Love in vain (Dupont & Mezzo)

Dupont – Mezzo © Glénat - 2014
Dupont – Mezzo © Glénat – 2014

Cet ouvrage retrace la vie de Robert Johnson, « légende du blues » dont la vie fut courte puisqu’il fut emporté par une pneumonie à l’âge de 27 ans et après avoir mené une vie chaotique.

« Pauvre Robert, ton destin tragique, tous les apôtres de la vertu doivent le trouver mérité. Mais avant de te juger, il faudrait qu’ils sachent pourquoi tu as choisi le camp des impies et pourquoi tu as brûlé ta vie. C’est ce que je vais vous raconter… ».

C’est par l’intermédiaire d’une voix-off chaude et profonde que le lecteur découvre la vie de Robert Johnson. La narration débute à son plus jeune âge et explique rapidement dans quel contexte familial il a vu le jour, un de ceux que l’on n’envie à personne. Une mère dans l’impasse, un père qui les abandonne très tôt pour aller tenter sa chance ailleurs que dans les plantations où sont encore exploités les travailleurs noirs. On est en 1911.

Robert est élevé par sa mère qui sera ensuite épaulée par un nouveau compagnon avec lequel l’enfant ne s’entend pas. Et malgré la force des choses, malgré le fait que sa mère les abandonne, lui et sa sœur, au bon vouloir de cet homme, rien n’y fait. Il ne s’accorde pas avec cette nouvelle autorité. Dès lors, Robert prend l’habitude de fuir le quotidien dans la musique. En dehors de l’harmonica qu’il a obtenu on ne sait où, Robert fait sortir ses mélodies sur tout ce qui lui tombe sous la main ; ainsi, de vieilles chutes de fil de fer tendues à la va-vite sur la palissade en bois de la grange seront un premier exutoire. Les mauvaises langues commencent dès lors à se délier et fustigent cette musique du diable à laquelle il donne vie.

Le blues.

Le scénario de Jean-Michel Dupont ne nous laisse pas d’autre choix que celui de poser nos pas dans ceux de Robert Johnson. Compagnon silencieux et attentif, le lecteur observe avec intérêt le parcours atypique de cet homme solitaire, écorché et dont la souffrance est perceptible à chacun de ses gestes. Les abandons de sa jeunesse, le veuvage qui le fauche dans son élan vital alors qu’il n’a que 19 ans. L’auteur déplie ensuite comment Johnson s’est agrippé à la musique, armé d’une oreille musicale et d’une agilité lui permettant d’arracher à sa guitare les mélodies, exhumant ses plaintes et sa souffrance. Un artiste qui s’est très souvent perdu dans l’alcool et a tenté de panser ses plaies dans le lit des femmes de passage.

Au dessin, Mezzo dont nous sommes nombreux à avoir apprécié son travail sur « Le Roi des Mouches ». le blanc vient apporter un peu de lumière sur cette ambiance graphique où le noir règne en maître. Noir comme la couleur de peau de Robert Johnson, comme la crasse qui colle à ses nippes d’enfant, comme l’ambiance un peu glauque de certains bouges dans lesquels le bluesman échoue. De son Mississippi natal au Texas, Robert Johnson a navigué dans toute la partie sud-est des Etats-Unis et colporté son blues rythmé par des émotions brutes. Le trait de Mezzo appuie là où ça fait mal. Le charisme de Johnson nous saute à la gueule et nous prend aux tripes. Il y a quelque chose de vivant qui sort de ce graphisme, quelque chose capable de nous faire entendre les mélodies de Johnson et le timbre de voix de l’artiste.

PictoOKRobert Johnson est un artiste doué et talentueux, influencé par les superstitions et la culture vaudou, qui tente de s’extraire vainement de la déveine qui le suit comme son ombre. Très bel hommage que lui rendent Jean-Michel Dupont et Mezzo. Dès le début de la lecture, l’ambiance graphique cueille le lecteur. Chaude, humide, suave, la musicalité qu’elle contient nous emmène bien au-delà des rives du Mississippi. A lire également l’interview des auteurs publiée sur le site de l’éditeur.

Les chroniques : Jérôme, Marion et Little Daisy.

la-bd-de-la-semaine-150x150Aujourd’hui, nous sommes mercredi. Je suis allée poser ma chaise parmi le cercle de lecteurs réunis chez Stephie. Chacun avait amené sa BD. Allez-y faire un tour 😉 =>

Un ouvrage découvert dans le cadre de l’opération « La BD fait son Festival » menée par Price Minister. Pour l’occasion, je dois attribuer une note à cette œuvre : 15/20.

BdFaitSonFestival2015

Love in vain

Roaarrr Challenge
Roaarrr Challenge

One shot

Editeur : Glénat

Dessinateur : MEZZO

Scénariste : Jean-Michel DUPONT

Dépôt légal : septembre 2014

ISBN : 978-2-344-00339-8

Bulles bulles bulles…

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Love in vain – Dupont – Mezzo © Glénat – 2014

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

25 réflexions sur « Love in vain (Dupont & Mezzo) »

    1. Je sais, j’en ai parlé il y a pas longtemps avec MaNouketteAdorée (tu as vu, on a une pointe d’accent dans la manière de dire son nom 😛 😀 ). J’attends vos chroniques Mesdames 😉

      J’aime

  1. Je suis dingue de cet album parce que je suis un fan absolu de Robert Johnson et de son histoire depuis 25 ans, mais pas que. Il y a ici une esthétique assez incroyable, une profondeur dingue dans chaque case. Et puis ce noir et blanc, quoi ! Il est juste à tomber par terre, non ?

    Aimé par 1 personne

    1. Alors oui pour tout, et notamment ce que tu dis au sujet de l’ambiance graphique. Par contre, Johnson, je le connais mais moins bien que toi. Je l’écoute ponctuellement. J’apprécie, mais je ne suis pas raide dingue 🙂
      De mon côté, c’est plutôt la voix-off qui m’a hypnotisée. Dès la première case j’ai ressenti ses vibrations. Happé j’étais, happé je suis restée. Impossible pour moi de lâcher ce livre une fois la lecture commencée.

      J’aime

  2. D’accord pour tout ça « Mo’Chéwie », on en parle tout bientôt avec « MaMokaAMoi » et je pense qu’on sera à peu près sur la même longueur d’onde. ce qui en soi n’est absolument pas étonnant ! 😉

    J’aime

    1. 😀 Je vais redire la même chose qu’à Moka : j’attends vos chroniques les filles ! Bon, on a déjà un peu parlé de l’album toutes les deux, donc je connais les grandes lignes de ce que tu en as pensé. Mais quand même… un article !! 🙂

      J’aime

  3. Il a l’air très beau cet album. Alors moi, je me sens inculte car je ne connais pas du tout ce monde-là.

    J’aime

    1. Un album que j’ai réellement apprécié, plutôt qu’un indispensable. Ce n’est pas un coup de cœur. Je sais qu’on joue sur les mots mais en cas d’incendie, ce n’est pas un de ceux auxquels je penserais à sortir en priorité.
      Une bande son ? Ma foi, je l’ai mise durant la lecture. Fallait-il que je la remette ici ?

      J’aime

    1. Mais avec grand plaisir pour le lien ! 😉
      Je n’ai rien partagé avec les auteurs. Ce n’est pas dans mon habitude. A tort peut-être, mais je me dis que les auteurs qui souhaitent savoir ce que les lecteurs ont mis en ligne ont les moyens de le faire (avec internet notamment en créant une alerte G**gle par exemple). Je n’ose pas aller m’incruster dans leurs boites mails car j’imagine qu’ils croulent déjà suffisamment sous les courriers électroniques et je ne vois pas ce que le mien pourrait apporter. Je ne sais pas si mon positionnement est pertinent, je n’ai jamais pris le temps d’échanger sur cette question (ni avec les auteurs, ni avec les blogolecteurs…)

      J’aime

      1. Et bien je ne sais pas, ce n’est pas toujours le cas mais certains auteurs semblent vraiment touchés. Et je ne leurs envoie pas de mail, c’est vrai que quand il passe à la librairie, je leur touche deux mots et on en discute un peu.

        J’aime

        1. Je sais qu’ils aiment avoir des retours. Vu le temps qu’ils passent pour finaliser un projet. Mais je sais qu’ils sont curieux aussi et je me dis que les auteurs qui souhaitent savoir comment leur album st accueilli se donnent les moyens de le faire. Après, je prendrais le temps de poser un peu plus la question la prochaine fois que je fais un festival 😀

          J’aime

Répondre à Mo' Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.