NoBody, Saison 1 – Tome 1 (De Metter)

De Metter © Soleil Productions – 2016
De Metter © Soleil Productions – 2016

2007, état du Montana. Un flic vient de tuer son équipier. Arrivés sur place, les services constatent le meurtre… et le fait que la victime a été découpée en morceaux. Le mobile : son ancien coéquipier aurait tué sa femme.

Incarcéré et condamné à la peine de mort, l’homme a déjà fait l’objet de plusieurs expertises psychologiques lorsque se présente Beatriz Brenwan, missionnée elle aussi pour une expertise. L’homme ne cherche pas à se défendre et reconnait les faits. Depuis le début, il plaide coupable et demande à être exécuté. Cependant, l’expertise semble pouvoir se mettre en place, contrairement aux précédentes qui ont été un échec. Le courant passe entre les deux protagonistes et ce, de façon assez inexpliquée. Les personnages semblent se défier, comme si le meurtrier était curieux de savoir ce que la jeune femme a réellement dans le coffre ; de son côté, la thérapeute fait preuve d’empathie, trouve les mots au moment opportun et laisse croire qu’elle est fascinée par ce personnage mystérieux. L’enquête commence.

« Je ne suis pas fou. Je suis cent pour cent coupable »

On n’est pas sans faire le parallèle avec la série « True Detective ». Mais plus encore, il me semble que l’on tombe dans un univers proche du « Silence des Agneaux ». Un face à face tendu entre un psychopathe et une novice mandatée pour le bien de l’enquête. Christian De Metter semble utiliser les mêmes ficelles du thriller. Ce premier tome retranscrit le contenu d’une seule rencontre qui marque le début d’une relation entre soignant et analysé ou plutôt, l’initiation d’un novice par son maître. Car outre le fait que cet homme a tué un autre homme pour des raisons qui nous sont encore obscures, l’ambiance de cet album incite le lecteur à scruter chaque case, à décortiquer chaque expression de visage. On fantasme, on découvre son parcours peu commun. C’est adolescent banal et ordinaire jusqu’à ce que son frère soit tué pendant la guerre du Vietnam. A partir de là, il s’enfonce dans la délinquance. Mais la petite canaille qu’il est prend peur lorsqu’un de ses braquages tourne au tragique ; l’une de ses victimes décède suite à une crise cardiaque, du moins c’est ce que l’on suppose. Il prend peur et les agents du F.B.I. utilisent cette peur pour le recruter, promettant d’effacer ses délits s’il coopère. Malgré lui, le jeune homme est embarqué dans une enquête qui le dépasse. Elle se conclut tragiquement et si le personnage anonyme avait déjà commencé à changer sa perception des choses, la manière dont il a été impliqué dans cette enquête marque un tournant décisif dans ses prises de décision et dans son comportement. Sa vie bascule à ce moment-là. Il a 18 ans.

No body, tome 1 – De Metter © Soleil Productions – 2016
No body, tome 1 – De Metter © Soleil Productions – 2016

La fiction se mélange à des faits historiques avérés et accentue la force d’attraction qui se dégage de l’album.  La fascination que le personnage opère sur le lecteur est immédiate. Dès la première page, on marque un temps d’arrêt. On l’observe. On remarque sa superbe, son charisme, son calme. Il a une gueule, on sent l’homme déterminé et instinctivement, on se méfie de sa force. Le couleurs sombres utilisées par l’illustrateur, les gros plans réalisés sur un détail du corps du suspect, la vue de ses tatouages, de l’étincelle qui jaillit de son regard vif (pervers ?), le fait que le dessinateur s’affranchisse régulièrement du cadre habituel de la case… sont autant d’éléments qui nous mettent en alerte, on reste sur le qui-vive sachant que tout ici peut voler en éclat à n’importe quel moment. Pour se construire, le scénario se sert de la personnalité morbide du meurtrier. On sent que l’homme diffuse des gouttes de son venin invisible dans l’air. On le sait imprévisible et dangereux mais en revanche, on se laisse bercer par l’idée d’un repentir… par l’idée que n’ayant plus rien à perdre, il puisse être sincère. Tant qu’il sera « personne », il aura l’ascendant psychologique. Alors on le laisse guider le récit, on quitte le présent et on retourne avec lui dans le passé, pour tenter de comprendre pourquoi cet homme se réfugie sous l’étiquette de l’assassin, niant jusqu’à sa propre identité.

PictoOKSceptique au démarrage, je me suis laissée prendre comme une bleue par le talent de narrateur de Christian De Metter. La première saison de cette série commence magistralement. La question est maintenant de savoir si elle saura garder le rythme et tenir ses promesses.

Extrait :

« – J’aimerais vraiment savoir qui vous êtes.
– C’est simple… un assassin.
– C’est comme ça que vous résumeriez votre vie ?
– Non… mais c’est ce qui restera.
– Et vous trouveriez ça juste ?
– Je mérite d’être jugé coupable. Je mérite la peine de mort » (NoBody, tome 1).

NoBody – Saison 1

Tome 1 : Soldat inconnu

Tétralogie en cours

Editeur : Soleil

Collection : Noctambule

Dessinateur / Scénariste : Christian DE METTER

Dépôt légal : octobre 2016

74 pages, 15,95 euros, ISBN : 978-2-3020-5388-5

Bulles bulles bulles…

Quelques planches sur le site du Monde.

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No body, tome 1 – De Metter © Soleil Productions – 2016

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

12 réflexions sur « NoBody, Saison 1 – Tome 1 (De Metter) »

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