Rural ! (Davodeau)

Rural
Davodeau © Guy Delcourt Productions – 2001

Olivier, Étienne, Jean-Claude, Philippe, Catherine… tous vivent à la campagne dans le Maine-et-Loire, près d’Angers.

Ce reportage couvre une période d’une année et débute en Février 2000. A l’initiative d’Étienne DAVODEAU (qui a contacté les différents protagonistes), cet ouvrage nous permet de les suivre au quotidien. Il est ici question d’agriculture principalement, mais aussi des motivations et convictions de 3 amis et salariés qui ont monté un Groupement Agricole d’Exploitation en Commun (GAEC). Leur outil de travail est une exploitation agricole qui produit bio.

Quant à Philippe et Catherine, ils ont acheté une ruine il y a 10 ans de cela et la retapent.
Les aléas de la vie, les joies et les peines, tout cela va devoir se gérer en tenant en compte qu’une nouvelle autoroute va passer près, très près de chez eux… ils vont devoir réviser leurs projets d’avenir.

Ce n’est pas une fiction, mais un reportage.

… C’est l’histoire de trois hommes qui ont réunis leurs forces et leurs convictions pour monter une exploitation agricole. DAVODEAU va les suivre, une année durant, pour montrer les contraintes et les plaisirs aussi (ne les oublions pas) de la vie d’agriculteur.

… C’est l’histoire d’un couple qui de rien s’est fait un petit coin de paradis sur terre malgré les médisances et les difficultés… et le plus dur reste à venir.

… C’est l’histoire de Politiques qui ont les yeux plus gros que le ventre. Leurs danses à la tête de l’État imposent aux « petites gens » de danser la gigue à leur cadence.

C’est l’histoire des habitants d’un village qui fondent une Association pour tenter de limiter les nuisances auxquelles ils vont indubitablement être confrontés quand l’autoroute sera ouverte… C’est l’histoire d’une lutte contre des moulins à vents… et de la vie qui suit son cours.

Une préface de José Bové étonnante en BD, mais pas dépourvue d’intérêt.

Les découpes de planches sont assez basiques (généralement 3 bandes de deux cases chacune). On ne fait pas dans le bobo, on fait dans dans la sobriété. Ce n’est pas le support visuel qui incombe, mais le message que cet album souhaite faire passer qui est prioritaire. Dessins en noirs et blancs, dans lesquels j’ai retrouvé avec plaisir le trait d’Etienne Davodeau. Ce que j’ai apprécié dans cet album, c’est le choix de l’auteur de nous retranscrire son année d’observation à la manière d’un journal de bord. Les informations techniques, nécessaires pour nous faire une idée plus précise des tenants et des aboutissants, nous sont données progressivement dans l’ouvrage et pas dans un paquet informe en début d’album comme cela aurait pu être possible. Davodeau a investigué, il a eu des réponses au fur et à mesure… et l’ouvrage suit ce rythme.On s’attache aux gens qui peuplent ce livre.

L’auteurU n’a rien caché, n’a rien romancé, n’a rien enjolivé, il nous les as donné bruts tels qu’ils sont et c’est peut être pour cela que j’ai accroché rapidement à l’ambiance conviviale et chaleureuse de ce one-Shot.
J’ai rapidement dépassé ma réticence à lire cet ouvrage. Sacré pari de proposer un ouvrage sur le thème du monde de l’agriculture bio avec toutes les polémiques que cela peut soulever ! La question était de savoir comment Davodeau allait défendre ses convictions…

Récemment j’avais lu Les Fils de la Terre (Triptyque / manga), une série qui aborde le monde rural de manière plus « féerique ». Ce triptyque proposait un cas de figure possible dans un futur proche mais se basait sur l’utilisation de deux personnages assez stéréotypés : Shuntaro est un jeune fonctionnaire idéaliste et capable de bouger des montagnes, Kohei un jeune agriculteur acerbe et désillusionné sur l’avenir des agriculteurs.

Roaarrr ChallengeDans Rural !, il n’est pas question de stéréotypes, ni du monde magique de Casimir (ce que je reproche aux Fils de la Terre). Les styles de ces séries sont réellement opposés, pourtant toutes deux font passer un message que l’on retient, qui marque, et qui nous donne à réfléchir. DAVODEAU n’impose aucun positionnement particulier au lecteur. Il dresse des constats, des faits, libre à chacun d’en faire ce que bon lui semble en sortant de cette lecture. Je trouve que c’est la force de cet ouvrage qui a obtenu le Prix Tournesol en 2002.

PictoOKUn reportage intéressant dans lequel DAVODEAU a parfaitement réussi l’exercice de style de ne pas se positionner personnellement, ou très peu. Ce qui nous permet d’avoir un guide de lecture assez neutre et de ne pas être d’emblée rallié à une cause.

Autres ouvrages d’Etienne Davodeau sur ce blog : voir la catégorie Davodeau.

Extraits :

« Trois minutes après sa naissance, le futur steak essaye de se lever » (Rural !).

« Ils ont deux mois pour fouiller le site. Puis, les bulldozers arrivent. Alors, sous le soleil, ils notent, cartographient, prélèvent, photographient toutes ces traces humaines dont certaines les attendaient depuis 19 siècles sous quelques centimètres de terre. 19 siècles et 2 mois. Puis place aux bagnoles. C’est le progrès, petit Gaulois » (Rural !).

Rural !
Chronique d’une collision politique

One-Shot

Éditeur : Delcourt

Collection : Encrages

Dessinateur / Scénariste : Etienne DAVODEAU

Dépôt légal : mai 2001

Bulles bulles bulles…

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Rural ! – Davodeau © Guy Delcourt Productions – 2001

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

12 réflexions sur « Rural ! (Davodeau) »

  1. Un journal original et sensible qui pose de bonnes questions sur les modes de production agricole ou le problème de la construction des autoroutes, et quoique je ne partage absolument pas les
    convictions de José Bové, je le rejoins sur ses interrogations, et sur certaines de ses solutions. Bref, une excellente BD qui fait réfléchir.

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  2. ah je vais voir si je trouve cet album alors, car c’est ici que j’ai découvert « lulu femme nue » qui est vraiment bien ! un bd-reportage, la forme est tentante

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  3. Je garde un très fort souvenir de cette BD, quelque chose d’assez poignant… En plus c’est une des rares fois où j’ai réussi à faire lire une BD à mon père (j’habitais encore chez mes parents à
    l’époque de sa sortie) et je l’ai vu par la suite emprunter toutes les BD de Davodeau à al bibli!!

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  4. J’ai eu plus de mal que toi au sujet de la neutralité de l’auteur … à cette lecture, on sait de suite où il se situe, même s’il s’est efforcé de donner des faits bruts sans se positionner. Mais il l’explique très bien dans sa préface 🙂

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    1. Oui, c’est vrai qu’on sait de suite dans quel camp il se situe, on le ressent dès les premières planches en fait et je crois que j’ai complètement éludé cela ^^

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