Chroniks Expresss #5

Aâma, tome 2 : La multitude invisible – Peeters © Gallimard – 2012
Aâma, tome 2 : La multitude invisible – Peeters © Gallimard – 2012

Suite des aventures de Verloc Nim, personnage amnésique qui tente de retrouver la mémoire. L’odeur de la poussière chaude (tome1 d’Aâma), nous avait permis de faire sa connaissance ainsi que celle de Churchill, un robot-singe capable de s’adapter – semble-t-il – à n’importe quel environnement hostile.

Ce tome nous permet logiquement de découvrir un peu plus la personnalité et le parcours de Verloc mais surtout, on apprend à connaitre Conrad, le frère de Verloc. On remarque aussi le fait que le scénario consacre très peu de place au présent de Verloc (deux ou trois scènes tout au plus où on le voit en compagnie de Churchill, commentant la lecture de son journal intime). L’auteur se concentre presque exclusivement sur le passé proche de son personnage principal ; grâce au journal intime de Verloc, on découvre le déroulement de l’expédition scientifique sur la Planète Ona(ji)… je vous invite également à lire ma chronique sur le tome 1.

Roaarrr Challenge
Roaarrr Challenge

Peu à peu, on découvre également en quoi consiste le projet Aâma : plante, intelligence artificielle, métabolisme vivant ??? Ce tome s’arrête sur un dénouement abrupt d’une réelle violence… mais qui nous tient en haleine. Vivement la suite 😉 L’album a obtenu le Fauve – Prix de la série en 2013 à Angoulême. Contribution au Roaarrr Challenge.

La fiche éditeur.

Tour du Monde en 8 ans
Tour du Monde en 8 ans

Tour du monde en 8 ans : Suisse

Aâma, tome 2 : La multitude invisible – Peeters © Gallimard – 2012

Prix : 17.25 euros , ISBN : 9782070649211

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Burlesque Girrrl, tome 1/2 – Amoretti © Ankama – 2012
Burlesque Girrrl, tome 1/2 – Amoretti © Ankama – 2012

« Une jeune pin-up pulpeuse, tatouée, qui porte la vingtaine avec l’élégance d’une diva. Une incarnation du « rock » et du « burlesque », dans la lignée des effeuilleuses Dita Von Teese et Devil Doll : c’est Violette. Bassiste dans un groupe, modèle pour sous-vêtements, elle alterne shootings et concerts, compose ses morceaux à l’occasion. Une fille pas comme les autres et délicieusement GRRRL… » (présentation officielle).

Avant toute chose, je voudrais dire que l’on est en présence d’un très bel objet : la qualité du papier, les finitions, l’ambiance graphique, le cahier graphique en fin d’album… Le genre d’album qu’on apprécie d’avoir dans sa bibliothèque. Les illustrations de François Amoretti sont sublimes, une ambiance rétro campe le décor et nous aide à matérialiser les sons qui virevoltent çà et là au milieu des pages.

En revanche, la lecture ne m’a pas réellement emportée. Pourtant, les personnages sont sympathiques et le fait qu’ils soient à un tournant de leur carrière devrait donner de l’entrain au récit. Mais sur ce point, j’ai trouvé qu’il était trop sur la réserve. Personne ne s’emballe, personne ne fait de faux-pas… limite ces personnages ont trop de bon sens ce qui ne permet pas à l’histoire de s’emballer malgré la présence de rockabilly, de courses de voiture et de spectacles… d’effeuillage.

Beaucoup de bonnes choses dans cet album mais pour moi, le rythme du scénario ne colle pas… c’est un peu trop mou ! J’attends cependant le second et dernier tome de ce diptyque.

Le blog de François Amoretti.

Les chroniques d’Oliv, Natiora et Zaelle.

Burlesque Girrrl, tome 1 – Amoretti © Ankama – 2012

Prix : 12.90 euros, ISBN : 978-2-35910-310-6

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Le cycle de Cyann, tome 5 : Les couloirs de l’Entretemps – Bourgeon – Lacroix © 12bis – 2012
Le cycle de Cyann, tome 5 : Les couloirs de l’Entretemps – Bourgeon – Lacroix © 12bis – 2012

« L’Entretemps, c’est le nom du grand vaisseau spatial dans lequel Cyann s’est embarquée après avoir fui Olh. Après une traumatisante escale sur la planète Fulguru, elle doit cependant regagner son monde natal pour enfin retrouver sa cadette Azurée.

Nouveau voyage, nouveaux drames… Car Cyann doit aussi retourner sur la sinistre planète Marcade pour y tenir une promesse… Et aussi régler ses comptes » (synopsis éditeur).

J’attendais ce cinquième tome avec impatience (dernier album de la série remontait à 2007). C’est avec un certain plaisir que l’on retrouve cette héroïne, un plaisir légèrement chahuté par la déferlante d’événements qui se produisent dans cet album. Voyages interplanétaires et voyages dans le temps nous chahutent en permanence. J’ai apprécié cet album et l’orientation prise par le récit. Cependant, ce n’est qu’à la seconde lecture (après avoir relu les quatre premiers tomes), que j’ai réellement profité de la richesse de l’histoire. Je trouve effectivement que Les couloirs de l’Entretemps s’apprécie plus quand on est déjà pris dans le rythme de l’histoire (depuis son origine). De fait, cela m’a permis de faire certains liens et de voir certains personnages d’un autre œil.

Pour relire ma chronique sur les quatre premiers tomes de la série : suivez ce lien.

Challenge Lieux imaginaires
Challenge Lieux imaginaires

Le cycle de Cyann, tome 5 : Les couloirs de l’Entretemps – Bourgeon – Lacroix © 12bis – 2012

Prix : 15 euros, ISBN : 978-2-35648-323-2

Lieux imaginaires : les mondes de Cyann

Le Cycle de Cyann (Bourgeon & Lacroix)

Le Cycle de Cyann, tome 1
Lacroix – Bourgeon © Casterman – 1993
Le Cycle de Cyann, tome 2
Lacroix – Bourgeon © Casterman – 1997

Sur la planète Olh, la belle Cyann, héritière du très puissant Lazuli Olismar – le MajO chef des sOndeurs – refuse de se soumettre aux contraintes de sa classe sociale, n’en prenant que les nombreux avantages. Entre le fait de n’accepter pour amie que Nacara, qui fait partie de la classe la plus basse, et celui de participer activement aux soirées osées rassemblant toute la jeunesse huppée de la Cité… Cyann est perçue comme une gamine effrontée et irresponsable.

Le Cycle de Cyann, tome 4
Lacroix – Bourgeon © Vents d’Ouest – 2007
Le Cycle de Cyann, tome 3
Lacroix – Bourgeon © Vents d’Ouest – 2005

Cette fois-ci pourtant, ce qui la pousse à fuir ses luxueux appartements, ce sont les projets dans lesquels l’embarque son père. Ce dernier souhaite qu’elle prenne la responsabilité d’une importante mission qui se déroulera sur la planète IlO. L’objectif de cette expédition est de ramener des spécimens de la flore locale afin que les DeO (scientifiques religieux et représentants la sOurce, un des organes du pouvoir sur Olh) puissent poursuivre leurs recherches. Ces dernières doivent permettre de trouver un remède à la Fièvre pourpre, une épidémie qui décime la population masculine d’Olh. Le frère de Cyann en est mort et, à son tour, Lazuli lutte contre la maladie.

Une chronique assez longue et pour laquelle je me suis posée la question de savoir s’il n’était pas plus pertinent de proposer d’un côté un avis sur les deux premiers tomes (quête initiatique de Cyann) et d’un autre, un avis sur les deux derniers tomes (voyage intersidéral, quête personnelle…). Pourtant, je reste convaincue qu’il est plus intéressant, dans la mesure du possible, d’avoir une « vision d’ensemble » d’une série, d’un travail d’auteurs, plutôt qu’une vision morcelée. A voir…

Voici un univers dans lequel on entre facilement car visuellement, le voyage débute dès la première planche de La sOurce et la sOnde. L’énergie que dégage la pulpeuse Cyann est communicative et pique la curiosité. De plus, le fait d’être accueilli (en tant que lecteur) dans des ambiances diurnes accentue cette envie de voir Olh plus en détails. On scrute, on épie le moindre recoin éclairé mais il faudra attendre une vingtaine de planches avant de disposer de plus grands angles de vue. Qu’à cela ne tienne puisqu’en attendant, la fuite de Cyann nous a déjà essoufflé et contraint de tourner les pages avec assiduité pour obtenir des éléments de compréhension. Au passage, on s’arrête à plusieurs reprises sur quelques volatiles originaux et sur quelques éléments d’architecture très prometteurs.

Découverte visuelle et surprise graphique seront au rendez-vous quatre tomes durant puisque chaque tome conduit Cyann sur une nouvelle planète. Chaque tome est une aventure à part entière, un voyage différent où des mondes originaux s’ouvrent à nous : technologies nouvelles, architectures atypiques en harmonie ou non avec la nature, sans parler des accessoires (vestimentaires entre autres). Les ambiances graphiques diffèrent d’album en album, elles sont soignées et détaillées. Le trait de Bourgeon se bonifie au fil des tomes malgré des aléas techniques (au moment où il publiait le second tome, il a du abandonner la plume et s’est reporté sur le feutre pour ses dessins). Ainsi, Aïeïa d’Aldaal est un tome de transition, « un album bâtard dans la mesure où certains dessins sont à la plume, d’autres au feutre. Mais je ne crois pas que cela se sente dans l’album lui-même. Disons que cette nouvelle technique apporte un peu plus de rondeurs à mon dessin, dans le tracé » dira François Bourgeon lors d’une interview. Pour le reste, les albums sont aussi complémentaires que différents, la variété des décors dépeints offrant une réelle richesse à la série (désert/foret verdoyante/milieu urbain, no man’s land/société hyper réglementée et codifiée…).

S’il est aisé d’embarquer pour le voyage visuel en revanche j’ai peiné sur la compréhension de l’histoire qui est totalement amputée de narration. C’est donc guidée uniquement par les dialogues qu’on assemble les pièces du puzzle de cet univers. Rien ne nous est facilité pour comprendre le BA-B.A. des codes sociaux d’Olh et la nature du conflit entre la sOurce et la sOnde… si ce n’est  la perception d’un basique enjeu de pouvoir. Rapidement, on cerne grossièrement les différents camps mais les subtilités ne seront pas forcément visibles à la première lecture (constat assez poussé sur les tomes 1 et 3). De plus, j’ai également été freinée dans la lecture en raison de l’absence totale de marqueur de temps et de transitions entre les différentes scènes. Ce qui vient largement compenser cela, c’est que l’on s’intéresse aux personnages principaux qui d’ailleurs évoluent au fil des tomes, leurs personnalités se transforment. Il y a également la richesse du vocabulaire utilisé qui apporte une grosse valeur ajoutée à la série. Les dialogues sont élaborés, intelligents et offrent au final une réflexion pertinente :

– les deux premiers tomes sont très axés sur Cyann : passage de l’adolescence à l’âge adulte, émancipation, prise de responsabilités et découverte des sentiments, quête initiatique…

– les tomes 3 et 4 plus axés sur le monde (même si ces éléments sont déjà présents dans le premier diptyque) : travers de nos sociétés actuelles, lutte pur le Pouvoir, asservissement d’un peuple, société de consommation, endoctrinement, censure, mercantilisme…

PictoOKA n’en pas douter, le plaisir de lire cette excellente série se bonifie de lecture en lecture. La seconde lecture permet d’entrer plus confiant dans cette série et chaque relecture ultérieures permet de percevoir des détails supplémentaires.

Pour l’heure, le cinquième et dernier tome de la série est attendu. Il apportera beaucoup de réponses à des éléments laissés en latence… à moins que les auteurs ne décident d’exploiter plus encore le riche potentiel du Cycle de Cyann et ouvrir d’autres portes… une perspective tout aussi alléchante.

Interview de François Bourgeon suite à la sortie des Couleurs de Marcade (janvier 2007) où il revient notamment sur les changements d’éditeur pour la publication des albums de cette série (également expliqué sur la fiche série de Wikipédia).

Le tome 2 de la série a été récompensé du Prix Fnac-SNCF – Prix du Public à Angoulême en 1998.

D’autres avis : BDsélection, Yozone, Jean-François et un article (sur artefarita.com)   plutôt destiné aux connaisseurs de la série puisqu’il liste une partie des suppositions/questions/possibles évolutions…

Le Cycle de Cyann

Roaarrr ChallengeTome 1 :La sΟurce et la sOnde

Tome 2 : Six saisons sur IlΘ

Tome 3 : Aïeïa d’Aldaal

Tome 4 : Les couleurs de Marcade

Série en cours

Éditeur : deux premiers tomes parus chez Casterman, les tomes 3 et 4 ont été publiés chez Vents d’Ouest. Les droits de la série appartiennent à François Bourgeon qui est maintenant chez 12bis

Dessinateur : François BOURGEON

Scénariste : Claude LACROIX

Dépôt légal : octobre 1993 (tome 1), octobre 1997 (tome 2), janvier 2005 (tome 3) et janvier 2007 (tome 4)

Bulles bulles bulles…

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Le Cycle de Cyann, tomes 1 à 4 – Lacroix – Bourgeon © Casterman – 1993 à 2007