L’étoffe des légendes, tome 1 (Raicht & Smith & Wilson III)

Raicht – Smith – Wilson III © Soleil Productions – 2011
Raicht – Smith – Wilson III © Soleil Productions – 2011

« Brooklyn, 1944. Un enfant est kidnappé par le Croquemitaine et entraîné dans un royaume mystérieux nommé L’Obscur. Les jouets du jeune garçon décident alors d’organiser une mission de sauvetage. Parvenus dans ce monde inconnu, ils subissent une étrange transformation : l’ours en peluche devient un animal féroce, le soldat de plomb un as de la stratégie militaire, le bouffon dans sa boîte un acrobate maniant parfaitement la hache… Au cours de cette périlleuse aventure, ils livreront un combat contre les armées du Croquemitaine afin de retrouver et secourir leur petit maître » (extrait du Quatrième de couverture).

Beaucoup d’originalité dans l’univers de cette série même si le principe des jouets qui s’animent n’est pas nouveau ; les exemples sont nombreux à l’instar de Toy story, du Soldat rose ou, pour ne citer que des références du neuvième art : Joe l’aventure intérieure, Calvin & Hobbes, Herobear & the kid, Tigres et Nounours

De l’originalité certes, mais un scénario discordant. Non pas qu’il s’essouffle – de nouveaux éléments narratifs sont régulièrement injectés dans le récit pour relancer l’intrigue – mais les propos des personnages sont souvent médiocres. L’exemple qui me vient immédiatement à l’esprit est le passage où Percy (le cochon-tirelire) est intimidé par le Croquemitaine. Si ce tête-à-tête de plusieurs pages est – à mon sens – un moment bénéfique à la construction de l’intrigue, il permet également aux auteurs de créer une réelle tension qui manquait jusque-là. A ce moment de la lecture, je me dis qu’enfin, les différentes pièces sont posées et que l’histoire va trouver son rythme.

Surgit alors « Le Colonel » (le soldat de plomb), inquiet de l’état de santé de son ami suite à la bataille qu’ils viennent de livrer contre les armées du Croquemitaine. Et qu’est-ce que le Colonel trouve à dire à l’ennemi ??

Ecarte-toi de Percy sale monstre. Dis-moi où est le garçon. Sinon gare

Sinon gare !!!… No comment…

J’ai malheureusement d’autres griefs à formuler à l’égard du scénario. Tout d’abord, le fait que le groupe de personnages se construise sur de trop fragiles arguments. Exceptés le soldat de plomb et la princesse indienne, j’ai ressenti une nonchalance de la part des autres personnages et cela m’a déroutée. De plus, leurs propos sont trop politiquement trop corrects et cela étouffe la fougue qui aurait pourtant été nécessaire à cette épopée. Quant aux interactions entre les personnages, je les trouve également discordantes. Leurs témoignages mutuels d’amitié et d’encouragements sonnent faux, je les ai ressentis comme une forme excessive de flatterie ; cette impression est d’autant plus prégnante que les auteurs (Mike Raicht, Brian Smith) y recourent à plusieurs reprises. Dernier point sur la partie narrative : les monologues auraient mérités d’être plus concis, évitant ainsi au lecteur une démonstration de bravoure comme on en voit souvent dans les films américains à gros budget.

En somme côté narration : les éléments en présence sont trop maigres pour pouvoir matérialiser une ambiance, des sons…

Les teintes sépia des illustrations collent à merveille à l’ambiance de la scène introductive et aux quelques passages mettant en scène le jeune garçon dans un passé proche. Dans ces cas, ils servent le récit et aident le lecteur à ressentir la nostalgie du moment. En revanche, je n’ai pas trouvé que ce choix était opérant pour le reste de l’album. Il dessert les propos, donne l’impression que le spectacle est surjoué et rend cette quête pathétique.

Ils [les soldats du Croquemitaine] avaient supposé que la supériorité numérique suffirait pour arrêter ce pitoyable étalage de bravade des troupes loyalistes du garçon

pictobofGrosse déception pour un album dont j’attendais beaucoup plus. L’histoire est trop prévisible et pavée de bonnes intentions. Je ne parviens pas à croire aux rebondissements et je n’investis pas les personnages. Je ne pense pas lire la suite.

En aout 2012, Soleil annonçait que Disney avait acheté les droits de la série en vue d’une adaptation cinématographique prochaine.

Les chroniques : Jérôme, Zaelle, Feanor, Philéas.

Du côté des challenges :

Petit Bac 2013 / Catégorie Objet : Etoffe

Lieux imaginaires : L’Obscur (le royaume du Croquemitaine)

Challenge PetitBac LieuxImaginaires

L’étoffe des légendes

Tome 1 : L’Obscur

Série en cours

Editeur : Soleil

Collection : Soleil US Comics

Dessinateur : Charles Paul WILSON III

Scénaristes : Mike RAICHT & Brian SMITH

Dépôt légal : novembre 2011

ISBN : 978-2-302-01916-4

Bulles bulles bulles…

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L’étoffe des légendes, tome 1 – Raicht – Smith – Wilson III © Soleil Productions – 2011

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

10 réflexions sur « L’étoffe des légendes, tome 1 (Raicht & Smith & Wilson III) »

  1. Déçu je suis…
    J’avais adoré ce 1er tome, me laissant totalement embarquer par l’ambiance et le dessin. En même temps, je n’avais pas analysé les choses avec ton expertise…
    Le second par contre est un peu moins bon (j’imagine ce que tu en dirais…). Pas grave, on fera mieux la prochaine fois, je trouverai bien une BD jeunesse qui te fera craquer^^

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    1. « Mon expertise »… s’il te plait Jérôme, pas de gros mon sur ce blog ^^
      Je crois que dès le début, le personnage du soldat m’a été antipathique. Il fait de l’excès de zèle, de courage, de fidélité… bref, il est un peu trop américain pour moi ^^ Du coup, sous ce filtre tronqué, j’ai eu toutes les difficultés du monde à entrer dans cet univers. Seul l’ours m’a plu. Bourru, franc du collier, c’est le seul qu’on cerne à peu près.
      Je crois que je suis embêtée aussi… contrariée de ne pas avoir aimé !

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  2. Pas l’air folichon cet album… lorsque les dialogues sont minables, je crois que c’est foutu. La lecture devient irrattrapable. Les exemples que tu as mis sont parlants « Sinon gare… » je vois très bien quelle déception ça peut provoquer !

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    1. M’est avis que pour mieux se représenter cet album, il faut faire une synthèse entre la chronique de Jérôme et la mienne.
      Car je suis vraiment restée collée à mon apriori à l’égard du soldat de plomb. Je trouve que le scénariste s’écoute un peu trop parler au travers de ce personnage.
      Dommage vraiment, car je m’attendais à avoir un gros coup de cœur pour cette lecture.

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