
Un hôpital trône en haut d’une colline. Dans la nuit, le bâtiment impose son ombre inquiétante tandis qu’aux alentours, il n’y a pas âme qui vive. C’est à peine si les animaux sauvages qui vivent dans la forêt qui entoure le domaine osent pousser leurs cris. Et les arbres déjà décharnés par l’automne n’ont, pour se défendre de l’inquiétante demeure, que leurs branches qui pointent vers le ciel et osent déposer leurs ombres tentaculaires sur le sol boueux.
A l’intérieur, tout n’est que silence. Dans les immenses pièces de « L’Hôpital royal pour femmes et enfants », des rangées de lits s’étendent à perte de vue. Des bienheureux dorment à poings fermés quand soudain, l’alerte est donnée.
Wilma, la nurse, court prévenir le directeur de l’hôpital et le docteur Mortemain. Ce dernier a déjà une idée bien précise du mal qui vient perturber le silence de la nuit.
« A minuit, comme tous les soirs ! Je vous l’avais bien dit ! Et cette fois-ci, j’ai de quoi tout enregistrer ! »
Sept enfants s’animent, somnambules, et lentement, rejoignent le toit de la bâtisse pour y réaliser une danse rituelle. De leur bouche sort une longue complainte prononcée dans une langue étrangère.

Selon les directives du Ministère public des Affaires privées, Casimir Dupré fera équipe avec Madame d’Harcourt pour enquêter sur cette étrange affaire. Une équipe de choc, deux individus faits pour se détester. Pourtant, malgré leurs questions affutées et leur entrée en matière très professionnelle, l’équipe de l’hôpital fait bloc face à eux en refusant de leur donner les éléments dont ils ont besoin pour enquêter. Le mystère s’épaissit mais il en faudra bien plus aux agents Dupré et Harcourt pour jeter l’éponge.
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Le scénario de Pierre Boisserie s’engage à merveille. Après une courte mise en bouche nous permettant de découvrir une scène nocturne qui finit en apothéose sur le toit d’un hôpital où des enfants sont en transe (visiblement en pleine cérémonie rituelle) – spectacle qui ne manque pas d‘inquiéter fortement leur nurse et durant lequel on découvre un médecin à qui on n’a pas très envie de confier le moindre petit bobo -, le scénariste nous permet de rencontrer les deux enquêteurs missionnés pour élucider ce mystère. On comprend vite qu’on est face à un duo déjà maintes fois vus dans d’autres contextes (séries télévisées notamment) puisque nous sommes en présence de deux individus aussi différents que complémentaires. Tant leurs caractères que leurs méthodes d’investigations divergent pour autant, ils forment une équipe redoutable. Bien que compétents et visiblement très efficaces, ils ne se prennent pas au sérieux et le fait qu’ils relativisent en permanence (complexité de la situation, danger…), ils le font avec beaucoup d’humour. On entre très vite dans cette histoire et on se familiarise tout aussi vite avec ses personnages. Les événements étranges qui surviennent pimentent cette enquête. Le rythme du scénario, les piques que les enquêteurs s’envoient régulièrement et les traits de caractère des personnages secondaires viennent renforcer l’intérêt du lecteur.
Côté graphique, Nicolas BARA donne le change avec un dessin efficace, lisible, fluide. Que ce soit le choix de couleur ou la structuration des planches, il n’y a rien de disharmonieux. Notre regard lit avec avidité et détaille chaque case : les visages marquent parfaitement bien les expressions de chacun, les postures corporelles sont dessinées avec justesse, les gros plans tombent à point nommé… c’est comme si une caméra balayait en permanence la scène pour nous offrir le meilleur point de vue possible.
Je ne mâcherai pas mes mots pour dire le plaisir que j’ai eu à lire cet album. Le seul bémol vient du dénouement où les choses se précipitent trop à mon goût. La conclusion de l’affaire est sans originalité.
Alors pourquoi ce décalage alors que les auteurs avaient pris le temps d’installer chaque personnage, de bien délimiter l’intrigue, de décrire l’atmosphère des lieux et de faire monter la tension petit à petit ? J’ai passé un très bon moment mais ce sentiment cette précipitation soudaine dans la manière de traiter le dénouement me laisse la désagréable impression que le cadre éditorial devait respecter une pagination précise et… qu’il n’était pas possible d’y déroger.
Le Concile des Arbres
One shot
Editeur : Dargaud
Collection : Long Courrier
Dessinateur : Nicolas BARA
Scénariste : Pierre BOISSERIE
Dépôt légal : avril 2016
62 pages, 14,99 euros, ISBN : 978-2205-07386-7
Bulles bulles bulles…
Mise à part la fin (mais finalement la conclusion d’un livre c’est souvent le plus difficile) ton billet donne sacrément envie … je note copine ❤
pis je t'embrasse ❤
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J’ai vraiment bien aimé cette lecture. La fin (un peu trop rapide et avec une chute un peu trop « facile ») ne vient même pas grignoter le plaisir que j’ai eu à lire cette BD. Un bon moment quoi 😉
Belle journée copine 😀
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Dommage cette précipitation finale. J’y jetterai quand même un œil lorsqu’il arrivera à la médiathèque.
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Oui parce que franchement, cet album est fort sympathique 😉
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Malgré ton bémol, ça m’a l’air bien sympa tout ça ! Noté, on ne sait jamais 😉
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C’est sympa. Et puis les dessins de Bara sont vraiment très agréables. Durant la lecture, j’ai eu l’impression d’être toujours au meilleur endroit (de la pièce, de la scène…) pour profiter pleinement de l’action qui se déroule. Belle découverte koaaa 😀
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