Tomoji Uchida a fondé un temps bouddhiste au Japon. Lieu ressourçant pour Jirô Taniguchi, l’auteur s’explique sur ce qui l’a amené à réaliser Elle s’appelait Tomoji dans un entretien présent en seconde partie d’album :
« La naissance de cette histoire est liée à un temple bouddhiste de la région de Tokyo. Ma femme fréquente ce temple avec assiduité depuis une trentaine d’années, et moi-même je m’y rends de temps à autre, même si je ne suis pas un pratiquant régulier. A la longue, nous sommes devenus familiers de ce lieu et de ceux qui l’animent, ce qui les a conduits à me solliciter pour que je dessine quelque chose dans leur bulletin trimestriel. Leur idée était simple et claire : valoriser ce qui fait la particularité de ce temple, et notamment mieux faire connaître la personnalité et le parcours de sa créatrice (…). J’ai accepté leur proposition. Mais à condition que ce soit à ma manière » (entretien réalisé en août 2014 par Thomas Hantson).
Loin de décrire le quotidien de Tomoji, Jirô Taniguchi a pris le parti de raconter son enfance. De son premier souffle en 1912 jusqu’aux quelques jours qui suivent son mariage avec Fumiako Itô, l’auteur s’arrête sur quelques bribes de ce que fut la jeunesse de cette femme. Née dans une famille unie et aimante, Tomoji fut orpheline de père à l’âge de quatre ans. Peu de temps après, leur mère abandonne le foyer, laissant ainsi ses trois enfants à la garde de leur grand-mère maternelle. L’aïeule les prend en charge sans que jamais elle ne remette en cause leur place à ses côtés. Tomoji grandit entre l’école, les travaux dans les champs et l’aide à apporter au magasin qu’avait créé son père. Les années se succèderont, alternées de petites joies et de peines immenses.
Une enfant dévouée et serviable. Elle fait preuve d’un altruisme important et qui ira croissant tout au long de sa vie. Dommage que cette attention à l’égard de l’autre semble irréelle au regard de notre société occidentale actuelle ! Mais Taniguchi a l’art de bien présenter les choses doublé du fait que ses fidèles lecteurs – maintenant habitués aux us et coutumes de la société japonaise – ne se froisseront pas à la lecture de ces quelques bribes de vie qui se succèdent de page en page, sans grandes surprises. Ainsi, ces lecteurs sauront se satisfaire des petits riens que procurent la vie modeste de Tomoji. Au passage, Jiro Taniguchi marque son récit de quelques événements historiques tel le tremblement de terre de 1923.
On voit le personnage principal cheminer et grandir. De la fillette en plein éveil à la femme épanouie, en passant par l’adolescente qui affine progressivement sa perception des choses et sa compréhension de l’autre, ce personnage est doté d’un altruisme certain et sait se satisfaire de peu.
Un parcours de vie rythmé par les saisons. Un trait précis d’une douceur incroyable et une ambiance légèrement doucereuse caractérisent cet album. Il est rare que Jiro Taniguchi s’attarde aussi longuement sur un personnage féminin. Ce récit n’a malheureusement pas la force d’un Sommet des dieux ou d’un Quartier lointain mais offre malgré tout un agréable moment de lecture durant lequel on s’imprègne du mode de vie des paysans de l’ère Taishō.
La chronique de Pierre Darracq.
Du côté des challenges :
Petit Bac 2015 / Pronom personnel sujet : elle
Elle s’appelait Tomoji
One shot
Editeur : Rue de Sèvres
Dessinateur : Jirô TANIGUICHI
Scénaristes : Jirô TANIGUCHI & Miwako OGIHARA
Dépôt légal : janvier 2015
ISBN : 978-2-36981-131-2
Bulles bulles bulles…
Quartier lointain et le sommet des Dieux restent le talisman de Tanigushi. Ce sont les plus beaux et surtout ceux qui véhiculent vraiment cette pensée orientale, zen. Et comme je suis fan de ce Grand Monsieur….. tu sais ce qu’il me reste à faire !! Allez rendez vous à Angoulême
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On est loin des deux séries qu’on cite (Le Sommet et Quartier Lointain) car ces deux-là m’avaient émue aux larmes, ce qui n’a pas été le cas avec cet ouvrage. Mais je l’ai préféré au Promeneur ou au Gourmet solitaire (oui, je n’aime pas les ouvrages contemplatifs ^^).
Quoi qu’il en soit, cela fait longtemps que je n’avais pas lu de Taniguchi et je dois dire que j’y ai pris plaisir 😉
Angoulême… ahhhh 😀
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je suis fan de Taniguchi ! J’en ai justement parlé ce week-end à un copain fan de mangas qui ne connaissait pas… (est-ce possible??!)
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Un copain fan de mangas qui ne connait pas Taniguchi… c’est louche 😀
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Je ne sais pas… Taniguchi sort tellement d’albums que je préfère maintenant être très sélectif avec lui (son bouquin sur le Louvre par exemple ne m’attire pas du tout, du tout, du tout !).
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Tous ses bouquins m’attirent à vrai dire. Après, c’est une autre histoire parce que je ne parviens plus à accrocher avec ses albums comme j’accrochais avant.
Ce qui m’a plus dans celui-ci, c’est que je ne m’y suis pas ennuyée. Ça se lit très bien mais on est d’accord pour dire que ce n’est pas son meilleur album 😉
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je l’avais repéré celui-là mais certains semblent un peu déçu par cette lecture. Faut que j’y jette un oeil pour me faire ma propre idée 🙂
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C’est fluide, agréable, l’ambiance est sereine. Après, on ne retrouve pas les sensations ressenties dans certains albums. Il y a une étincelle de vie ici mais on reste malgré tout sur du factuel.
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J’ai découvert Taniguchi grâce au challenge Roaarrr (faudrait d’ailleurs que je songe à publier les critiques…). J’adore !!!!!! Même si cette album ne semble pas être son meilleur, je le lirai, juste pour le plaisir de retrouver son trait de crayon !
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Un sacré coup de crayon, c’est indéniable. On le reconnaît au premier coup d’œil. Les détails (végétation, accessoires, étoffes…) foisonnent et le regard se perd dans la contemplation de ces champs à perte de vue et logés au pied d’une montagne.
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C’est exactement ça. Je me suis parfois surprise à rester plusieurs secondes sur une même image à me perdre dans les détails du dessin.
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Il y a toujours ce souci de la précision que l’on retrouve dans toutes ses œuvres. Chaque case est comme un petit tableau. Tout est très lisible ; c’est peut-être pour cela que nous – lecteurs occidentaux – apprécions autant son travail (??)
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Celle là est pour bientôt chez moi 🙂
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Une belle ambiance dans cet album. Tout y est serein. Après, je ne suis pas certaine que ce récit me marquera mais j’ai malgré tout pris plaisir à lire cet ouvrage. Je ne peux pas en dire autant des derniers Taniguchi que j’ai lus
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Impossible de passer à côté. Je voue presque un culte à Taniguchi !
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Vas-y en douceur tout de même… il est agréable MAIS… moins captivant que d’autres Taniguchi
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C’est très différent de ses séries mais ça reste un bon ouvrage. Je trouve que l’on a une certaine quiétude et une douceur qui émane de ce manga comme de certains textes japonais. Bref, une lecture reposante, belle, simple dans son fond mais qui relate une jolie tranche de vie.
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Je suis d’accord avec toi. On passe un agréable moment avec cet ouvrage. Je me suis surprise à le lire d’une traite pour autant, même si j’ai profité de la quiétude, je l’ai refermé en me disant que je n’avais pas ressenti grand chose. J’ai apprécié ma place de spectatrice mais rien ne vient susciter de réelles émotions. On la plaint, on comprend sa douleur… mais j’ai l’impression d’avoir eu une empathie très linéaire, même lorsque Tomoji est endeuillée. C’est ce que je regrette un peu car je sais que l’auteur est capable de faire ressentir davantage que cela
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Ce n’est pas un album « excellent » (comparativement aux bonheurs de lecture que j’ai eus à chaque fois que j’ai lu Le journal de mon père par exemple) mais il n’en reste pas moins étonnant.
C’est certes sensé être une biographie et en ce sens, je pense que ce n’est pas le souhait original de son commanditaire, raté !
En revanche c’est une belle fiction de femme forte, même si sa vie est très triste, voire poignante (dans le sens « poignarder » : c’est un crève-cœur que de voir autant de souffrance). Pour autant, Tomoji, à part au décès de sa sœur, ne pleure pas : elle encaisse. C’est peut-être ça qui nous fait nous sentir étranger à cette peine, parce que la lecture est plombante mais pas émotive… sic !
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Alors « oui » à tout. Tomoji ne pleure jamais. Même quand sa mère part, même quand sa soeur et sa grand-mère la quittent… bref, j’ai essayé de tenir compte de la culture japonaise aussi. Les gens originaires du pays du Soleil levant sont moins expansifs que nous. Mais bon… une lecture agréable, on est d’accord 🙂
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Si si, elle pleure sur une case ! Quand elle berce sa sœur, quelques jours avant sa mort…
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Ah ! Elle pleure tellement pas que j’ai totalement éludé cette case 😀
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J’ai été tour à tour horrifiée, puis charmée par ce seinen. Une vie qui a fait écho en moi, mais cela reste très personnel. 🙂
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Cette femme a eu un parcours de vie incroyable. Mais je garde le souvenir d’une lecture face à laquelle je suis restée assez distante. Le fait de ne pas avoir trop d’empathie pour elle m’a un peu gâché le plaisir
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