Le gourmet solitaire (Kusumi & Taniguchi)

Le Gourmet solitaire
Kusumi – Taniguchi © Casterman – 2005

Je serais bien incapable de vous donner le nom de ce quadragénaire dans la fleur de l’âge pour qui le petit plaisir de la vie est la dégustation.

Voyage au travers du Japon par le biais de sa gastronomie.

Le Gourmet Solitaire est un album que je souhaitais me procurer depuis quelques semaines. Mes petits voyages sur la toile m’ont tout d’abord fait découvrir ce manga chez Yaneck, puis chez Loula. Forte des encouragements de Loula à découvrir cette œuvre, je me le suis enfin procuré cette semaine… et dévoré dans la foulée.

Je continue donc ma petite période manga du moment et vous propose de découvrir ce One Shot, publié pour la première fois au Japon en 1997 et arrivé en France en 2005.

Une nouvelle fois, les ambiances graphiques de Taniguchi nous emportent… le scénario de Kusumi me retient moins.

Je fais également un parallèle avec Le Promeneur de Taniguchi, sorti en septembre dernier, puisqu’on reste dans le contemplatif : même atmosphère, il ne se passe pas grand chose excepté que le personnage principal du Gourmet nous ouvre grand son journal intime des sensations gustatives.

Ce gastronome est un solitaire, il tient sa boîte d’import et de revente d’articles et d’accessoires de mode. A-t-il de la famille ? une soeur et un neveu… pour le reste on ne sait rien. A-t-il des amis ? certainement, mais il ne le partage pas ici. On le suit uniquement dans ses voyages d’affaire au travers du Japon. Découverte du Pays du Soleil Levant par le biais de ses spécialités culinaires.

Le sommaire de cet album est semblable à un menu de restaurant, sa lecture nous met l’eau à la bouche.

Les repas solitaires du « héros » l’amènent à diverses réflexions. Tout est introduit par le biais de la saveur : souvenirs rattachés à un lieu, à une odeur, habitudes de vie de ses compatriotes…. La relation à l’autre se fait grâce aux moments des repas, instants furtifs ou prolongés dans les restaurants qu’il fréquente (constats sur la personnalité d’untel, échanges…). Dans cet album, pas d’échanges directs ou très peu (juste pour passer commande), les dialogues les plus construits sont des dialogues sortis de ses souvenirs. Le Gourmet solitaire s’intéresse à son environnement immédiat quand il est en quête d’un endroit pour se poser et manger, les autres se mettent alors à exister… surtout quand il a une assiette devant lui ! Une philosophie de vie particulière… mais qui donne à cette œuvre cette ambiance qui lui est propre.

Beaucoup de scène en intérieur. Quant aux scènes en extérieur, elles se déroulent essentiellement dans les rues des villes japonaises. Les rares scènes d’extérieur sur des lieux ouverts (plage, parc..) sont magnifiques. Comme à l’habitude, on se délecte du fourmillement de détails dans le dessin de Taniguchi.

PictomouiUn livre agréable et très contemplatif . J’aime ces livres qui nous disent de prendre le temps de vivre. Un savoir-être et un rythme de vie qui nous échappent parfois. Quelques difficultés donc, à certains moments, à me représenter réellement le contexte dans lequel le personnage peut se trouver lorsqu’il fait référence à un  » Sushi tournant  » (sushi-bar avec happy hours) pour ne citer que ce passage.

A mon tour, je le conseille à tous les amoureux des petits plaisirs de la vie.

Le Gourmet solitaire

One Shot

Éditeur : Casterman

Collection : Sakka

Dessinateur : Jiro TANIGUCHI

Scénariste : Masayuki KUSUMI

Dépôt légal : octobre 2005 en France

ISBN : 2203373342

Bulles bulles bulles

Aidez-moi donc à choisir ce qui est le plus savoureux !

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Le Gourmet Solitaire – Kusumi – Taniguchi © Casterman – 2005

Un ciel radieux (Taniguchi)

Un ciel radieux
Taniguchi © Casterman – 1999

Takuya, lycéen, percute à moto la fourgonnette de Kazuhiro (42 ans). Tous deux sont emmenés dans un état comateux à l’hôpital. A leurs réveils, une nouvelle vie commence pour eux…

Comme je l’avais déjà écrit, c’est avec Le Journal de mon père que je suis entrée dans l’univers des mangas, et de Taniguchi plus particulièrement. J’ai toujours plaisir à revenir sur ses albums et leurs ambiances sereines. Quant au plaisir d’en découvrir de temps en temps un nouveau, cela frise l’extase !

On retrouve dans cet album les classiques thèmes abordés par Taniguchi : travail et famille (je l’avais déjà abordé, plus longuement dans mon article sur Le Journal de mon père, je vous y renvoie donc). Une nouvelle fois encore, Taniguchi nous surprend par ses  » tranches de vie  » remplies d’humanité.  Le rapport à l’autre est simple et sain. Cette fois cependant, l’auteur a abordé ce thème d’une manière atypique. Les questions « qui suis-je », « qu’est-ce que je transmets aux autres et comment je le transmets ? », « qu’est-ce que je représente finalement pour eux », « quelle est ma place parmi vous ? » sont récurrents dans cet album. De nouveau, Taniguchi nous montre que la force vitale de chacun, c’est l’Autre.

Les dessins sont toujours aussi superbes. Ils nous emportent, on ressent comme un relent de liberté.

En début de postface, Taniguchi se demande si le lecteur pourrait être ému par la lecture de cet ouvrage. En ce qui me concerne, je lui répond oui, à 200 % !!

C’est la troisième occasion que je saisis de relire cette BD et je me sens encore toute chose en refermant mon livre…

Un Ciel radieux

One Shot

Éditeur : Casterman

Collection : Écritures

Dessinateur / Scénariste : Jiro Taniguchi

Dépôt légal : Septembre 2006

ISBN : 9782203396418

Bulles bulles bulles

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Un Ciel Radieux – Taniguchi © Casterman – 2006

Le journal de mon père (Taniguchi)

Le Journal de mon père
Taniguchi © Casterman – 1999

A 43 ans, Yoichi apprend le décès de son père qu’il n’avait pas revu depuis une quinzaine d’années. A reculons, il s’organise pour pouvoir se rendre dans son village natal quelques jours pour assister aux funérailles.

Le lecteur est témoin des retrouvailles entre Yoichi et les membres de sa famille avec qui il avait rompu les liens depuis plusieurs années. Malgré cette longue absence, tous l’accueillent avec joie et chaleur. Ensemble, ils vont se se remémorer les souvenirs de son enfance et revenir sur les raisons de sa longue absence.


C’est avec cet album que j’ai découvert l’univers des mangas. Une découverte tardive (2004) due à mon petit libraire qui souhaitait qui voulait me faire découvrir d’autres univers :  » je voudrais te faire lire des mangas, essayes ça… » avait-il dit l’air de rien !

Soit, dit la bonne fée, mais…. j’ai tout de même attendu l’été dernier pour me plonger dedans. Depuis, je dévore Taniguchi, je me suis lancée dans Tezuka et même apprécié la saveur d’un petit manwha.

Chuuut… ce manga se laisse écouter, il se laisse sentir et caresser… tant il nous dit de prendre le temps. C’est avec douceur que Jiro Taniguchi nous prend la main pour faire ce voyage, et c’est avec délicatesse qu’il nous dépose un peu moins de 300 pages plus loin, grandis et émus.

Sorti au Japon en 1995, il a été publié pour la première fois en France sous forme de triptyque (1999). Il est maintenant vendu en intégrale (le petit hic de cette version : l’ordre des bulles au sein des cases n’est pas toujours évident, ce qui saccade un peu la fluidité de la lecture).

Un ouvrage qui comporte de nombreux éléments autobiographiques. Tout en noir et blanc, repaginé pour satisfaire nos habitudes de lecture occidentale… mais on ne perd rien à la saveur de ce voyage intérieur. On y retrouve les thèmes fréquemment abordés par Taniguchi : l’importance du facteur « travail » dans la société japonaise, la famille, les valeurs culturelles comme le respect de l’autre et des traditions…

Le récit fait des va-et-viens sur deux périodes : la période actuelle (et le moment des funérailles) et les années 1950 où l’on s’arrête avec plaisir sur une odeur de saké, de printemps, de shampoing… au gré des souvenirs du personnage principal. Les questions qu’il se pose et les constats qu’il fait nous renvoie à nous. On s’arrête donc sur notre propre rapport à l’autre,  les sentiments que l’on ne met pas en mots par manque de temps ou tout simplement par peur du ridicule.

Ouvrage de référence du maître mangaka.

Ce qui est dommage, c’est que le début de la publication des œuvres de Taniguchi en France a presque coïncidé avec l’arrivée massive des mangas. Je pense que cette déferlante japonaise n’a pas permis à Taniguchi d’être accueilli comme il aurait du l’être. Noyé dans la masse, il a perdu beaucoup de lecteurs.

Vous trouverez chez moi des avis sur d’autres albums de Taniguchi (Un Ciel Radieux, Le Gourmet SolitaireUn Zoo en Hiver, L’Homme de la ToundraIcare, Mon Année, Le Sauveteur, Sky Hawk… voir aussi la rubrique Taniguchi sur ce blog)

Le tome 1 « Le Grand Incendie » a reçu la Mention spéciale du Jury Œcuménique de la Bande Dessinée en 2000. Le même Jury a Attribué son Prix un an plus tard à l’ensemble de la série.

Le Journal de mon père

Roaarrr ChallengeÉditeur : Casterman

Collection : Écritures

Dessinateur / Scénariste : Jiro TANIGUCHI

Dépôt légal : 1999 en France

ISBN : 9782203396098

Bulles bulles bulles…

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Le Journal de mon père – Taniguchi © Casterman – 1999