Manabé Shima (Chavouet)

Chavouet © Picquier - 2010
Chavouet © Picquier – 2010

« Le Japon est tellement une île qu’il est un archipel.
Dans le catalogue japonais, on trouve des îles industrielles, des îles artificielles, des îles sacrées, des îles musées, des îles formol, des îles atoll, des îles balnéaires, des îles bleu-vert, des îles sauvages, des îles sans âge, des îles connues, Shikoku, et mêmes des îles où l’on pêche et l’on boit.
Parmi ces miettes de terre, il y a Manabéshima, une île dont on parle peu, mais où poussent très bien les poissons.

Ça tombe bien, je n’ai rien prévu cet été » (présentation officielle).

Cet album est un carnet de voyage, il fait suite au séjour de Florent Chavouet à Manabéshima en juillet 2009. Cet ouvrage est pour moi un OVNI comparé aux autres carnets de voyage qu’il m’a été donné de lire.

Le fait de profiter de la bonne humeur de l’auteur offre à la lecture un côté ludique et entraînant même si l’intérêt de découvrir le quotidien (faune, flore, traditions…) est l’essence même de cet ouvrage. Le ton narratif emprunté donne l’impression que l’on jouit d’un moment privilégié avec un ami qui rentre de vacances et nous raconte point par point les moments forts de son voyage. Cette atmosphère conviviale nous accompagne tout au long de la lecture. On ressent pleinement la qualité de l’accueil réservée au voyageur de passage, on perçoit les affinités et les complicités que l’auteur a tissés avec ses hôtes.

« Manabé Shima – Une île, deux mois, soixante crabes, quatre-vingt piqûres, cinquante shōchū, une minicar ».

Florent Chavouet semble être très spontané, il profite du moment présent, fait ressortir la magie de certaines rencontres et transmet ce qu’il a appris des us et coutumes locales. La spontanéité et l’humilité de l’auteur soulagent la lecture d’autant que la composition graphique est assez dense et très riche.

Un dessin parfois biscornu nous accompagne tout au long des 142 pages de l’album, décrivant avec minutie l’architecture locale, les portraits paysagers, l’intérieur des maisons et l’agencement des espaces habitables. Les choix retenus pour les angles de vue sont parfois surprenants mais ils semblent toujours tenir compte des dispositions et des proportions des pièces.

Enfin, les visages (également très réalistes) sont soignés ; ponctuellement un traitement du trait plus caricatural vient accentuer une émotion, cela prête à sourire. Cette veine humoristique permet de retranscrire au plus juste un un trait de caractère ou de la personnalité des différents protagonistes. Ces éléments sont très utiles lorsque l’auteur prend le temps de faire le portrait d’un habitant de Manabéshima (nom, profession, habitudes de vie, hobbies…).

En revanche, j’ai été marquée par ce contraste entre l’attention particulière accordée aux visages et aux décors et la description rapide des corps de chaque japonais présents ici. Coudes anguleux, volume de la tête disproportionné comparé à la taille du corps… ce qui a eu l’effet d’accentuer l’aspect drolatique du récit.

On sent donc l’auteur-narrateur très à l’aise dans son nouvel environnement et cela impacte fortement sur la lecture. A-t-il fait en partie cet album en temps réel ? Je ne saurais le dire mais quoi qu’il en soit, chaque page est une nouvelle découverte tant sur le fond que sur la forme. Manabé Shima n’est pas de la bande dessinée à proprement parler : la composition d’une planche s’organise indépendamment du reste, le sens de lecture est en perpétuel remaniement (ce qui nous oblige à tourner le livre dans tous les sens pour suivre le récit), les cases ne servent que ponctuellement pour organiser la découpe des pages, les phylactères sont régulièrement présents mais ne font pas légion… Florent Chavouet n’hésite d’ailleurs pas à guider son lecteur à l’aide de flèches, de pointillés… ou tout autre accessoire graphique qui permet une lecture fluide. Le dessin est mouvant. Impossible pour le lecteur de rester statique durant sa lecture… et à aucun moment cela m’a semblé être une contrainte.

PictoOKPictoOKOn plonge dans ce quotidien entraînant. Entre anecdotes, danses, jeux, traditions, pêche, événements festifs, rites spirituels et l’apparition régulière de cartes (réalisées par l’auteur et que ce dernier apprécie tout particulièrement).

Une lecture commune faite en compagnie de Lunch & Badelel ! Je vous invite à lire leurs chroniques (click).

Les chroniques de Nico, Jérôme, Zaelle, Choco.

Du côté des challenges :

Carnet de voyage : le Japon

Challenge Récits de voyage
Challenge Récits de voyage

Manabé Shima

One Shot

Editeur : Editions Philippe Picquier

Dessinateur / Scénariste : Florent CHAVOUET

(le site de l’auteur : clic)

Dépôt légal : octobre 2010

ISBN : 978-2-8097-0213-2

Bulles bulles bulles…

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Manabé Shima – Chavouet © Picquier – 2010

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

36 réflexions sur « Manabé Shima (Chavouet) »

    1. Tu verras, il est excellent !! J’ai passé un très bon moment de lecture, j’ai beaucoup ri et appris plein de choses. Bref, comment joindre l’utile à l’agréable ^^

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    1. Ca l’est, même si je ne disais pas ça avant de commencer la lecture. Jusqu’à présent, depuis le billet de Choco en fait, je m’étais contentée de feuilleter mais le graphisme me rebutait un peu. Bon… il n’y a que les imbéciles qui ne change pas d’avis ^^

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  1. Ah, le premier ce n’était déjà que du plaisir… quand je pense que je n’ai toujours pas craqué pour celui-ci, alors que, c’est certain, je vais adorer ^^

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    1. Oh ! Une Emmyne ??? 😛
      Tu avais publié un article sur « Tokyo Sanpo » ?? J’ai très envie de savoir comment tu l’avais accueilli 😉

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        1. Oui, c’est le problème avec les dédoublements de la personnalité. Une fois qu’on est soigné, il y a quelques séquelles qui trainassent 😛
          De mon côté, mes soins durent plus longtemps que prévu. Je fais rechute sur rechute ^^

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  2. Merci pour ce petit partage 🙂
    C’est rigolo, on s’est tous les deux posé cette question de la réalisation de ces dessins, temps réel ?

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    1. Ben quand tu vois le boulot réalisé… tu te dis qu’il a commencé sur place. Ça me semble logique, rien qu’en regardant tous les détails qu’il a intégré dans ses illustrations. Je me dis que s’il ne l’a pas fait en temps réel, il y a de nombreux éléments qui seraient passés à la trappe.
      En tout cas, si je le rencontre un jour, c’est une des nombreuses questions que j’ai envie de lui poser ^^

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      1. Il prends des photos des intérieurs aussi, puisqu’il dit dans l’album que l’un des habitants n’a pas souhaité qu’il en prenne et qu’il a dû finir le dessin de mémoire. Alors peut-être que c’était exceptionnel parce qu’il n’avait pas le temps à la fois de rester plus longtemps et de discuter avec lui. Mais c’est peut-être aussi une pratique plus courante.

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        1. Ah ouiiii, c’est vrai, j’avais oublié les photos !! Bon, quoi qu’il en soit, c’est un auteur avec qui je papoterais bien ^^

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  3. Un bout de temps que je l’ai lu mais je me souviens encore des plans en plongée à l’intérieur des maisons comme celui que tu montres en exemple. Un vrai dépaysement, léger et fort bien construit.

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    1. C’est le genre d’album qui marque je crois. Difficile d’éluder toute cette richesse graphique et narrative. J’ai très envie de découvrir « Tokyo Sanpo » maintenant ^^

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  4. Merci pour le lien 😉

    Il ne te reste plus qu’à lire Tokyo Sanpo ! Un livre dans lequel on apprends également beaucoup de choses sur la vie Japonaise ^^

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    1. … il faut le passer dans la PAL 😉 (je sais, plus facile à dire qu’à faire ^^)
      On a prévu une petite synthèse tantôt sur kbd 😉

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