Pilules bleues (Peeters)

Pilules bleues
Peeters © Atrabile – 2001

De nouveau je me suis plongée dans un récit autobiographique. Celui-ci couvre une période d’un peu plus d’un an et parle principalement de la relation affective de l’auteur.

Ce récit est à la fois une réflexion sur ses propres sentiments, mais aussi un témoignage sur les conséquences de la séropositivité de Cati, sa compagne, et du fils de Cati (un petit bout d’homme âgé de 4 ans). Un quotidien pas toujours évident… « Trois mois que je dessine ce que je vis ou ce que j’ai vécu…. 3 mois que je retourne ma vie avec eux dans tous les sens…. que j’écris, que je décris, que je cogite… sans répit, sans sortir la tête de ma propre vie sentimentale… je suis vidé »  dira Frederik Peeters.

« Ma référence » concernant les ouvrages de PEETERS, c’est Lupus (j’y reviens à chaque fois, je suis désolée).

Pilules Bleues a été publié en 2001 (début de publication de Lupus en 2003). Après avoir lu cette autobiographie, je pense que Lupus en est la prolongation. Dans ma chronique sur Lupus, j’avais repéré l’importance des symboliques dans le récit. La lecture de Pilules Bleues m’en donne maintenant un éclairage. Et puis je trouve les similitudes impressionnantes, ne serait-ce que dans la physionomie des visages (Frederik PEETERS / Lupus, Cati / Sanaa, l’homme des planches 150 à 159 / Tony). Je ne pense pas que PEETERS soit incapable de dessiner autrement les visages de ses personnages puisqu’il a démontré le contraire notamment dans Pachyderme. Je ne renonce pas encore au fait de donner l’envie à quelqu’un de lire Lupus et peut être pouvoir en parler avec ce potentiel lecteur qui aurait également lu Pilules Bleues (je complique).

Quoiqu’il en soit, Pilules Bleues est un album touchant dans lequel PEETERS se dévoile et nous livre beaucoup de son intimité, ça m’a presque gênée à certains moments. Sans détours, il aborde la naissance d’une relation affective, la maladie qui pendant longtemps a tenu en main les cartes de leur quotidien. L’acceptation progressive de la maladie : « mais je me rappelle qu’il arrivait aussi à Cati de se confondre avec le virus… ses rapports à la maladie étaient très instables et conflictuels », la trithérapie, les angoisses de mort… l’humour les aide à relativiser leur situation.

En parallèle, se jouent d’autres choses à l’égard de l’enfant, Frederik se rend progressivement compte de la place qu’il doit prendre dans cette famille recomposée, l’acceptation lente du fait qu’il soit un  » repère affectif  » important pour le petit.

PictoOKPictoOKTouchant, sincère, très intime et véhiculant un message positif sur la vie. Le genre d’ouvrages qui mettent une grande claque dans la gueule et nous remuent.

Un livre intelligent qui, sans banaliser la question du Sida, bouscule les préjugés et les idées reçues que beaucoup peuvent encore avoir sur cette question.

Extraits :

« J’ai accordé une seconde de ma vie, dans ma tête et mon coeur, à tous les sentiments les plus extrêmes » (Pilules Bleues).

« Je trouve toujours fascinante la confiance et la facilité avec lesquelles la propriété de la vie de certains individus se retrouve transférée dans les mains de personnes totalement étrangères, uniquement légitimées par leur savoir scientifique » (Pilules bleues).

« Je comprends que l’on puisse épisodiquement trouver éprouvant de regarder tous les jours sa maladie dans un miroir » (Pilules Bleues).

Pilules Bleues

One Shot

Éditeur : Atrabile

Collection : Flegme

Dessinateur / Scénariste : Frederik PEETERS

Dépôt légal : octobre 2001

ISBN : 978-2-9700165-6-4

Bulles bulles bulles…

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Pilules bleues – Peeters © Atrabile – 2001

Auteur : Mo'

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12 réflexions sur « Pilules bleues (Peeters) »

  1. « véhiculant un message positif sur la vie » je suis tout à fait d’accord avec toi! J’ai aussi aimé que la maladie soit un des aspect de leur vie mais pas le seul, il y a beaucoup de choses sur le couple et la famille dans cet album que j’ai vraiment trouvées justes. Un album très riche!

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    1. Complètement d’accord avec toi ! J’avais vraiment apprécié le fait que le récit ne se sclérose pas autour de la maladie. Certes, la maladie est présente et nécessite qu’il adapte leur vie en fonction des soins… mais il y a « le reste » à côté qui donne un sens au combat qui est engagé contre la maladie. Et je touve ça très bien que ce « reste » (amour, enfant…) soit aussi présent dans l’album. Ce n’est pas toujours le cas. Regarde par exemple dans « La Parenthèse » d’Elodie Durand. J’ai également aimé cet album mais il se focalise uniquement sur la maladie et ses symptômes… quitte à oublier complètement pourquoi la personne s’est battue pour sortir de ça

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