Elle ne pleure pas elle chante (Corbeyran & Murat)

Elle ne pleure pas elle chante
Corbeyran – Murat © Guy Delcourt Productions – 2004

Laura apprend un matin que son père est dans le coma. Sans surprise, elle constate que cette nouvelle la rend heureuse et la soulage.

Éberluée, elle se rend chez sa mère pour la soutenir… être soutenue. Un sentiment confus de joie et d’incrédulité animent Laura. Elle profite de la venue du médecin de famille pour accompagner ce dernier à l’hôpital et se rendre compte d’elle même de la situation. Elle saisit cette occasion qui ne se présente qu’une fois dans une vie, de pouvoir déverser tout ce qu’elle a sur le cœur et poser enfin cartes sur table avec son père.

Chasser ses vieux démons, mettre en mots sa haine et sa rancœur pour pouvoir enfin vivre.

Un récit essentiellement narratif dont on en devine rapidement le contenu. Le dessin rend les personnages très humains, fragiles.

Voici l’adaptation d’un roman d’Amélie SARN qui introduit elle-même le One-Shot par ces mots : »il est de ces textes que l’on n’écrit pas mais que l’on crie. De ces textes que l’on a portés si longtemps qu’ils sont indissociables d’une partie de votre âme. C’est le cas d’Elle ne pleure pas elle chante. Un texte intérieur et intime.

Pourtant, ce texte, Éric et Thierry vous avez su, je ne sais comment, le porter avec moi et mieux encore, le faire vivre autrement. J’ai écrit les mots, vous avez éprouvé des sensations que vous avez retransmises avec votre propre langage, votre grammaire, votre vision. Peut-être vos peurs. Mon cri est devenu le vôtre.

Je dois bien avouer que j’avais la trouille. Avais-je vraiment envie de partager cette histoire ? Les images ne risquaient-elles pas d’être crues ou trop violentes pour moi ? Non. Tes mots et ton découpage, Éric, tes dessins, Thierry, sont la pudeur même. Et pourtant, tout est dit. A présent, je ne suis plus seule ».

J’en ais lu des récits sur ce thème. Qu’ils soient écrits par des victimes ou des professionnels ayant été amené à les accompagner… la plupart ont le défaut de vouloir trop toucher la corde sensible et créer une empathie déraisonnable chez le lecteur, en lui imposant de s’investir dans un combat ou hurler sa haine quant aux horreurs dont l’homme peut être capable. Mais Elle ne pleure pas elle chante ne s’impose pas. Certes ce récit ne laisse pas indifférent, mais il ne brusque pas, il ne dévoile pas des corps de manière impudique, il ne prononce pas des mots de manière brutale. Il dit les choses simplement, honnêtement : il est question de pédophilie.

PictoOKPictoOKTrès sympa, j’ai été prise au dépourvu par le thème de cette lecture mais la manière d’aborder le sujet est délicate et nous permet d’accéder à un témoignage qui ne vire pas au pathétique excessif.

Un récit optimiste du combat d’une jeune femme.

Ils en ont parlé ailleurs : Bdencre et .

Extrait :

« Cette petite fille aux longues tresses, cette petite fille qui a si peu protesté, cette petite fille… qui t’aimait, je l’ai jetée. Je l’ai balancée comme on se débarrasse d’une poupée cassée. Une poupée toute moche. Toute fêlée. Rien d’autre qu’une petite fille violée. Je n’ai pas le droit de vivre normalement parce que je porte en moi cette petite fille déchirée. Tellement laide. Tellement laide » (Elle ne pleure pas elle chante).

Elle ne pleure pas, elle chante

One Shot

Éditeur : Delcourt

Collection : Mirages

Dessinateur : Thierry MURAT

Scénariste : Éric CORBEYRAN

Dépôt légal : novembre 2004

ISBN : 978-2-84789-176-8

Bulles bulles bulles…

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Elle ne pleure pas elle chante – Corbeyran – Murat © Guy Delcourt productions – 2004

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

8 réflexions sur « Elle ne pleure pas elle chante (Corbeyran & Murat) »

  1. Ce bouquin, sous un trait hyper simplifié, de gros à-plat… révèle une histoire subtile et très dure.
    C’est une BD exceptionnelle !

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  2. Ne pensez-vous pas, l’un et l’autre, que la fin a quelque chose d’incompréhensible? En tous cas, je sais que moi je n’ai pas su quoi comprendre. Conclusion trop rapide de Corbeyran? Sujet qui ne me
    concerne pas?

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  3. L’épilogue est hyper fort.
    La relation entre le père et sa fille, quelle qu’elle fut, est immuable : un truc qu’on ne peut oublier. Et justement : lui l’a oublié. Alors bien sûr, peut-être a-t-il oublié consciemment (parce
    que le mal qu’on fait, on se le prend on face quand on en réalise la portée…), inconsciemment (à cause de dialogue à sens unique lors de son coma), ou est-ce juste médical…
    On peut croire ce qu’on veut. Moi je pense qu’il est sorti du coma pour se faire pardonner (il a tout « entendu »). Mais c’est pas important.
    Moi, je me suis mis toujours de son coté à elle (c’est le choix des auteurs). Ce qu’elle vit lors de ses discutions à l’hopital, et après le réveil…
    Et quand elle dit, pour terminer, qu’elle rit aux éclats, je chiale comme une madeleine.
    C’est un cauchemar qui s’achève, la route vers le pardon.

    (je n’ai pas lu le roman de Sarn, mais je pense que Corbeyran et Sarn, voisins bordelais, ont parlé de cette adaptation)

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