Le Cheval qui ne voulait plus être une œuvre d’art (Supiot)

Supiot © Guy Delcourt Productions & Le Louvre Editions – 2016
Supiot © Guy Delcourt Productions & Le Louvre Editions – 2016

Un mardi matin, au Louvre.

Dans la salle 61 du Musée, le Cheval blanc de Géricault se rebelle. Il en a assez d’être encadré et décide d’aller se dégourdir les jambes. Dans cette « Tête de Cheval blanc », il y a une quête de liberté étourdissante. Un bond suffit à l’équidé pour sortir la tête du tableau qui l’enferme et galoper au beau milieu des collections du Louvre, espérant rallier d’autres compagnons à sa cause. De rencontre en rencontre, le cheval blanc perçoit mieux le monde et surtout, sa propre identité.

Vous connaissiez certainement la collection Musée du Louvre, œuvre commune aux éditions du Louvre et aux éditions Futuropolis (« L’Ile Louvre », « La Traversée du Louvre », « Période glaciaire »…). La voici maintenant à destination des enfants !

Je connais peu le travail d’Olivier Supiot si ce n’est un album que j’avais découvert par hasard lorsque mon grand avait 3 ans ½ ; en 2009, j’avais écrit une chronique toute bancale sur l’un de ses albums : « Tatoo ». Malgré le plaisir que nous avions eu avec ce livre jeunesse, j’ai peu fouillé sa bibliographie passée et récente. On peut toutefois difficilement passez à côté du très remarqué « Pieter et le Lokken ».

L’auteur laisse échapper son imagination. La « Tête de cheval blanc » de Théodore Géricault prend vie et s’indigne de sa simple condition d’œuvre d’art qu’elle perçoit comme avilissante. La créature, emportée par son élan, cherche même à convaincre ses pairs que la vie est dehors… dans un ailleurs qu’il ne connaît pas et compte bien découvrir.

Je n’en pouvais plus d’être enfermé !! Je suis un cheval après tout !!

Tête de cheval blanc de T. Géricault
Tête de cheval blanc de T. Géricault

Olivier Supiot l’imagine en train de galoper dans les galeries du musée où il fera d’étonnantes rencontres. La visite commence par la salle 61 où sont exposées les œuvres de Géricault. Puis, l’escapade commence. En chemin, il passe par la collection égyptienne où il fera la connaissance de la féline Bastet. Chaque rencontre est pour lui un étonnement, chaque conversation l’invite à la remise en question. Il s’obstine, « tête de mule », à reprendre sa course aveugle, cherchant la sortie. Il file comme le vent, au hasard et interpelle essentiellement des représentations picturales d’équidés… mettant ainsi en lumière le lien particulier qui existe entre le Musée du Louvre et le cheval. Un dossier pédagogique [présent en fin d’album] invite d’ailleurs le jeune lecteur à prendre conscience de ce point et lui rappelle qu’avant d’être un musée, le Louvre était un palais royal ; l’un de ses bâtiments abritait les écuries qui logeaient les chevaux du roi et de sa cour.

La profusion d’œuvres représentant des chevaux met aussi en exergue ce lien privilégié entre l’homme et le cheval et n’est pas sans rappeler un album de la collection-adulte du Louvre : « L’Art du chevalement » (Loo Hui Phang & Philippe Dupuy, éditions Futuropolis & Le Louvre).

Bel album dont je salue la démarche. D’ailleurs, il est intéressant de voir comment il pique la curiosité du jeune lecteur et l’invite à laisser libre cours à son imagination. Et que nous dirait la Joconde si elle aussi sortait de son tableau ? Où se rend l’éléphant de Jean-Baptiste-Amédée Couder ? Le cavalier en armure d’Auguste Raffet est-il mort de sa belle mort ou sur un champ de bataille ?… de quoi stimuler l’imagination des plus jeune et les inviter à réfléchir à ce qu’est une œuvre, ce qu’elle représente, ce qu’elle symbolise et éveille chez la personne qui la contemple. Ce qu’est le processus de création également ; ce peut-être une recherche de soi, un entraînement visant à perfectionner son art ou bien encore un témoignage : « quelqu’un t’a créé pour laisser une empreinte pour toujours ».

PictoOKUne visite ludique et interactive du Musée du Louvre. Le cahier pédagogique inséré en fin d’ouvrage permet également à l’enfant de se sensibiliser au parcours de Théodore Géricault, à son œuvre et à son rapport si particulier avec le monde équestre. Un support didactique et ludique intéressant.

la-bd-de-la-semaine-150x150Un album que je partage dans le cadre de la BD de la semaine. Les liens sont aujourd’hui chez Moka.

Le Cheval qui ne voulait plus être une œuvre d’art

One Shot
Editeur : Delcourt et Le Louvre Editions
Collection : Delcourt – Le Louvre
Dessinateur / Scénariste : Olivier SUPIOT
Dépôt légal : novembre 2016
46 pages, 14,50 euros, ISBN : 978-2-7560-7932-5

Bulles bulles bulles…

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Le Cheval qui ne voulait plus être une œuvre d’art – Supiot © Guy Delcourt Productions & Le Louvre Editions – 2016

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

22 réflexions sur « Le Cheval qui ne voulait plus être une œuvre d’art (Supiot) »

    1. 🙂
      Je ne sais pas si tu as eu l’occasion de lire des ouvrages de la collection adulte mais parmi eux, l’ouvrage de Florent Chavouet et celui de David Prudhomme sont ceux qui m’ont le plus marquée (je n’ai pas lus et j’imagine qu’il y a d’autres pépites).
      En tout cas, c’est une façon originale de découvrir les œuvres du musée

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  1. ohhhh ça me plait et ça devrait plaire à mes bandits ! D’autant qu’on est allés au Louvre au mois d’avril 😉 je note, le père noel aura peut être encore une petite place pour cette BD là héhé

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    1. Sacré barbu ! Après avoir lu cet album, on a enchaîné sur le même thème (mais pas au musée du Louvre) avec un ouvrage de Max Ducos : « L’Ange disparu ». Si vous ne connaissez pas déjà, je pense que ta choupette préfèrera le Ducos 😉

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    1. J’ai mon petit bout de 7 ans qui n’a écouté que d’une oreille. Par contre son grand frère (10 ans) était déjà plus intéressé 😉

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  2. J’allais poser la même question que Leiloona car je pense que ça doit être une lecture sympa à faire à deux avec son petit lecteur/visiteur de musée 😉

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    1. Oui c’est sympa à deux. Il cherche des yeux des œuvres qu’il connaitrait déjà mais la « quête » du cheval leur est moins accessible s’ils sont trop jeunes. Initialement, le cheval n’avait qu’une idée en tête : sortir du musée pour galoper. C’est en cherchant la sortie qu’il rencontre d’autres œuvres et que la question de sa propre identité (un tableau ou un être à part entière) se pose. Et dans cette lecture-là, si tu t’arrêtes (vraiment) trop longtemps… et bien l’enfant perd un peu le fil de ce qui se dit dans cet album 😉

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    1. A voir les autres titres qui viendront enrichir la collection… Je trouve qu’elle commence plutôt bien, plutôt à partir de 10-11 ans celui-ci. On verra pour les autres. Et puis il y aura certainement des titres moins bons et des titres meilleurs que celui-ci (comme pour la collection des « grands » quoi ^^).
      En tout cas, ça élargit l’univers jeunesse et c’est tant mieux 🙂

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    1. Alors tu me diras ce que tu en penses lorsque tu l’auras lu ! 😉 En tout cas, je (re)découvre Supiot que je ne connaissais qu’avec une série jeunesse muette (dessin tout rond, bouilles hyper expressives, couleurs vives etc). Ici, rien à voir avec tout cas et c’est plutôt réussi !

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    1. Pour t’y préparer, tu as l’album de Prudhomme qui est très drôle. « La traversée du Louvre » : ça te force à décaler le regard de façon… originale… 😉 :mrgreen:
      Et moi aussi j’aimerai bien y retourner autrement que par le biais des livres 🙂

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  3. Je ne connais pas (ni la collection à destination des adultes, ni celle à destination des enfants) mais j’adore l’idée et ta présentation me donne très envie de découvrir cette BD (et les autres?). Je la note! Merci!

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    1. Un album plein de vie. L’image d’un cheval qui galope au beau milieu des salles du Louvre a beaucoup fait rire ici 🙂 Je ne sais pas si c’était l’idée de l’auteur mais ce fut un heureux effet secondaire de cette lecture 😀

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