Tout commence il y a quelques années alors que Jean-Luc Loyer se rend aux obsèques de sa nièce, partie bien trop jeune… Elle avait 22 ans. Elle a choisi de se donner la mort. Cet album lui est dédié, un album autobiographique mais romancé.
…. Et c’est donc à toi que je dédie cette histoire, Petite Fleur, car sans le savoir, et au-delà de toute ma tristesse, tu venais de bouleverser ma vie.
Quelques années plus tard, Jean-Luc Loyer tente de s’y retrouver dans une relation affective qu’il entretient avec une femme mariée ; cette dernière refuse de quitter son mari pour « une vie sans lendemain » … un problème de surpoids… des fins de mois très difficiles… et un manque de confiance et d’estime en soi assez conséquents.
Puis il décroche un emploi ; rien que cet évènement, en soi, le fait sortir de son marasme, de sa routine et de la galère. Chargé entre autres de former Eléonore, la fille du patron, il va surtout apprendre à côtoyer cette jeune femme aussi morose que surprenante. Entre la dépression, l’anorexie et les nombreuses tentatives de suicide qu’elle a faites, Eléonore est une écorchée vive. Jean-Luc Loyer y voit là l’occasion de se « racheter » du fait de ne pas avoir été présent auprès de sa nièce. Il va tendre la main à sa collègue qui va petit à petit devenir une amie. Il va tenter de l’aider à se redresser et à combattre ses démons.
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Un récit touchant, discret et intimiste. Voilà ce que nous propose Jean-Luc Loyer en nous permettant d’entrer un peu dans son intimité. Des questions personnelles, des doutes, des peurs et quelques angoisses, voilà ce qu’il livre à nos regards curieux, sans jamais livrer l’élément superflu et tout en préservant cette pudeur que l’on sent. Un témoignage rare, presque fragile tant on sent qu’il touche à quelque chose qui n’est pas encore cicatrisé… ou mal cicatrisé. Jusqu’à présent, j’avais eu l’occasion de lire deux de ses albums, des récits engagés, l’un taillant un costard à la société de consommation (c’est l’excellent « Le Grand A » réalisé en collaboration avec Xavier Bétaucourt) et l’autre revenant sur la condition des mineurs au début du XXème siècle (il s’agit de « Sang noir » qui est un bon documentaire édité chez Futuropolis).
On suit donc le narrateur dans le récit de cette période particulière de sa vie. Il se démène avec ses propres difficultés, semble avoir abdiqué face aux problèmes qu’il rencontre (chômage, difficulté à percer dans le secteur de la bande dessinée, agir sur ce rapport problématique qu’il entretient avec la nourriture…) mais il garde le cap malgré tout et cela se révèle payant.
Un récit simple, sans démonstrations excessives, sans exploits autres que ces petites victoires que l’on gagne de temps en temps sur la vie, la routine ou la maladie. Un récit plein d’humanité qui n’est pas allé jusqu’à m’ébranler mais qui m’a touché par sa sincérité, son humilité… et finalement la réflexion qu’il sous-tend. Tendre une main sans rien attendre en retour. Prêter une oreille attentive et accorder un peu de temps à l’autre, cet autre en morceau, cet autre bringuebalé par la vie… et grandir à son contact, se remettre en question et avancer doucement, pas à pas, vers un mieux.
Un album qui ne fera peut-être pas de grands remous mais qui, à son échelle, sait toucher le lecteur et lui insuffler l’idée de peut-être, un jour, arriver à sortir de son petit confort de vie pour tenter d’améliorer celui de ceux qui nous entoure. Une catharsis… et un regard humble et maladroit sur la maladie mentale.
Cintré(e)
One shot
Editeur : Futuropolis
Dessinateur / Scénariste : Jean-Luc LOYER
Dépôt légal : février 2018
136 pages, 20 euros, ISBN : 978-2-7548-1684-7
Bulles bulles bulles…
Un thème qui me rappelle le magnifique Le Perroquet de Espé. Cela m’inspire beaucoup et je vais devoir mettre cela de côté encore.
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Oui pour autant, « Le Perroquet » va beaucoup plus au fond des choses que ne le fait « Cintré(e) » . Ici, on est davantage dans la remise en question par laquelle est passé l’auteur, entre son problème de surpoids et le parcours chaotique de cette amie qu’il a tenté d’aider… bref, un album agréable à lire mais on n’en sort pas vraiment secoué 😉
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Ca peut me tenter si je le vois passer. Merci pour le dénichage.
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Avec plaisir Blondin ! J’aime beaucoup la discrétion et la subtilité de cet auteur. Assez surprise de le voir dans ce registre intimiste cela dit mais ça fonctionne aussi bien que pour ses albums plus documentaires 😉
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Je pense que je vais m’abstenir cette fois.
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Comme je vois les choses (et surtout, comme je connais tes goûts de lecture), je pense que tu fais bien 😉
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Le récit me plairait sûrement, mais je n’aime pas du tout les dessins. Je passe.
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Dommage (mais l’album que Jean-Luc Loyer a réalisé avec Xavier Bétaucourt mérite tout de même qu’on s’y arrête… « Le Grand A » 😉 enfin je dis ça… 😀 )
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Oh ça me plait ❤ merci copine pour cette découverte ❤
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C’est doux hein copine ! Mais c’est une belle main tendue en tout cas. Et une belle remise en question du narrateur aussi 😉
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Oh oui, ça me touche ce genre de Bds 🙂 Merci Mo!
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Avec plaisir Aurore 😉
Bonnes lectures à toi et bonne semaine 🙂
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