Angoulême : photos du FIBD 2020

La 47ème édition du Festival International de la Bande-Dessinée s’est déroulée à Angoulême du 29 janvier au 2 février dernier. Il y avait beaucoup à voir, à lire, à faire…

Il y avait vraiment une bonne ambiance cette année et j’ai trouvé qu’il était très facile de circuler entre les différents espaces du festival… cette année, on piétinait moins sur place.

Un seul bémol : j’ai fait l’impasse complète sur le Off, faute de temps.

Retour en images sur cette édition 2020

« Aparté aquatique » … quand Cécile Bidault expose

Les auteurs en résidence : Chema Peral, Claire Fouquet, Claudia Blin & Co…

« Calvo, un Maître de la fable »

« Dans la tête de Pierre Christin »

« Nicole Claveloux : quand Okapi rencontre Metal Hurlant »

« Folklorique enfance, fantastique enfance » … quand Yakari, Naruto, Petit Vampire et Hilda sont à l’honneur

« Jean Frisano : de Tarzan à Marvel, l’Amérique fantasmée »

« Gunnm, l’ange mécanique »

Oriane Lassus exposée au sous-sol de la Maison du Papier

« Les Compagnons de la Libération » au Musée de la Déportation de la Résistance

« Catherine Meurisse, chemin de traverse »

« Lewis Trondheim fait des histoires »

« Yoshiharu Tsuge, être sans exister »

« Les mondes de Wallace Wood »

Angoulême c’est aussi … Marcher sous la pluie. Rire. Echanger. Commenter. Regarder. Contempler. Se retrouver. Parler. Partager. S’orienter. Se quitter. Se retrouver. Rencontrer. Traverser une haie d’honneur. Se réchauffer. Picoler. Ne rien prévoir. Se poser. Profiter de l’instant. Avoir/Être « dans le champ de vision » . Saisir l’occasion. Croiser. Reconnaître. Tchatcher. Oser. Pisser philosophique. Prendre un mètre… voire 25 centimètres. Des plots. Prendre la vie comme elle vient. Photographier. Déambuler. Saluer. Feuilleter. Acheter. Beuguer, beuguer, beuguer… et tant de choses qui ne se diront/se montreront pas ici mais qui réchauffent…

L’écorce des choses (Bidault)

Bidault © Warum – 2017

C’est l’été. Le temps des vacances est revenu. C’est moment de prendre la voiture, de monter à l’arrière, d’observer les paysages qui défilent, de s’émerveiller des couleurs de la nature, de ressentir les vibrations de la voiture. A l’avant, papa conduit et maman est assise sur le siège passager. Ils parlent en regardant une carte routière mais mon regard est attiré par un chat qui court se cacher dans la forêt. On a dû lui faire peur avec notre grosse voiture rouge.
La voiture freine. On doit être arrivé. Aujourd’hui, on emménage dans notre nouvelle maison à la campagne. C’est grand et puis il y a un arbre magnifique juste à côté de la maison. J’irai le voir demain. Mais aujourd’hui, je reste avec mes parents. Maman me parle. Je ne l’entends pas. Je suis sourde. Depuis toujours.
C’est l’histoire de cet été où tout à changer, où mon refuge est devenu cet arbre dont j’aime caresser l’écorce rugueuse. C’est la détresse de ma mère qui ne me comprend pas et que je ne comprends pas. C’est l’histoire de mon père qui n’est jamais là. C’est l’histoire où j’avance dans le silence espérant qu’un jour, je pourrais rencontrer quelqu’un qui acceptera de plonger son regard dans le mien et qui, patiemment, m’aidera à comprendre le monde dans lequel je suis née.

Le coup de cœur est venu dès que j’ai vu la couverture. « Ça ne présage » de rien me direz-vous (et vous avez raison) pourtant ici, la première impression était la bonne. Le fait de pouvoir plonger dans les yeux de cet enfant au sourire discret, le fait de la voir ainsi assise au milieu des feuilles rouges de l’automne… c’est à cet instant précis que la rencontre s’est faite. Ouvrir le livre, entrer dans l’histoire à pas feutrés, balayer du regard ces planches muettes, puis revenir au début, prendre le temps de scruter détails et visages. On est très vite aux côtés de cette fillette. Et très vite, on voit que son rapport au monde est différent du nôtre.

Sans emphase, Cécile Bidault aborde le monde de la surdité. En un coup de crayon elle nous fait voir le fossé qui sépare les entendants des malentendants. Elle nous montre la détermination de ce père à faire parler sa fille, exagérant les « A » et les « O » que fait sa bouche, invitant la fillette à toucher sa gorge pour sentir les vibrations, l’incitant à reproduire à l’identique un son qu’elle n’entend pas…

Des parents désarmés face à une enfant qui cherche à communiquer. Avec ses propres moyens, elle mime, dessine et cherche à apprivoiser ce sens dont elle est dépourvue. Le travail d’illustration de Cécile Bidault est délicat. L’auteur nous invite, le temps d’une lecture, à nous mettre à la place de cette fillette. On a très vite de l’empathie pour le personnage, on attrape le moindre détail qui nous permet de mieux appréhender ce qui se passe autour d’elle. Une dispute, un orage, une radio qui hurle des sons mais joie ! car ce sont autant de vibrations qui s’en dégagent, un rythme qui permet d’être bercé. Les premières pages contiennent quelques phrases ; la fillette nous parle en voix-off. Puis le silence s’installe définitivement et c’est au lecteur de comprendre seul le reste.

Coup de cœur pour cet album silencieux !

Sur le site Combat, une interview de Cécile Bidault qui revient sur la genèse de cet album. Je vous propose aussi ce lien qui vous permettra de découvrir le site Tumblr de l’album.

L’écorce des choses

One shot
Editeur : Warum
Dessinateur / Scénariste : Cécile BIDAULT
Dépôt légal : octobre 2017
128 pages, 20 euros, ISBN : 978-2-36535-297-0

Bulles bulles bulles…

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L’écorce des choses – Bidault © Warum – 2017