Les Crocodiles (Mathieu)

Les crocodiles - Mathieu © Le Lombard - 2014
Les crocodiles – Mathieu © Le Lombard – 2014

Le harcèlement de rue… vous vous y habituez ? … et vous trouvez ça normal ?

C’est en regardant le court-métrage de Sofie Peeters (Femme de la rue), que Thomas Mathieu a pris conscience du problème. Dans ce documentaire, on voit quel est le quotidien des femmes lorsqu’elles sont dans des lieux publics : bruits de bouche, sifflements, compliments plus ou moins délicats allant du « t’es belle » à « salope » que de parfaits inconnus formulent. La plupart du temps, l’ignorance suffit pour mettre à distance cette situation gênante. Mais cela dépend des jours… et certains hommes sont plus incisifs que d’autres…

Quoiqu’il en soit, après avoir visionné ce reportage, Thomas Mathieu s’est renseigné et a interpellé les femmes de son entourage. Amies, famille… elles ont confirmé et complété en parlant de leur propre expérience. L’auteur a été étonné de constater que ce phénomène est généralisé, il touche des femmes de tout âge et de toute catégorie sociale. Le harcèlement de rue n’épargne aucun quartier, du plus cossu au plus populaire. Non content de découvrir cet état de fait, Thomas Mathieu commence donc à consigner ces témoignages de femmes et se met à les dessiner. Il crée « Projet Crocodiles », un blog qu’il construit autour d’une ligne éditoriale claire puisqu’il y consigne tout ce qui concerne le sexisme ordinaire en général, et le harcèlement de rue en particulier. Il met en ligne sur ce site les planches qu’il a réalisées à partir des témoignages qu’il a recueillis. De fil en aiguilles, des internautes (femmes) déposeront à leur tour leurs expériences. En juillet 2014, Projet Crocodile trouve un éditeur…

Voilà le genre d’album utile car avant toute chose, il déculpabilise les femmes qui sont confrontées à ces comportements insultants. A l’instar de Sofie Peeters, chaque femme confrontée au harcèlement de rue se pose en premier lieu la question de savoir si elle n’est pas responsable des réactions qu’elle suscite ; dans sa manière de marcher, de s’habiller, de se maquiller… ne provoquerait-elle pas ce genre d’attitudes ? Car cela est si courant qu’on ne pense pas à pointer l’attitude inappropriée des hommes.

Pourtant, la démarche de Thomas Mathieu ne consiste pas seulement à montrer aux femmes qu’elles ne sont pas des cas isolés. Son objectif est aussi d’interpeller les hommes sur ces comportements et de les amener à réfléchir, de les forcer à regarder différemment la situation.

« Un conseil : lisez l’album en vous identifiant aux femmes qui témoignent, pas aux crocodiles ».

L’ouvrage propose trois parties. La première contient plusieurs témoignages de femmes. Les femmes apparaissent de manière réaliste tandis que les hommes sont représentés par des crocodiles, une métaphore visuelle destinée à montrer qu’il s’agit d’un problème de société et qu’il concerne tout le monde. Une métaphore qui accentue aussi l’idée que les femmes sont des victimes/des proies tandis que les hommes sont des agresseurs/des prédateurs. Les scènes présentées racontent plusieurs histoires de harcèlement de rue mais il est aussi question de harcèlement en milieu professionnel, de viol conjugal, d’attouchements… Chaque récit interpellera ainsi différemment le lecteur compte-tenu de son expérience personnelle. La seconde partie de l’album propose quant à elle des « fiches techniques » proposant différentes réactions possibles à une/des situation(s). Cela permet aux femmes-lectrices de l’entendre à la fois sur le registre du conseil, mais cela a aussi l’avantage d’inviter à réfléchir à ses propres « stratégies » de défense, allant de l’évitement à un dialogue direct entre la victime et son harceleur. Enfin, la dernière partie contient des pistes de réflexion. La place de la femme dans notre culture occidentale conditionne pour beaucoup les rapports entre hommes et femmes, mais des dispositifs existent et tentent de faire bouger les choses, que ce soit sur le secteur associatif, des collectifs sur internet…

Des sites à visiter pour s’informer et/ou se mobiliser : Stop Harcèlement de rue, Hollaback !, Genre !

PictoOKUn ouvrage à mettre entre toutes les mains.

Le blog « Projet Crocodiles » et la page dédiée sur le site du Lombard.

Crocodiles, la censure
Crocodiles, la censure

Pour la petite histoire, la ville de Toulouse avait contacté Thomas Mathieu il y a quelques mois pour lui proposer d’exposer les planches de Projet Crocodiles au Square de Gaulle (à deux pas du Capitole) à l’occasion de la « Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes » du 25 novembre dernier. Quelques jours avant ladite exposition, la municipalité annule le projet au motif que l’œuvre « est jugée trop choquante pour l’exposer en pleine rue ». Foutaises ! Ce n’est ni plus ni moins que de la censure. C’est pourquoi, avec Valérie, nous avons proposé cette lecture commune aujourd’hui, invitant les lecteurs qui le souhaitent à découvrir Les Crocodiles ou tout album dénonçant les violences faites aux femmes (voir cet article de présentation).

A l’occasion de cette lecture commune, les chroniques :

de Valérie sur l’album « Les Crocodiles »

de Marion sur l’album « Les Crocodiles »

de Sabine sur l’album « Les Crocodiles »

d’Enna sur l’album « Les Crocodiles » et petite rétrospective d’albums sur le thème du harcèlement

de David sur « Projet Crocodiles »

Acr0 signalait (en commentaire ici : pour suivre le lien) l’existence du « Petit Guide illustré du Respect dans la rue (ou ailleurs)« 

de Gambadou sur « Egaux sans ego » (album sur l’égalité des sexes)

de Kikine sur « Projet Crocodiles »

Les crocodiles

– Témoignages sur le harcèlement et le sexisme ordinaire –

One shot

Editeur : Le Lombard

Dessinateur / Scénariste : Thomas MATHIEU

Dépôt légal : octobre 2014

ISBN : 978-2-8036-3465-1

Bulles bulles bulles…

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Les Crocodiles – Mathieu © Le Lombard – 2014

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

47 réflexions sur « Les Crocodiles (Mathieu) »

  1. C’est un album fort au message important! Il serait temps que les temps changent et que les femmes ne se sentent pas obligées de subir tant de choses… Merci de cette initiative!

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    1. Merci à toi de l’avoir enrichie avec ta participation.
      L’album a le mérite de permettre une prise de conscience. Je vais peut-être avoir moins envie de me taire à l’avenir, dans la rue, dans les transports en commun, au travail… Que ce soit pour me défendre ou pour venir en aide à quelqu’un

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  2. Evidemment je rejoins ton avis ! C’est un album à mettre entre toutes les mains ! Je suis vraiment ravie d’avoir pu partager cette lecture commune avec toi !

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    1. Et c’est une très bonne nouvelle. Relayer ce genre d’initiatives (ouvrages) est une très bonne chose 😉 Un très bon support intermédiaire pour parler d’attitudes banalisées par tous

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    1. C’est parfait car cela donne autant de grain à moudre et complète parfaitement les propos contenus dans « Les Crocodiles » 🙂

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  3. J’avais suivi le projet via le blog… Je pense que le plus difficile pour les hommes – même si ce ne sont pas des crocodiles – est de prendre conscience que toute femme a reçu une fois, des paroles qu’elle ne voulait pas entendre. Il y a encore un long bout de chemin à parcourir pour que ces crocodiles n’existent plus…

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    1. Et encore, il faut voir le côté positif. Je pense que ce débat, cette réflexion est possible aujourd’hui. Elle aurait été amorcée plus tôt, genre il y a 30 ans, je pense qu’elle n’aurait eu aucun écho (ou presque)

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        1. Bah, avec des oreilles comme les nôtres et l’accès à internet, tu penses bien qu’on ne va plus attendre que les médias interviennent 😛 ^^

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  4. La censure est vraiment partout, aveugle et stupide. On a l’impression que toute nouvelle initiative, quelle qu’elle soit, est immédiatement soumise à controverse. C’est juste lamentable.

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    1. Oui, d’autant que là, je n’ai pas compris pourquoi. Quand on voit la manière dont le sujet est traité (trait, contenu des phylactères…), il n’y a rien d’agressif. Les situations sont oppressantes mais ça ne fait ni plus ni moins partie du quotidien de tout le monde. Ne pas « exposer ces pages dans un lieu public » pour ne pas heurter la sensibilité des pus jeunes. OK, mais dans ce cas il faut interdire l’accès du métro et/ou des bus aux harceleurs (par exemple) pour que les enfants ou les vieilles bourgeoises ne soient pas « heurtés ». Je me marre…

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  5. Je suis contente d’avoir eu la bonne idée de te proposer cette lecture commune engagée et de voir que ce projet commun porte quelques fruits.

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    1. Oui, merci à toi de m’avoir proposé ce partage. BD utile, lecture constructive… et mine de rien, ça me permet de sortir du tunnel de silence dans lequel j’étais en train de m’engouffrer 😉

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  6. Superbe initiative les filles !! Et un grand bravo à cet auteur masculin ! Il y a encore tellement de boulot pour soutenir la cause des femmes… Je retiens ces « crocodiles » :0) Bises

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    1. Avec ta participation, je découvre une réalité bien différente outre-atlantique. Il n’y a pas de raison que ça ne vienne pas un jour en France. Après tout, on récupère toutes vos bonnes initiatives (enfin, je vois ça dans le secteur social où j’interviens)

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  7. Ils l’ont pas fait exprès mais sur Nova ce soir, Richard Gaitet lisait dans sa Nova Book Box des extraits de l’album Crocodiles.
    Je n’ai entendu qu’une lecture mais elle était flippante. Quand on est un mec et qu’on n’a pas ce genre de comportement méprisable, on ne se rend pas compte de tout ça. Pourtant, si j’en crois les statistiques que j’ai entendues et qui sont listées en postface, c’est assez effrayant !

    L’animateur est ressorti de sa lecture en étant honteux d’être un homme, plébiscitant ce livre dans les programmes scolaires, ne serait-ce que pour parler de civisme 2 heures dans chaque classe.
    Pour ma part j’ai ressenti un grand malaise à l’écoute de l’extrait (il est vrai agressif et le fond sonore joue aussi énormément sur la mise en scène). Le fait que la ville de Toulouse ait annulé l’exposition de rue m’avait parue grotesque, au moins cette décision aura fait de la publicité pour la BD, et ça c’est une très bonne chose !

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    1. Je ne sais pas si c’est en terme de publicité qu’il faille voir les côtés positifs de ce positionnement stupide de la municipalité de Toulouse. Mais soit… cela aura donné un peu de visibilité à l’album.

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      1. Disons qu’il vaut mieux positiver 🙂
        En tout cas cette non-exposition physique et cette surexposition médiatique (presse, blogs, radio, etc.) m’a donné envie de lire moi aussi l’album, de m’en faire ma propre idée et surtout de me rendre compte de choses qui jusqu’à présent m’avaient échappé.

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        1. Ce qui est une bonne chose.
          En tout cas, cette décision municipale reste incompréhensible. Ce que nous voulions aussi montrer avec Val, c’est que ce n’est pas le premier album à parler de ce sujet (parce qu’il n’est pas uniquement question de harcèlement de rue dans l’ouvrage même si la question est reprise par la majeure partie des histoires qu’il contient). Alors pourquoi ont-ils butté sur ce travail là ??
          Il y a deux ans, il y avait une expo consacrée aux violences faites aux femmes dans le Palais de justice d’Angoulême… esclavagisme sexuel, femmes battues… des sujets qui nous sautent bien moins à la gueule dans les lieux publics que le harcèlement de rue. Bref. La décision de Toulouse n’est pas fondée

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          1. J’ai vu l’expo à Angoulême (qui n’était pas bien mise en valeur cela dit en passant) mais j’étais déjà sensibilisé sur ces violences-là. En tout cas oui ça a fait moins débat !
            Le motif avancé pour cette interdiction est ridicule…

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  8. J’adore le commentaire de Lunch. Je crois que cette BD peut permettre à des hommes de prendre conscience de certains de leurs comportements.

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    1. Je crois qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire mais oui, voilà un album qui va servir de support.
      Ensuite, ce que disait Kikine dans sa chronique, sur les mentalités canadiennes, laisse espérer de bonnes choses…

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  9. Je suis sans relâche le blog des Crocodiles, donc il va de soi que, dès que je le pourrai, je m’offrirai le volume relié !
    C’est une très belle initiative de véhiculer ce qui arrive au quotidien des femmes dans la rue. Il faut que les gens sachent ce qui ne tourne pas rond…

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    1. Il y a plein de choses qui ne tournent pas rond mais commencer par ça est un bon début ^^En lisant l’album, je me suis rendue compte qu’il y avait un certain nombre de comportements que j’estimais « normaux », par habitude… mais en prenant le temps de réfléchir, c’est vrai que l’attitude de certains est totalement déplacée. Comme quoi, engoncés dans nos rythmes stupides on en oublie parfois de réfléchir ^^

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  10. Cette lecture commune fut une excellente idée. Je ne connaissais pas ce projet et l’ai découvert grâce à ton billet. J’ai pris note du titre, suis allée voir le blog et vais continuer à suivre ce projet.

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    1. Excellente nouvelle ! Je suis contente qu’avec Val on soit parvenue à attirer un peu l’attention sur cet ouvrage et le travail de l’auteur 🙂

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  11. En ce qui me concerne, je trouve cette BD ridicule, et je vais essayer de dire pourquoi : – les modes de séduction varient selon les milieux sociaux, les coutumes, les régions ; donc, de deux choses l’une, ou l’on renonce à la séduction, c’est-à-dire à la société, par refus de la séduction, qui implique nécessairement une forme d’abus (celui de la publicité est le plus généralisé), ou bien on prône un mode de séduction par rapport à un autre – par exemple la galanterie, qui a toujours été et sera toujours le mode de séduction des classes aristocratiques ou des élites, mais n’en comporte pas moins un abus. Dans ce cas, qui peut moralement prétendre que sa façon de séduire est supérieure à une autre ? Il y a certaines filles qui préfèrent d’ailleurs les « mauvais garçons » et les manières brutales aux types plus polis.
    La séduction n’est pas moins une « activité » féminine qu’elle n’est masculine. On pourrait donc collectionner des exemples de situations ou des hommes ont été séduits et abusés, parfois harcelés par des femmes (j’ai pas mal d’exemples en tête autour de moi) : faire un bouquin à partir de ça serait tout aussi ridicule, à moins de le faire avec humour, comme certains romanciers l’ont déjà fait.

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    1. Je n’ai pas lu le livre mais pour en avoir visionné ou écouter lire quelques extraits et pour en avoir entendu parler un peu partout, il me semble qu’il ne s’agit pas seulement de séduction.
      Certes, je reconnais peut-être ne pas être un cador en la matière. Mais je pense qu’il y a une nette différence entre la séduction (aussi lourde et forcenée soit-elle) et le harcèlement que dénonce l’auteur.
      Puisqu’il est fait état de l’inversion des genres, je n’apprécierai pas me faire traiter de tous les noms d’oiseaux (pour parler poliment), prétextant que c’est de la drague. Et que dire des actes qui vont plus loin que les mots ?

      C’est en tout cas intéressant de pouvoir débattre avec quelqu’un qui ne partage pas le point de vue de la majorité.

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      1. Exactement Lunch. Il n’y a rien qui pourrait ressembler à de la séduction dans cet album. Du moins, si certaines harceleurs présents dans les situations décrites dans les témoignages des Crocodiles envisagent une « approche » pour séduire… m’est avis qu’ils devraient déjà commencer par relire la définition du mot « respect ».

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    2. Bonjour Zombi !
      Et merci pour tes retours. Bien sûr, j’ai du mal à me retrouver dans tes propos. Surtout sur ce que tu développes autour de la séduction. Alors oui, effectivement, si on veut être arbitraire, on peut mettre tous les comportements dans le même sac… mais l’auteur ici ne fait pas cette confusion et je doute qu’il fasse la faire. Il y a des comportements décrits dans cet album que je n’aurais pas « étiqueté » comme étant de purs actes de séduction… comme cette homme qui croise une femme sur le trottoir et se permet de lui mettre la main sur le sexe alors qu’il ne la connaît pas. Pour moi, mais je doute être la seule femme à penser cela, me faire siffler dans la rue n’est pas tellement flatteur. Moi, je siffle mon chien pour lui demander de rentrer… je ne siffle pas mes gamins pour qu’ils rangent leur chambre alors, pourquoi sifflerait-on une femme dans la rue ??? Après ça peut être un jeu avec l’intéressée – quoi que, un peu vaseux comme jeu – mais pour jouer, il faut connaître la personne.
      Après, j’ai beau cherché mais je ne vois pas ce qu’il y a d’humoristique dans le fait que des jeunes branleurs (se réunissant souvent en troupeaux de branleurs) s’amusent à faire des bruits de bouche à l’intention d’une jeune fille isolée dans la rue ou dans les transports en commun. Je ne vois pas ce qu’il y a de drôle dans le fait que ces jeunes troupeaux de branleurs la traite de salope sur le seul prétexte qu’elle a une petite jupe, une petite frange qui la rend sexy ou un peu de maquillage. Désolée, je vois pas.
      Il y a un fossé entre galanterie et goujaterie. Galanterie n’est pas réservé aux plus riches. Etre prévenant non plus. Et bien sûr, ça va dans les deux sens, rien n’interdit à une femme de laisser rentrer avant elle dans le métro ou je ne sais.
      Alors non, je ne trouve pas ce livre stupide, surtout quand j’entends une collègue me dire que les comportements des « mecs » va jusqu’à la faire pleurer, qu’elle a honte de se faire siffler, qu’elle est mal à l’aise quand on lui parle en regardant ses seins. Bref. Je trouve cet album utile.
      Et je ne nie pas le fait que des hommes sont violentés par des femmes. Ça me pose d’ailleurs autant soucis que ce qui est décrit dans les « Crocodiles ». Faire un bouquin sur les hommes maltraités ne serait pas plus ridicule. Ce n’est pas plus acceptable. Mais allez-y les mecs, écrivez… et je lirais.

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