Trois ombres (Pedrosa)

Trois Ombres
Pedrosa © Guy Delcourt Productions – 2007

Dans un petit coin de campagne isolée, Lise et Louis ont bâti leur maison. Ils y vivent, heureux, avec leur fils Joachim.

Ce petit bout d’homme est un enfant joyeux et curieux de la vie. Il aide ses parents dans les travaux de la ferme, va braconner avec son père avec qui il est très complice…

Rien ne semble pouvoir émailler ce bonheur jusqu’au soir où Joachim se relève à la suite d’un cauchemar. Un cauchemar ? Il a peur de Trois Ombres qui l’observent du haut de la colline voisine. Les nuits passent, les ombres se rapprochent… et l’angoisse se blottit confortablement dans le quotidien de cette petite famille…

Voilà bien une BD que je n’aurais jamais eu l’envie de lire si justement Yaneck ne m’avait pas un peu forcé la main. Pourquoi ? Son thème qui, rien qu’à y penser, me donne des sueurs froides : la mort d’un enfant.

La trame narrative ne manque pas de nous faire faire un détour vers des angoisses liées à la mort de son propre enfant.

L’ambiance graphique me fait un peu penser à L’Homme Bonsaï de Fred BERNARD, mais en plus aérien, un peu à LARCENET mais en plus construit… bref, à quelque chose de familier dans lequel on se sent bien. Les traits sont ronds et apportent de la douceur, les décors oscillent entre féerie et réalisme. On erre dans un monde se situant plutôt vers le XVIème bien que cela n’ait pas grande importance (c’est juste pour vous inviter à vous représenter un monde sans technologies). C’est une histoire sans âge, intemporelle. Le sentiment d’être assez proches des personnages se crée rapidement, proximité tant physique (les cadrages utilisés nous projettent dans ce monde) mais également affective (les personnages sont très touchants, on les sent s’aimer et souffrir).

Trois Ombres, c’est aussi le miroir de nos peurs. Voir mourir son enfant n’est pas dans l’ordre naturel des choses. Ici, les parents de Joachim se protègent, chacun à leur manière. Lise recourt à un avis extérieur et, tout aussi fantasque soit-il, il permettra à cette jeune mère d’accepter rapidement la situation pour pouvoir tout simplement continuer de vivre sans regarder perpétuellement en arrière. Louis, le père, lui aura plus de difficultés à se résoudre à cela. S’accrocher à de faux-espoirs, fuir en avant, remplir le quotidien de nouvelles habitudes pour oublier… y parviendra-t-il ?

Roaarrr ChallengeCe périple relève-t-il de l’ordre du délire ou est-ce une réalité ? A ces questions, l’ouvrage ne nous permet pas d’y répondre catégoriquement. Le lecteur a la liberté de pouvoir y coller ses propres représentations, ses propres chimères. De même, la question du départ de Joachim reste vague : maladie ? accident ? L’album a obtenu le Prix Nouvelle République (Festival BD Boum) en 2007.

PictoOKPictoOKUne fiction très touchante, un auteur à suivre.

Trois Ombres

One Shot

Éditeur : Delcourt

Collection : Shampooing

Dessinateur / Scénariste : Cyril PEDROSA

Dépôt légal : septembre 2007

ISBN : 978-2-7560-0470-9

Bulles bulles bulles…

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Trois Ombres – Pedrosa © Guy Delcourt productions – 2007

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

18 réflexions sur « Trois ombres (Pedrosa) »

  1. C’est ça. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’égoïsme, là, puisqu’il est guidé par le désir de sauver leur enfant. Mais clairement, elle a un coup d’avance sur lui, et elle a compris beaucoup plus de choses. Ca laisse par contre une belle place au père, qui a le droit, chose rare, d’éprouver des sentiments irrationnels, de la peur, et qui n’a pas besoin d’être le bloc de granit monolithique. Et c’est une vision du père, avec ses défauts, que j’aime bien.

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  2. J’ai beaucoup aimé cette BD. Je l’ai lu parce que le graphisme m’attirait, sans connaître le sujet, heureusement, sinon je ne crois pas que je l’aurais lue. Difficile mais très fort et pudique aussi.

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    1. Je connaissais le thème avant de lire la BD et j’étais très réticente à l’idée de lire cet album. Les bonnes critiques en ligne m’ont convaincue. C’est vrai que le thème n’est pas des plus évidents et on rentre dans la lecture avec quelques appréhensions… mais le talent de l’auteur a raison des plus réfractaires d’entre nous ^^

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  3. Un petit chef d’oeuvre qui pervient à parler d’un sujet difficile avec des dessins magnifiques. J’ai terminé la lecture la larme à l’oeil. Je suis 5 fois papa et imaginer ça…..

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    1. Je l’ai gardé des mois dans ma Pal pour cette raison… j’ai deux petits pitchouns à la maison et j’appréhendais beaucoup de me confronter à l’album.

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