volumineuse ta PAL !! Simple curiosité : combien de livres (romans, BD tout confondu) contient-elle ??

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      1. Je n’ai jamais compté. Je ne veux pas savoir, ça me fait peur! A vue de nez, je dirais 300-400. Mais, à défaut de la faire maigrir, j’arrive au moins à la maintenir à un niveau à peu près constant depuis plusieurs années. Ce qui m’inquiète, c’est ma LAL qui, elle, ne fait que grossir.

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