Le Temps des Sauvages (Goethals)

– Le chef de caisse lui a demandé d’accélérer, elle a dit qu’elle pouvait pas à cause de ses rhumatismes. Quand il l’a menacée, elle a lâché qu’elle était syndiquée.
– … syndiquée ?
– Dix ans de maison, pas un jour de maladie, pas un retard, pas chiante pour un rond, mais elle est syndiquée.
– Autant lui avouer direct qu’elle fait partie d’une secte satanique. Et qu’elle sacrifie des bébés les soirs de pleine lune.

Goethals © Futuropolis – 2016
Goethals © Futuropolis – 2016

Jean est chef de la sécurité dans un grand supermarché. Cette fois, il est chargé de coincer deux salariés en apportant la preuve à son employeur qu’ils ont une relation amoureuse. Avoir des rapports extra-professionnels est interdit par le règlement de l’entreprise et passible d’une rupture de contrat. Les « coupables » sont convoqués dans le bureau du directeur. Jacques, assistant-chef du rayon primeur, et Martine, caissière, doivent se justifier. Mais l’entretien tourne mal et Martine meurt suite à une mauvaise chute. Jacques parvient à fuir. Il va directement trouver les fils de Martine : quatre jeunes loups délinquants qui viennent de braquer un fourgon. Gris, Blanc, Brun et Noir vont vouloir venger leur mère.

Dans une société légèrement futuriste, société qui conduit les individus à réfléchir en prédateur. La crise a profondément modifié les rapports sociaux et a donné lieu à une société qui s’appuient sur de nouveaux codes : les jeux vidéo, le profit, le consumérisme… Génomes humains modifiés, procréation hautement réglementée, recherche de la rentabilité, de l’efficacité, l’homme se compare désormais à la valeur ajoutée qu’il est capable d’apporter à son entreprise. A la valeur ajoutée qu’il peut mettre sur le marché du travail, valeur qui le rend attractif pour une société, qui lui permet de se vendre au plus offrant. L’homme-animal est devenu carriériste au pire… il défend bec et ongles le peu qu’il est parvenu à obtenir, protégeant son poste.

Je n’ai pas lu le « Manuel de survie à l’usage des incapables », roman de Thomas Gunzig dont s’est inspiré Sébastien Goethals pour réaliser « Le Temps des sauvages ». Et c’est tant mieux… du moins je crois. La qualité d’une œuvre adaptant une autre œuvre s’évalue-t-elle uniquement à la fidélité qu’elle témoigne au récit originel ? Quoi qu’il en soit, cet album-là offre un dépaysement réel. On pourrait être sur Terre ou ailleurs, dans le passé, le présent, le futur ou dans une dimension parallèle… on part. On mord à l’hameçon, on nage dans ce monde aussi absurde que familier, on réfléchit, on se marre.

PictoOKPourquoi y aller par quatre chemins ? Et si vous le lisiez ?

Extrait :

« On a beau tourner les choses dans tous les sens. La seule réponse à l’existence de l’homme sur Terre, c’est qu’il est là pour contrôler le système. C’est ce qu’il sait faire de mieux. C’est son plus grand talent » (Le temps des sauvages).

la-bd-de-la-semaine-150x150Un album que je partage dans le cadre de la BD de la semaine.
Les liens sont aujourd’hui chez Moka.

Le Temps des sauvages

One shot
Editeur : Futuropolis
Dessinateur / Scénariste : Sébastien GOETHALS
Adaptation du roman de Thomas GUNZIG : « Manuel de survie à l’usage des incapables »
Dépôt légal : octobre 2016
266 pages, 26 euros, ISBN : 9782754815529

Bulles bulles bulles…

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Le temps des sauvages – Goethals © Futuropolis – 2016

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

30 réflexions sur « Le Temps des Sauvages (Goethals) »

    1. Il est beau et prenant cet album ! Le tout, c’est de dépasser le graphisme en fait. Du moins – en ce qui me concerne – je ne compte pas le nombre de fois où je l’ai ouvert, feuilleté puis refermé. Avant de faire le grand saut et là, difficile de le lâcher 🙂

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    1. Alors j’espère que tu te laisseras tenter. Un petit coup d’œil pour te faire une idée de l’ambiance et cela finira de te décider 🙂

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  1. Mais oui suis d’accord moa 😉 Vais la lire cette BD ! Et même tenter de me la trouver à Angoulême !
    Bisous Mo’Chéwie et merci pour la découverte ❤

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    1. On la cherchera ensemble 😉
      (et puis ça tombe bien… l’année dernière, tu avais un gage que tu devais faire devant le stand Futuro… puis tu as oublié… mais pas moi 😛 )

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    1. En voilà une nouvelle qu’elle est bonne. On ira fureter toutes les trois dans les rayons de Futuro. Puis il y a le gage de Framboise de l’année dernière… ce serait dommage que tu n’en profites pas :mrgreen:

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    1. Les dessins m’ont tenu en respect pendant un bon moment. J’ouvrais et je refermais presque dans la foulée. C’est le tout de passer le cap des premières pages. On est vite dans le bain et après, on fait fi des appréhensions initiales 😉

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  2. Je viens de le lire et j’avoue ne pas trop savoir qu’en penser. les dessins sont par moment vraiment puissants, à d’autres un peu légers; il en est de même de la narration qui me donne pour le coup l’impression que la lecture du roman facilite l’immersion dans ce monde complexe dont on nous donne peu de billes. En tout cas c’est un bel album qui fait réfléchir et perturbe nos habitudes. A lire.

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