Suite à mon coup de cœur du mois de janvier concernant les aventures de Philémon, je vous avais fait part de mon souhait de poursuivre l’exploration de cet univers. Voici chose faite puisque l’occasion m’a été donnée de découvrir la troisième intégrale de Philémon (regroupant les tomes 11 à 15) ainsi que le seizième et dernier tome de la série… fraichement paru en février dernier.
Pour ceux d’entre vous qui auraient oublié, Philémon est un jeune homme rêveur. Il vit à la campagne chez ses parents et va régulièrement chez son oncle Félicien pour lui rendre de menus services. Sa vie est paisible mais elle a pris un grand tournant suite à sa chute dans le puits qui se trouve non loin de la maison familiale.
Ce jour-là, la pompe à eau était cassée. Son père lui demande alors d’aller chercher de l’eau au puits. Philémon s’y rend en compagnie de son âne Anatole et lorsqu’il remonte le seau rempli d’eau, il découvre y une bouteille. Celle-ci contient un message contenant un appel à l’aide. Quelques instants plus tard, Philémon est intrigué par l’apparition d’une seconde bouteille qui contient elle aussi un message similaire. Surpris, Philémon se penche pour mieux voir… et tombe dans l’eau. Il sera aspiré par un tourbillon. Avant de perdre connaissance, il a le temps d’apercevoir un requin !
Quand il reprend ses esprits, il est étendu une plage. Grâce à sa rencontre avec Vendredi, un centaure, Philémon apprend qu’il est échoué sur l’île du « A » (le « A » est une des nombreuses îles du Pays des lettres de l’OCEAN ATLANTIQUE). Il fait également la connaissance du Naufragé du « A » (voir Le Naufragé du A, publié pour la première fois en 1972) qui n’est autre que Barthélémy, le puisatier de son village qui a disparu depuis quarante ans ! Barthélémy a passé toutes ces années sur cette île à tenter de trouver un moyen de rentrer chez lui… Grâce à Philémon, il y parviendra enfin. Mais de retour au bercail, Barthélémy se met à déprimer. Il a la nostalgie de son île et de son ami Vendredi.
Apprenant cela, Philémon décide de demander de l’aide à son oncle Félicien. Ce dernier leur révèle que le Pays des lettres de l’Océan Atlantique a peu de secrets pour lui. En revanche, il s’affole quand il apprend que Barthélémy et Philémon ont emprunté le même chemin pour passer d’un monde à l’autre. Car s’il y a bien une règle à respecter c’est de ne jamais utiliser le même passage deux fois de suite !!
Heureusement, cet homme connaît les nombreux chemins permettant de passer d’un monde à l’autre. Malheureusement, certains sont hasardeux et tous ne conduisent pas au A… La quête de Philémon et Barthélémy les amènera, malgré eux, à découvrir les autres lettres du Pays des lettres de l’Océan Atlantique.
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Je m’arrête-là pour le synopsis mais il y aurait tant et tant à dire sur les périples que nous allons vivre en compagnie de ces trois personnages !! Pourtant, j’ai déjà spoilé une partie du tome 1 afin de vous présenter « rapidement » cette série de 16 tomes.
Je suis conquise par cet univers. En premier lieu, les couleurs nous accrochent et contribuent à créer une atmosphère atypique. Elles pétillent et véhiculent une ambiance qui varie au fil des pages. On sera tantôt serein, tantôt emporté par l’effervescence d’un moment, tantôt charmé par une rencontre ou la tristesse de Barthélémy qui désespère à l’idée de ne jamais retrouver le A. Le dessin de Fred est fluide, souple, spontané, vivant et surprenant. L’auteur a su innover et proposer de nouvelles compositions graphiques ce qui rend la lecture ludique. Ainsi, il n’est pas rare de voir les personnages sortir des cases ou enjamber les marges qui les séparent, ou de les voir interpeller indirectement l’auteur sur la cocasserie ou l’absurdité d’une situation…
Fred s’amuse d’eux et avec eux et cela, il le fait avec beaucoup de tendresse (même lorsqu’il soumet Barthélémy aux pires supplices !). Non content de tordre les codes de l’art séquentiel, Fred semble s’amuser à tordre les codes et les conventions sociales. Il les rend malléables, dénonce toute forme de bêtise humaine. De la magie, de la folie, de la poésie, de la fantaisie, de la malice… tout cela est présent ici.
Le plaisir de lire cette série est présent à chaque nouvelle aventure. Fred joue tout le temps avec son dessin, avec les mots ou les expressions de la langue française.
Comme un gosse espiègle, il semble vivre ses aventures en compagnie de ses personnages. Il a créé un monde monde à la fois si absurde et si cohérent qu’il en est parfois déroutant mais toujours, on s’amuse et on est complice de ce qui se passe dans l’histoire. Ce monde est poétique, il nous invite aussi à philosopher, à réfléchir mais tout cela se fait avec beaucoup de naturel. Fred a de l’humour, Fred fait de l’esprit… et Fred fait rêver tout le monde. Ainsi, le petit lecteur (comme mon fils de 7 ans) peut prendre ses histoires pour argent comptant (et trouver que les grands sont vraiment bizarres mais très rigolos ^^). Quant aux « grands lecteurs », ils pourront profiter d’une écoute au second degré. La série propose une belle critique de notre société mais le ton ironique des propos est sans animosité… Le calme et la naïveté de Philémon évacuent totalement toute forme d’agressivité dans ce regard décalé sur notre réalité.
Les voyages de Philémon me dépaysent et m’amusent. Petit bémol sur le tome 15 (Le Diable du peintre) que j’ai trouvé plus confus que les autres titres. Et une frustration liée à la lecture du tome 16 (Le train où vont les choses) qui vient clore la série. Ce tome arrive en effet 26 ans après son prédécesseur… et 48 ans après les débuts de Philémon dans le Journal Pilote !! Mais malgré cela, la volonté de Fred est restée intacte durant toutes ces années et a permis que cet album voie enfin le jour mais en 39 pages seulement… Pourtant, la préface de Marie-Ange Guillaume nous préparait à cette fin intrigante et mentionnant notamment les nombreux impondérables rencontrés par Fred durant ces deux dernières décennies, l’empêchant ainsi de finaliser cet album plus tôt. Mais le fait de découvrir cette Lokoapattes susceptible qui carbure à la vapeur d’imagination est un vrai régal. Maintenant, il m’avait semblé que ma chronique sur les deux premières intégrales avait fait mouche. Plusieurs lecteurs avaient semble-t-il noté cette série… je vous attends car j’aimerais réellement vous lire sur Philémon
Une lecture que je partage avec Mango et vous… lecteurs BD du mercredi 😉
Un projet d’adaptation de la série au cinéma… j’ai hâte de voir ça !
La chronique de Du9, La Griotte et une invitation à visiter Batbad (site d’un passionnée de Fred).
Du côté des challenges :
Petit Bac 2013 / Prénom : Philémon
Lieux imaginaires : retour au Pays des lettres de l’Océan Atlantique
Philémon
Série terminée
Intégrale 3 regroupant les tomes 11 à 15
Tome 16 : Le train où vont les choses
Editeur : Dargaud
Dessinateur / Scénariste : FRED
Dépôt légal : 2011 (pour l’intégrale) et février 2013 (tome 16)
ISBN : 978-2205-03741-8 (t.16)
Bulles bulles bulles…
Aussi incroyable que ça puisse paraître ma médiathèque n’a aucun album de Philémon en prêt. Une vraie faute professionnelle… Bon, je retourne dans ma librairie BD préférée demain, j’en ressortirai avec le tome 1 de l’intégrale, promis ! Tu l’as tellement bien vendue cette série que je ne peux pas passer à coté, je m’en voudrais de rater ça^^
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Aucun Philémon dans ta Médiathèque !!!! Mais qu’est-ce que c’est que ce bazar !! C’est du grand n’importe quoi. Ah, on ne peut pas dire que je défende ardemment les classiques habituellement mais pas de Philémon (une série qui date de 1965)… c’est un peu euh… une erreur oui.
Quant à la première intégrale, je me sens obligée de repréciser une chose que j’avais signalée dans mon autre chronique (ou dans les commentaires… je ne sais plus) : l’intégrale 1 commence par « Avant la lettre », un album publié en 1978 (soit 6 ans après le « Naufragé du A »). C’est vrai que si on remet les choses dans l’ordre, l’ouvrage de 1978 est une douce introduction à l’univers de Philémon. Après, il n’est pas très représentatif de l’ambiance du reste de la série. Je ne te conseille pas forcément de sauter ce chapitre de la lecture mais si tu n’accroches pas avec « Avant la lettre », ne classe pas trop vite cet album sur tes étagères 😉
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Que d’enthousiasme ! Comment ne pas en avoir envie ? Je ferai bien moi aussi la connaissance de Philémon !
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Oui… mais tu m’avais déjà dit ça quand j’ai présenter les deux premières intégrales alors… 😛
Moi… je suis comme Saint Thomas… 😆
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Fonces, je ne vois pas quoi dire d’autre !! 😉
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Même si ton engouement est communicatif, je suis un peu freinée par le nombre de tomes même s’il y a des intégrales… à voir si je me laisse tenter un jour
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Si tu as l’occasion de feuilleter un de ces tomes. Il me semble difficile de retranscrire les jeux de couleurs de Fred, les ambiances…
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Bon, là comme ça je ne suis pas très emballée par les dessins mais ce que tu en dis donne tellement envie de se lancer… Je vais voir si ma bibliothèque a des étagères plus fournies en Philémon que celle de notre Jérôme pour me lancer et découvrir cela !
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J’espère qu’elle sera mieux achalandée en tout cas. C’est tout de même incroyable qu’une série aussi importante ne soit pas présente en médiathèque.
A voir si le dessin te « parlera » un peu plus quand tu auras l’occasion de feuilleter 😉
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Je ne connais pas Philémon… Quoique j’ai tout de même l’impression d’en avoir feuilleté un ou deux il y a quelques années… Je n’en ai gardé aucun souvenir, oups…! Je vais réessayer, promis !
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« Le naufragé du A » et « Le piano sauvage » ! Commence par ces deux premiers tomes. Si tu n’accroches pas… je doute que la suite te captiveras 😉
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Je l’avais déjà noté en janvier et je renote donc…
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J’ai éclusé toute la série en deux articles. Je ne pourrais pas y revenir… ^^
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Pfff ! Et j’peux même pas relire toute ma série : comme je déménage souvent, j’ai dû (un crève-coeur !) laisser une partie de mes BD dans le grenier de la maison de ma maman (loin, dans le sud-ouest). Bon, c’est aussi parce que je continue à acheter des BD et que je n’ai plus assez de place (au moins pour le moment : je règlerai ça le jour où je me « poserai » définitivement !).
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Tes albums ne sont pas perdus s’ils sont au chaud en lieu sûr 😉 Après, je te comprends. Je voulais notamment remettre la main sur les romans de Pearl Buck mais ils sont restés chez mes parents.
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Ils sont même par moments tellement au chaud que je crains pour la colle de la reliure ! (ah, Pearl Buck, ça me rappelle des souvenirs… !)
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Ah oui, les variations de températures, ce n’est pas l’idéal 😦
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Je ne connais pas non plus mais hier après-midi, à la médiathèque, j’ai vu un album de cet auteur. Je regarderai mieux la prochaine fois. 🙂
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J’espère que ce que tu y découvriras te plaira ! 😉
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Pour les classiques comme cette intégrale, j’y renonce par avance car j’ai trop de retard déjà dans mes connaissances BD et pour l’instant, je préfère les histoires en un seul volume. Une suite aussi longue me décourage toujours!
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Si tu passes par les intégrales… cela ne fait que 4 albums ! 😛
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C’est noté, je suis curieuse de découvrir ce personnage qui te plait tant 🙂
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Philémon me plait beaucoup oui. Et c’est en visitant une Expo consacrée à Fred que j’avais craqué pour l’univers. Cela s’explique peut-être par le fait que l’on était complètement plongés dans les couleurs de la série, ses odeurs (il y avait notamment toute une pièce recouverte d’herbe… ça sentait la terre humide ! mmh !)… Je pense que je relirais dans quelques temps. J’ai du passer à côté de beaucoup de choses durant cette première lecture. Beaucoup d’humour, de clins d’oeil, de jeux de mots…
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Eh, eh!! Ma fille est en train de lire Philémon et le naufragé du A au toilettes!! Elle s’est levée ce matin en disant « je veux lire « Mon » Maman! »
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Et bien… elle commence tôt !! Ne risques-tu pas d’avoir quelques soucis à l’école lorsqu’elle parlera des zèbres-geôle ou des pianos sauvages ??? 😛
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