Sixtine, tome 3 (Maupomé & Soleilhac)

Maupomé – Soleilhac © Editions de La Gouttière – 2020

Sixtine est orpheline. Adolescente intrépide, elle a grandi sous le regard aimant de de sa mère. Toutes deux vivent modestement. Au décès de son père, les grands-parents paternels de Sixtine ont définitivement tourné le dos à leur belle-fille. D’ailleurs, ils n’avaient jamais accepté que leur fils se marie avec une femme de si modeste condition.

Depuis toute petite, Sixtine ne passe pas un jour sans Igor le Muet, Tranche-trogne et Archembeau, trois pirates fantômes. Ce sont ses amis, ses confidents et ses compagnons de jeu. Ils l’ont initiée à l’art du combat au sabre, à celui de l’esquive, de l’habileté et… de la répartie. Ces derniers temps pourtant, Sixtine se pose des questions et elle ne sait pas trop où trouver ses réponses. Les pirates sont de bons vivants mais qu’en savent-ils eux… sur son père par exemple ?

Oui, depuis quelques temps, le regard de Sixtine sur son environnement change. Cela a commencé il y a quelques mois, quand sa mère et elle – croulant sous les dettes – furent menacées d’expulsion. Voulant à tout pris aider sa mère à trouver une solution, Sixtine cherche à entrer en lien avec les parents de son père. Son initiative se solde par un échec. Pour Sixtine, il n’y a plus qu’une seule chose à faire : voler un trésor aztèque précieusement conservé dans un musée et le revendre ensuite ; le prix qu’elle devrait en tirer couvrira amplement les créances. Elle parvient effectivement à dérober le trésor mais Sixtine n’a d’autre choix que de l’enterrer dans un endroit sûr en attendant que les choses s’apaisent. Car depuis cette aventure, Sixtine est témoin d’étranges événements qui bousculent sa vie. De terrifiantes créatures rodent dans son sillage et la menacent.

Et comme la vie a toujours son lot de belles surprises, et comme pour atténuer toute cette tension, Sixtine découvre qu’un mystérieux ange gardien agit dans l’ombre et veille à la protéger.

J’ai embarqué dans l’univers de Sixtine en juin 2016 et vous ai brièvement parlé du premier tome de la série au moment de sa sortie en octobre 2017. Pour d’obscures raisons [je prendrai peut-être le temps de vous expliquer ça bientôt], le second tome de Sixtine n’est jamais arrivé jusqu’au Bar à BD [même s’il est arrivé chez moi et qu’il a été dévoré comme le précédent].

Sixtine, cela parle de l’adolescence en premier lieu. De ce moment si particulier de la vie où un individu quitte douloureusement le monde de l’enfance (avec tout ce que cela implique au niveau de l’imaginaire, des centres d’intérêt qui changent, de son rapport à l’autre qui se modifie, de son corps qui se transforme…) pour entrer doucement, pas à pas, dans le monde des adultes.

Sixtine, cela parle aussi d’identité. De ce que c’est que d’être orphelin et de ce que cela implique sur ce que l’on ne sait pas (ou de ce que l’on sait par la bouche des autres) sur la personnalité d’un parent que l’on n’a pas eu l’occasion de connaître. Lui ressemble-t-on ? A-t-on les mêmes tics ? Le même accent ? Les mêmes goûts musicaux ? Le(s) même(s) don(s) ?…

Sixtine, c’est aussi la chaleur d’une famille même si celle-ci est réduite à presque rien, à la bulle qu’une mère et sa fille ont créé et qu’elles parviennent à entretenir. Puis de la famille en général : cette manière de s’appuyer les uns sur les autres, de s’épauler… de s’opposer quand il y a désaccords. De se réconcilier ensuite.

Sixtine, c’est aussi la question du rejet. Du pourquoi certains se retrouvent amputés d’un pan de leur famille alors que la cassure s’est opérée avant même qu’ils puissent avoir voix au chapitre… ou parce que leur voix ne compte pas, comme s’ils étaient muets… ou parce que les adultes – trop affairés pour les écouter – ne tiennent pas compte de leur opinion.

Sixtine, c’est enfin une histoire d’amitiés. Parce qu’il y a la famille de sang dans laquelle on grandit… mais il y a aussi et surtout la famille qu’on se crée avec certains amis.

Parce qu’entre un adulte et un enfant, ces sujets que je viens de lister sont trop souvent abordés avec retenue. Il est plus simple de parler du doigt qu’on se met dans le nez plutôt que du parent qui n’a jamais été présent dans la cellule familiale. Difficile d’en parler spontanément, de façon décontractée. Et quand (enfin) la discussion est engagée, les premiers mots échangés donnent (souvent) l’impression qu’on vient de mettre les deux pieds sur une planche savonneuse… On y va maladroitement… D’autant qu’il est difficile d’aborder ces sujets parce qu’ils font (aussi) naitre des questions [compliquées] dans la tête de nos enfants… et que l’on sait d’avance qu’on n’aura pas de réponse (cohérente/intelligente/rassurante) à apporter. Frédéric Maupomé pourtant nous livre des pépites comme Sixtine, SuperS et Anuki qui sont de réels leviers à tous ces sujets compliqués. Pêle-mêle, Anuki (pour les pitchouns de 3-4 ans), SuperS et Sixtine (pour les plus grands dès 8 ans) abordent avec humour et finesse des sujets comme l’identité, l’amitié, les migrants, le deuil, l’environnement, le racisme… j’en passe.

Des ouvrages jeunesse qui sont donc de remarquables supports intermédiaires pour lancer la conversation. Pour un adulte, c’est un régal ; les métaphores contenues dans ces histoires sont un magnifique plongeoir pour faire enfin le grand saut. Plouf ! Du côté de l’enfant, ces séries [bien sûr, il y en aurait d’autres mais déjà, il y a une vraie richesse dans celles écrites par Fred] permettent au jeune lecteur de continuer à nourrir sa réflexion à bas bruit jusqu’au jour où il constate qu’il/elle a à peu près cerné ce qui le/la gêne et se sent prêt à questionner ses/ses parent(s).

Le scénario de Sixtine est ciselé. Il déplie dans un même mouvement un sujet sérieux et un élément plus ludique. Le message passe parfaitement, sans donner l’impression qu’un adulte fait une leçon de morale. Le scénario est parfaitement accessible à son lectorat et sans recourir à un vocabulaire générationnel saturé de termes « à la mode » , influencés par les médias sociaux existant, les séries du moment ou les peoples qui font le buzz. Frédéric Maupomé a créé un univers que des lecteurs de tous les âges vont visiter, investir et apprécier.

Après, si Sixtine plait autant, c’est aussi (surtout ? 😛 ) grâce au travail d’Aude Soleilhac qui a su trouver les couleurs, les trognes et la dynamique visuelle qui convenaient. Son trait ludique, joyeux et plein de mouvements se montre tout à fait capable de tenir sur ses fortes épaules ce scénario aussi solide. Quand le propos est grave ou que la scène est pleine de tension, le trait de l’artiste fait passer ce moment de tension comme une lettre à la Poste… c’est un album jeunesse ne l’oublions pas, il ne s’agit pas d’effrayer les foules non plus.

Bref, Sixtine, c’est l’alchimie entre un personnage et son univers. Entre un scénario et ses illustrations. Entre la série et ses lecteurs. Je kiffe… et mes gamins encore plus.

Sixtine / Tome 3 : Le Salut du Pirate

Editeur : Editions de La Gouttière

Dessinateur : Aude SOLEILHAC / Scénariste : Frédéric MAUPOME

Dépôt légal : janvier 2020 / 80 pages / 13,70 euros

ISBN : 979-10-92111-98-9

Sixtine, tome 1 (Maupomé & Soleilhac)

Maupomé – Soleilhac © La Gouttière – 2017

Il y a un peu plus d’un an, je vous présentais Sixtine. Voilà ce que j’en disais :

« Depuis que son père est décédé lorsqu’elle avait cinq ans, Sixtine vit seule avec sa mère. Cette dernière cumule les petits boulots pour faire face au quotidien mais les dettes s’accumulent dangereusement. D’ailleurs, un avis d’expulsion vient d’être remis à la mère de Sixtine.
Sixtine est une adolescente espiègle. A l’école, Sixtine peut compter sur Martin et Sophie, ses amis d’enfance. Mais Sixtine a un secret. Le jour où sa mère a disséminé les cendres de son père sur la plage, elle a rencontré Igor le Muet, Tranche-trogne et Archembeau. Depuis, ils sont inséparables. Avec eux, elle fait les quatre cents coups et ces derniers lui apprennent tout ce qu’ils savent, à commencer par le code d’honneur des pirates. Car les trois lascars ont écumé les mers et pillés des navires. Mais c’était il y a longtemps et aujourd’hui, ces fantômes se sont pris d’affection pour Sixtine et partagent sa vie » (extrait de mon premier article de Sixtine).

Oui… parce que sur ce coup-là, j’ai eu l’honneur d’être dans le secret des dieux. Des dieux bien nommés (et qui vont m’en vouloir de les qualifier ainsi 😛 ) puisqu’il s’agit de Frédéric Maupomé et Aude Soleilhac. Une belle aventure que j’aurais aimé pouvoir partager davantage avec vous mais il y a toujours ce fichu mauvais temps libre qui nous file entre les pattes…

Sixtine enfant

« Sixtine » c’est avant tout une histoire d’amitié que l’héroïne tisse avec ses camarades d’école et avec trois drôles d’énergumènes qui sont en réalité des fantômes. Depuis que Sixtine les a rencontrés sur une place lorsqu’elle était enfant, il ne se passe pas un jour sans qu’elle ne les voit. Elle se confie à eux, grandit à leurs côtés et se forge une personnalité pour le moins étonnante. Elle tire sa force de cette amitié, une confiance en elle et en ses convictions qu’elle n’a à envier à personne. Dans cette nouvelle série, on retrouve des thèmes chers à Frédéric Maupomé : l’amitié, l’enfance, l’aventure, l’intégrité. De nouveau, la question du trio : le trio des fantômes, celui que Sixtine a construit avec Martin et Sophie (dans d’autres albums, il y a celui de SuperS aussi avec la fratrie de Mat, Benji et Lili, ou bien encore celui d’Anuki). Des trios qui permettent aux dialogues de fuser, aux idées de jaillir et au scénario de rebondir en permanence.

La place de l’adulte aussi ; elle se décline différemment dans ces séries. Pour Sixtine, qui est orpheline de père, le lien à la mère est sa bouée, son phare. Pour que sa maman ne s’inquiète pas, Sixtine se montre forte et si elle garde le cap, c’est en partie dû à la présence des trois flibustiers ; ils lui ont appris bien plus qu’un vocabulaire pour le moins poussiéreux. Le fait que Sixtine soit la seule à les voir donne lieu à des scènes cocasses et entraîne la jeune fille dans des aventures rocambolesques.

« Sixtine » fut aussi l’occasion de découvrir le talent d’Aude Soleilhac. Un dessin doux, fluide, expressif qui illustre avec beaucoup de douceur cet univers mi-réaliste mi-fantastique. Elle accompagne Sixtine dans cette période si particulière où l’on se bien que sa vie va prendre un tournant décisif. La dessinatrice marque avec justesse les coups durs et les instants chargés d’émotion. Elle met en valeur les traits de caractère de l’héroïne, pointe avec pudeur ce qui la fragilise, une question d’identité, de filiation… Sixtine ne sait rien de son père et toutes les questions qu’elle a le concernant, et qui restent sans réponse, la mettent à mal.

Pour toutes ces raisons (et bien plus encore !), j’aimerais vraiment que vous découvriez Sixtine. Je vous garantis que cette série jeunesse vous réserve bien des surprises ! 😉

Sixtine est sur ce blog depuis 2016 !

Un album que je partage à l’occasion de « La BD de la semaine » qui se donne aujourd’hui rendez-vous chez Moka !

Sixtine

Tome 1 : L’Or des Aztèques
Série en cours
Editeur : La Gouttière
Dessinateur : Aude SOLEILHAC
Scénariste : Frédéric MAUPOME
Dépôt légal : septembre 2017
80 pages, 13.70 euros, ISBN : 979-10-92111-54-5

Bulles bulles bulles…

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Sixtine, tome 1 – Maupomé – Soleilhac © La Gouttière – 2017

Sixtine #3

Après moult péripéties, il était grand temps de vous parler de nouveau de Sixtine !

Je ne vous ai rien dit la concernant depuis bien trop longtemps et l’heure est venue de vous donner de ses nouvelles. Dans mon dernier article, vous aviez eu l’occasion de découvrir les grandes lignes de l’univers. Je vous avais alors proposé de consacrer un article à Sixtine afin que vous puissiez faire la connaissance de l’héroïne de la série. On va donc profiter de cet article pour entrer un peu plus loin dans les coulisses de ce projet et parler du travail de collaboration entre Frédéric Maupomé et Aude Soleilhac.

Comment ce personnage a évolué dans les différents travaux, trouvé sa silhouette, une gestuelle qui lui est propre ? Comment ses traits de caractères se sont peu à peu imposés aux auteurs, comme une évidence ? Comment « Sixtine » a trouvé son rythme, le ton adéquat pour le récit… un crédo en quelque sorte qui rend l’univers original ?

Place au travail de création.

L’idée de cette série a germé dans l’esprit de Frédéric Maupomé après avoir vu une série de dessins réalisés par Cécile (je vous invite réellement à vous rafraîchir la mémoire en relisant l’article Sixtine #2), les éléments qui ont par la suite enrichit l’univers viennent d’autres référence. Il y eu cette envie de créer un personnage qui soit un mélange de Sophie et de Fido (fans de la série « Inspecteur Gadget », j’en appelle à vos souvenirs) ? Alors oui, Sixtine avait une personnalité qui se dessinait déjà lorsque le projet – entièrement écrit en dialogues – arrive sur la table à dessin d’Aude Soleilhac. En revanche, Frédéric n’a rien dit à Aude – excepté pour Sophie (l’amie de Sixtine) pour laquelle la consigne était que le personnage devait obligatoirement être une jeune fille caribéenne (élément qui devrait servir dans les tomes à venir) – concernant le physique des personnages. La dessinatrice a ainsi eu tout loisir d’inventer et de les construire en fonction de son propre ressenti.

Sixtine – Maupomé – Soleilhac © La Gouttière – 2017

Si la trame de l’histoire narrative était déjà construite, il restait cependant à trouver le bon compromis graphique pour installer certaines précisions (émotions ressenties par les personnages, trouver les bonnes expressions pour que, d’un coup d’œil, le lecteur comprenne qu’il est face à une scène comique ou qu’au contraire, il est à un moment crucial de l’histoire et que la suite de l’aventure va dépendre du dénouement d’une scène ou d’un choix fait par tel ou tel protagoniste…).

Sixtine est donc « née » une première fois dans l’imagination du scénariste et ses traits de caractères se sont précisés lorsqu’il a couché par écrit les premiers dialogues de cette fiction. L’illustratrice peut ensuite corroborer certaines orientations. En ayant une liberté de création totale, Aude Soleilhac a ainsi apporté les compléments nécessaires au travail du scénariste. De la silhouette de Sixtine à l’ambiance de cet univers en passant aussi par un choix d’appliquer telle ou telle structuration à ses planches, elle a eu une influence importance sur la dynamique de cette histoire, sur la vitesse de lecture qu’on va choisir, sur le moment où – inconsciemment – on va s’attendrir face à la réaction d’un personnage où sur le moment précis où on va sourire ou encore être en alerte face à un danger imminent. Son dessin, ses couleurs et la taille de ses vignettes sont nos antennes.

Sixtine – Maupomé – Soleilhac © La Gouttière – 2017

Sixtine va donc « naître » une seconde fois sous le crayon de l’illustratrice. Il s’agit pour elle d’organiser des idées, d’attraper son ressenti, de préciser une forme puis, crayon en main, d’assembler ces éléments et d’en faire un univers graphique cohérent. Frédéric en construit l’ossature et donne les premiers repères. Aude le complète, l’enrichit et y apporte des détails nouveaux qui lui donneront de la rondeur.

« (…) pour chacun des personnages, je suis allée puisée dans mes expériences d’adolescence, le côté geek de Martin, le côté bonne élève sérieuse de Sophie, ses rondeurs nouvelles dues à l’adolescence, et le côté androgyne de Sixtine, en dehors des cases de la société »

(propos d’Aude Soleilhac)

Créer un personnage, l’investir à tour de rôle, ne jamais cesser de l’enrichir et surtout, confronter des regards sur un univers et ses personnages… voilà autant d’atouts qui vont permettre aux auteurs de s’appuyer sur une réelle interaction, un échange régulier entre scénariste et dessinateur qui permet de construite progressivement un univers dans lequel le lecteur trouvera sa place. Une place qu’il aura envie de retrouver plus tard lors de la sortie des albums à venir.

Lorsque le scénario a commencé à prendre forme, Sixtine était avant tout définie par des traits de caractère : déterminée, franche, futée, casse-cou, cancre et sportive. Un personnage qui est entier, qui s’appuie sur de rares amitiés mais des amitiés réelles, fortes. Lorsque Aude s’en saisit et commence à explorer cet univers, premiers croquis, la silhouette de Sixtine apparaît, son look vestimentaire se précise, sa gestuelle s’affirme progressivement. Sixtine ressemble un peu à Vincent (« Histoire de poireaux, de vélos, d’amour et autres phénomènes… ») sur certains traits de caractères. Aude poursuit : élancée, l’adolescente sera aussi androgyne, « passe-partout » avec son look vestimentaire en dehors des canons de la mode.

Sixtine – Maupomé – Soleilhac © La Gouttière – 2017

Sixtine a donc été investie à deux reprises par deux auteurs qui tous l’ont perçue de manière aussi différente que complémentaire. C’est un univers qui leur échappe donc en partie puisque tout au long de ce travail de création, les échanges ont permis de préciser un point de vue ou l’importance d’un détail (tic d’expression, attitude corporelle, sens de la répartie…). Le résultat les surprend tous les deux, comme un univers où ils ont injecté une part d’eux-mêmes mais qui est indépendant. Il y a aussi cette envie commune aux deux auteurs de partager des valeurs communes (un certain regard sur la société). Le sujet de la tolérance et celui du respect de la différence seront présents en toile de fond dans cet univers.

Une complémentarité réelle dans le travail dont sort des personnages avec une âme, un charisme.

Le prochain article sera l’occasion de vous montrer les différentes étapes du processus de création de cet album à paraître (septembre 2017).

Pour aller plus loin :

Sixtine #2

En juin, je vous présentais les grandes lignes d’un univers dont l’héroïne se prénomme Sixtine… avant de proposer à ce blog de prendre une longue pause estivale…

Je vous laissais donc sur votre faim concernant certains aspects d’une intrigue qui ose une cohabitation réussie entre l’univers de la piraterie, celui de l’adolescence et le registre du surnaturel.

Fantômes, incantations, des objets et/ou personnages qui disparaissent en un tour de main mais pour réapparaître à quel endroit ? Je me garderai bien de vous donner la réponse !

Frédéric Maupomé pioche dans les références de tout bord pour construire un univers original mais c’est bel et bien du côté de l’ésotérisme qu’il s’arrête pour donner de la consistance à l’intrigue. Sixtine – son héroïne – a ainsi l’opportunité de mener de front deux (en)quêtes intimement liées.

La jeune fille va tout d’abord chercher à obtenir davantage d’informations sur sa famille paternelle qu’elle ne connaît pas tout en se sensibilisant aux phénomènes étranges dont elle est le témoin. L’histoire s’est construite progressivement et le projet est né d’une série de dessins de Cécile publiés sur Facebook.

Lors d’une rencontre avec Frédéric en avril 2016, il explique : « J’avais envie de travailler avec elle et il se trouve que l’envie était réciproque. J’ai commencé à réfléchir à un scénario inspiré par les images qu’elle avait réalisées d’une petite fille jouant avec des pirates. Au départ, les pirates étaient le refuge imaginaire d’une petite fille atteinte d’une maladie grave mais l’histoire était très sombre et je n’ai jamais réussi à trouver le ton adéquat pour un album jeunesse. Du coup je suis reparti à zéro, j’avais envie d’une héroïne vive et dynamique, un personnage inspiré de Sophie et Fido (dans l’Inspecteur Gadget). Le projet à cheminé progressivement, les éléments ont trouvés leur place. Lors d’un trajet en avion j’ai voulu vraiment formaliser ce que j’avais en tête. Et là, la catastrophe. Le père décédé est arrivé, ainsi que la mère dépassée tentant de faire face au quotidien sans avoir jamais fait le deuil de son mari. Mon envie initiale de construire une série avec des albums indépendants les uns des autres venait d’exploser. Je me rappelle m’être dit en relisant tout ça  : « on est quand même loin de l’Inspecteur Gadget » »

Finalement, le projet n’a pu être finalisé avec Cécile. En revanche, l’univers graphique d’Aude Soleilhac étant prometteur, plein de malice et de gourmandise, Frédéric Maupomé a contacté l’illustratrice qui s’est jointe au projet. Les premiers visuels réalisés en février 2016 ont conforté l’idée que la collaboration serait fructueuse.

Lorsque Aude rejoint le projet, il est déjà très avancé puisque les dialogues des deux premiers tomes sont déjà écrits (rien n’est pourtant figé puisque le scénariste retouche ses dialogues jusqu’à l’envoi à l’imprimerie). Frédéric lui propose donc le scénario narré de l’intégralité du premier tome de « Sixtine », un univers réaliste enrichit d’éléments fantastiques. En effet, l’évolution de différents personnages devrait permettre aux jeunes lecteurs de trouver sa place dans ce monde sans grande difficulté. L’ambiance y est chaleureuse, les protagonistes conviviaux et l’intrigue est prenante.

Comme je le disais plus haut, les grandes lignes du scénario ne sont pas figées. Frédéric Maupomé perçoit les illustrations réalisées par ses collègues comme un levier favorisant le processus de création. Il adapte, intègre… enrichit constamment un scénario déjà riche : ésotérisme, épopée de pirates, pioche dans des souvenirs de voyages, façonne la personnalité de chaque personnage à des fins narratives, cherche le prénom approprié à chaque personnalité… explique Frédéric. C’est un jeu d’écriture permanent.

 

Parlons encore un peu du scénario. Il propose une intrigue qui se déroule dans un monde fantastico-réaliste. Les enfants pourront ainsi s’appuyer sur des repères qui leurs sont familiers : la vie scolaire, l’amitié, les rapports familiaux, les règles quotidiennes (à la maison, à l’école…), la désobéissance… Le fait que la jeune héroïne – Sixtine – partage généreusement son monde imaginaire avec le lecteur devrait également lui assurer un bon accueil auprès de son lectorat. Quel enfant n’a pas rêvé de pouvoir partager de folles aventures avec les personnages qui peuplent ses rêves les plus fous ?

Nous sommes face à un trio de jeunes personnages, comme dans « Anuki« , comme dans « Supers« … pure coïncidence constate le scénariste.

 

Dans les articles à venir, nous aurons, vous comme moi, l’occasion de nous familiariser au dessin d’Aude Soleilhac. On y côtoie des personnages aux trognes expressives (à l’instar de « Histoire de poireaux, de vélos, d’amour et autres phénomènes » réalisé avec Marzena Sowa), un univers plus pétillant et plus ludique que le travail qu’elle avait produit à l’occasion du « Tour du monde en 80 jours » (scénarisé par Loïc Dauvillier) et avec ce petit côté amusé vu dans « La Guerre des boutons » (scénario de Philippe Thirault). Je vous inviterais prochainement à visiter son univers.

Pour l’heure, s’est toute une recherche qui a été faite, tant pour installer lieux et personnages. Trouver Le détail qui permet d’aborder chaque protagoniste avec le bon angle de vue, LE look et la posture qui servent au mieux chaque personnalité, chaque trait de caractère.

Bientôt, je vous présenterai Sixtine, jeune héroïne courageuse et audacieuse…

Sixtine
Sixtine

Sixtine #1

Comme je vous l’annonçais hier, l’occasion m’a été donnée de suivre la naissance d’une nouvelle série jeunesse. Le premier album devrait voir le jour dans un an aux Editions de la Gouttière.

Je vous invite à m’accompagner dans l’histoire originale d’une jeune fille prénommée Sixtine.

Depuis que son père est décédé lorsqu’elle avait cinq ans, elle vit seule avec sa mère. Cette dernière cumule les petits boulots pour faire face au quotidien mais les dettes s’accumulent dangereusement. D’ailleurs, un avis d’expulsion vient d’être remis à la mère de Sixtine.

Sixtine est une adolescente espiègle. A l’école, Sixtine peut compter sur Martin et Sophie, ses amis d’enfance. Mais Sixtine a un secret. Le jour où sa mère a disséminé les cendres de son père sur la plage, elle a rencontré Igor le Muet, Tranche-trogne et Archembeau. Depuis, ils sont inséparables. Avec eux, elle fait les quatre-cent coups et ces derniers lui apprennent tout ce qu’ils savent, à commencer par le code d’honneur des pirates. Car les trois lascars ont écumé les mers et pillés des navires. Mais c’était il y a longtemps et aujourd’hui, ces fantômes se sont pris d’affection pour Sixtine et partagent sa vie.

 

Voici en quelques mots une présentation des premières pages de cet univers imaginé par Frédéric Maupomé et illustré par Aude Soleilhac.

L’intrigue est riche et aborde différents thèmes : la perte d’un parent, un enfant qui grandit dans un noyau familial restreint, l’amitié, la présence d’un monde imaginaire qui contribue à la construction d’un être et façonne sa personnalité. Le fait que le personnage principal soit à une période particulière de sa vie (l’adolescence) permet aux auteurs de jouer sur les deux tableaux : celui de l’enfance et celui de l’âge adulte qui est encore un point à l’horizon. De fait, on profite à la fois d’une douce naïveté, d’un sentiment de liberté comme si tout était possible, et d’une réflexion plus construite sur le monde qui nous entoure. Il est question de filiation, d’identité et de valeurs telles que l’amitié et l’entraide.

La série s’aventure également dans un registre plus fantastique du fait notamment de la présence des fantômes mais je reviendrais sur ce point dans un article ultérieur.

Au programme de ces prochains mois, je vous propose donc de suivre la construction de cette série. Des croquis exploratoires, des planches, des interviews… viendront compléter ce premier article et vous permettre de comprendre un peu mieux comme un scénario passe progressivement toute les étapes… comment un projet se construit et comment une idée prend forme. D’étape en étape, Le processus de création opère. Par quelles étapes l’auteur passe-t-il pour parvenir à réaliser un album et proposer au lecteur un objet-livre qui invite au voyage ?

Une nouvelle aventure va commencer…

Il y a quelques temps, j’ai accepté la proposition indécente de Frédéric Maupomé de suivre et d’accompagner – pendant une année – la création du premier tome de sa nouvelle série. La parution est prévue pour juin 2017.

Je vais donc faire de mon mieux pour vous présenter cet univers jeunesse. Au programme, une présentation des personnages, quelques illustrations pour assouvir votre curiosité et beaucoup de bonne humeur.

Le premier article de cette série sera en ligne demain. Comptez à minima sur un article tous les deux mois pour le reste, je potasse encore pour pouvoir vous proposer une publication mensuelle.