Le Sauvage (Almond & McKean)

Le Sauvage
Almond – McKean © Gallimard – 2010

Sans famille, sans maison, Le Sauvage est un enfant solitaire. Il vit dans le Bois de Burgess. Il chasse du petit gibier pour se nourrir. La nuit, il pénètre dans la ville endormie, y vole un peu de nourriture et observe les hommes. Si l’un d’entre eux s’approchait trop près de lui, « il le poursuivait, l’attrapait, le tuait, le mangeait et il fourrait les os au fond d’un vieux puits de mine ».

Un jour pourtant, Blue, un jeune garçon vient jouer à l’entrée de son repère. Guidé par son instinct, Le Sauvage se tapit dans l’ombre. Il sait que cet enfant-là ne lui veut aucun mal. Blue, quant à lui, sait que Le Sauvage est là mais est-ce réel ou est-ce son imagination ?

Il y a quelques semaines, je vous présentais Le jour où j’ai échangé mon père contre deux poissons rouges (Neil Gaiman & Dave McKean). A cette occasion, Jérôme m’avait conseillé de lire Le Sauvage… l’occasion de découvrir ce titre s’est présentée à moi plus tôt que je ne le pensais !

L’ouvrage prend la forme d’un roman illustré (il est cependant répertorié sur de nombreux sites de bédéphiles). Le scénario de David Almond est écrit à la première personne. J’ai naïvement pensé, à la lecture des premières pages, qu’il s’agissait là de l’auteur qui se remémorait un épisode de son enfance.

Vous ne me croirez peut-être pas mais c’est vrai. J’avais écrit une histoire qui s’appelait Le Sauvage et qui mettait en scène un enfant sauvage vivant dans une chapelle en ruine au milieu du Bois de Burgess, et l’enfant est devenu réel, dans la vraie vie.

Je n’en suis plus si sure à la fin de la lecture… quoi qu’il en soit, j’ai rapidement plongé dans le récit. Puisque ce dernier est écrit de la main d’un enfant, les fautes d’orthographe et de syntaxe y sont nombreuses. Sans freiner la compréhension de l’histoire, elles lui donnent une touche enfantine très agréable. Ce qui m’a le plus surpris, c’est la capacité de l’auteur à se fondre dans son personnage (et à utiliser le « Je »). De même, son personnage principal dispose de la même facilité à se fondre dans son personnage imaginaire via tout un jeu d’expression de ressenti physique et psychique.

Une nouvelle fois, les illustrations de Dave McKean m’ont séduite. Elles ne sont pas présentes à chaque page mais lorsque le narrateur s’intéresse à l’enfant sauvage, mettant ainsi tour l’aspect fantastique de cet univers en valeur. Deux ambiances viennent compléter la narration, tantôt teintées de verts sombres, tantôt illustrées de bleus marines.

PictoOKUn album doté d’une grande richesse narrative et graphique.

Une belle lecture jeunesse que Monsieur Lutin n’aura pas l’occasion de découvrir avant quelques années car pour l’heure, il est trop jeune pour en profiter pleinement (l’aspect onirique du récit échapperait à sa compréhension).

Je remercie Jérôme pour la découverte !

Cet ouvrage a obtenu le Prix des jeunes lecteurs de l’Oise 2010/2011 et le Prix Sorcières en 2011.

Les avis de Lire pour le plaisir, Argali et Sandrine Brugot Maillard.

Le Sauvage

The-reading-Comics-challengeOne Shot

Éditeur : Gallimard

Collection : Gallimard Jeunesse

Dessinateur : Dave McKEAN

Scénariste : David ALMOND

Dépôt légal : décembre 2009

ISBN : 9782070622795

Bulles bulles bulles…

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Le Sauvage – Almond – McKean © Gallimard – 2009

Le jour où j’ai échangé mon père contre deux poissons rouges (Gaiman & McKean)

Le jour où j'ai échangé mon père contre deux poissons rouges
Gaiman – McKean © Guy Delcourt Productions – 2000

Un petit garçon d’une douzaine d’années passe l’après-midi en compagnie de sa petite-sœur. Leur papa n’est pas loin mais ne prête pas du tout attention à eux. Il est plongé dans son journal. Les enfants décident de sortir. Ils jouent dans le jardin quand arrive Nathan, un camarade de classe du grand frère. Dans ses mains, il tient un bocal qui contient deux magnifiques poissons rouges. Nathan veut bien s’en séparer mais il souhaite les échanger contre autre chose. Le jeune garçon passe en revue tous les jouets de sa chambre, jusqu’à sa peluche préférée mais tout cela n’intéresse pas Nathan.

« J’ai réfléchi un peu. Il y a des gens qui ont des idées géniales peut être une ou deux fois dans leur vie, et alors ils découvrent le feu ou l’électricité ou l’espace ou je ne sais quoi. Enfin, le genre de super idée qui change le monde. Il y a des gens qui n’en ont jamais. J’en ai deux ou trois par semaine. Je t’échange mon père j’ai dit. Ho ho a dit ma petite sœur ». Et Nathan est repartit avec le papa docile.

Quand la maman rentre des courses et qu’elle apprend ce qui s’est passé, la punition tombe : il faut rapporter les poissons rouges et revenir avec papa. Mais ce n’est pas si simple, car arrivé chez Nathan, le jeune garçon apprend que son ami a déjà échangé son papa contre une guitare électrique…

Roaarrr ChallengeRéalisé par Neil Gaiman et Dave McKean, ce livre pourrait prendre au dépourvu un lecteur qui s’attendrait à un contenu « adulte ». Loin de l’univers de Sandman ou de Violent Cases, qu’ils avaient déjà réalisés ensemble, il me semble nécessaire de réveiller notre âme d’enfant et de se laisser guider par notre monde imaginaire de l’enfance. Dès lors, le plaisir à lire cet album est à la portée du lecteur. Tout a commencé en 1994 alors que Neil Gaiman demandait à son fils d’aller se coucher. Ce dernier lui aurait répondu qu’il préfèrerait un poisson rouge à la place de son papa. La machine se met en marche, l’auteur se met à écrire ce conte. Le jour où j’ai échangé mon père contre deux poissons rouges est publié aux États-Unis en 1997 (chez White Wolf). L’ouvrage débarque en France en 2000 grâce à Delcourt. Il sera aussitôt récompensé par le Prix de la Ligue de l’enseignement pour le jeune public au Festival BD Boum.

L’auteur a imaginé une histoire drôle, fraiche et pleine d’innocence. Son scénario nous fait accepter l’inacceptable, l’image de l’adulte docile en la personne du papa-objet qui se plie au bon vouloir des uns et des autres. On suit deux enfants dans leur enquête incroyable, cette situation nous emmène d’une surprise à l’autre. Dialogues et narrations sont accessibles aux plus jeunes mais on peut cependant y voir, à un autre niveau de lecture, une critique ouverte du couple parental : un père qui a abandonné son rôle de père et une maman qui laisse ses enfants gérer une situation qui les dépasse allègrement.

Ce récit absurde est accompagné des illustrations de Dave McKean. J’ai apprécié ces visuels composés de dessins, de collages de photos ou de coupures de presse. Le traitement graphique est original, l’ambiance pétille et fait ressortir le côté espiègle des deux enfants. Un régal pour les yeux.

PictoOKUn conte amusant est accessible aux petits lecteurs. L’ouvrage a été retenu dans le cadre d’un défi-lecture de l’Académie de Reims (pour ceux que cela intéresse : voici le cahier des charges).

Interview de Gaiman : http://www.actusf.com/spip/Interview-de-Neil-Gaiman.html

Les chroniques : Coin BD, le Bestiaire poétique et Ribambelles et ribambins.

Le jour où j’ai échangé mon père contre deux poissons rouges

One Shot

Éditeur : Delcourt

Collection : Jeunesse

Dessinateur : Dave McKean

Scénariste : Neil Gaiman

Dépôt légal : janvier 2000

ISBN : 978-2-84055-557-5

Bulles bulles bulles…

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Le jour où j’ai échangé mon père contre deux poissons rouges – Gaiman – McKean © Guy Delcourt Productions – 2000

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Violent Cases (Gaiman & McKean)

Violent Cases
Gaiman – McKean © Au Diable Vauvert – 2006

Un homme nous entraîne dans un tête à tête troublant. Il va faire appel à ses souvenirs et nous parler de son enfance par le biais d’un fil rouge : sa rencontre avec l’ostéopathe d’Al Capone alors qu’il a 4 ans et demi.

Première publication de ce comics en 1987, publié ensuite en France grâce à Zenda en 1992, cet album est l’objet de la première collaboration entre Neil Gaiman et Dave McKean.

La version que je me suis procurée, publiée par les éditions Au Diable Vauvert s’ouvrent sur une préface de Neil Gaiman. Dans cet écrit, il explique la genèse de Violent Cases (rencontre avec Dave McKean, objectifs de travail sur cet album…). On comprend rapidement que cette œuvre a une place toute particulière dans la vie de ces auteurs. Il conclura d’ailleurs sa préface en ces termes : « Le jeune homme qui allume sa cigarette sur la première planche n’est pas l’homme d’âge mûr qui a cessé de fumer il y a dix ans. Mais Dave et lui ont fait du bon travail, il y a longtemps, et je suis toujours fier d’eux ».

J’ai hésité à parler de cet album car, avec du recul, je retiens bien peu de chose sur cette histoire excepté que les souvenirs nous font parfois défaut et que la mémoire se moque de nous, tronquant les images du passé comme il lui sied. J’en retiens aussi une relation père-fils particulière, temporairement gommée par la présence de l’ostéopathe (ressemblance troublante avec Einstein).

L’histoire en tant que telle ne m’a pas plu : cet homme raconte sans raison apparente des bribes de son histoire. On ne cerne pas où il veut en venir ni quel a été l’élément déclencheur de cette bouffée soudaine de souvenirs. Le personnage de l’ostéopathe est ambigu, un mélange d’attention bienveillante et de provocation malsaine. Petit à petit, le récit de ses anecdotes ne filtre plus la violence des actes et des agissements d’Al Capone. Imaginez qu’un enfant (de 5 ans) puisse être le dépositaire de telles confidences est… aberrant ? irréel ? A plusieurs moments, on se demande dans quelle mesure l’imaginaire et les fantasmes du personnage principal viennent nourrir ce monologue. Enfin, d’autres bribes de souvenirs de cette période se greffent pèle-mêle dans cet univers. Une narration anarchique, déstructurée… ce récit m’a égarée.

En revanche, ce qui m’a plu dans l’idée de parler de cet album, ce sont les graphismes : M.A.G.N.I.F.I.Q.U.E.S ! On s’y perd. Un agencement de la page qui n’a pas été sans me rappeler Toppi sans que les dessins ne soient aussi alambiqués. Mais comme chez Toppi, on se perd dans des détails qui se matérialisent ici par des incrustations de photos retouchées, de petits crayonnés, d’esquisses, ou d’expressions de visages réalistes…  dans des teintes où dominent le bleu et le noir. A voir !

Je me passerais d’avis et de « pouces » pour une fois. Une lecture qui m’échappe aujourd’hui… peut être moins qu’hier et bien plus que demain ?? Ou l’inverse…

La fiche éditeur, la critique de Ben Victor et l’article de BDzoom.

Extrait : « Mon père est toujours plus grand que moi, et  l’époque il semblait colossal. Il était mon rocher, mon refuge » (Violent Cases).

Violent Cases

One Shot

Éditeur : Au Diable Vauvert

Dessinateur : Dave McKEAN

Scénariste : Neil GAIMAN

Dépôt légal : mai 2006

ISBN : 2846261075

Bulles bulles bulles…

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Violent Cases – Gaiman – McKean © Au Diable Vauvert – 2006