Chroniks Expresss #8

Les Filles de Montparnasse, tome 2 – Nadja © Olivius – 2013

Je partageais récemment mon avis sur le tome 1 de cette série. Vous dire que j’avais aimé est un doux euphémisme…

Nadja © Olivius – 2013
Nadja © Olivius – 2013

Suite de la découverte de cette tétralogie de Nadja où l’on cherche un peu notre souffle et nos repères. On découvre donc comment Elise fait face au chantage de son producteur. On la voit perdre pied. Avec la drogue, elle essaye d’oublier qu’elle n’est plus qu’un simple objet sexuel. Tarkan lui déclare enfin sa réelle identité (et la nature des liens qui les unit) mais Elise l’écarte sans même se rendre compte du soutien qu’il pourrait lui offrir. Garance quant à elle fuit l’Académie de peinture et vit recluse dans l’appartement. Elle semble ne pas accepter que les sentiments qu’elle a envers son mentor ne soient pas réciproques. Elle s’obstine à peindre des natures mortes, au grand désespoir de Rose-Aymée, son modèle, qui n’a pas d’autre alternative que de se morfondre à son tour. Amélie enfin fulmine depuis qu’elle a découvert que l’auteur qu’elle avait secondé en tant que correctrice, s’est abondamment inspiré des confidences qu’elle lui avait faites pour écrire son dernier roman à succès.

Nous sommes donc en présence de plusieurs intrigues qui se déconstruisent. Excepté pour Rose-Aymée qui est de loin le personnage le moins développé de l’univers (est-ce un leurre ?), les trois autres héroïnes sont mises à mal. Leurs vies s’éparpillent, de nouvelles facettes de leurs personnalités nous apparaissent et les quelques repères que les lecteurs s’étaient construits jusque-là volent en éclats. Une grande agitation domine donc les deux premier tiers de l’album. Lorsque le rythme s’apaise, cela laisse au lecteur l’occasion de réorganiser les pièces du puzzle narratif. On profite également de très belles scènes muettes, notamment celle où Tarkan s’engouffre dans les boulevards haussmanniens, nous laissant ainsi profiter de magnifiques paysages urbains. Un moment apaisant, des planches d’une luminosité incroyable.

PictomouiPourtant, je suis moins emballée par ce tome que je ne l’avais été par le précédent. Peut-être un manque de respiration durant la lecture qui m’a amenée à lire cet ouvrage de manière presque compulsive, emportée par le rythme et ne parvenant pas à me détacher de cet enchainement rapide des différentes actions. Il y a quelques moments suffisamment intenses pour marquer des moments forts de l’album mais dans l’ensemble, j’ai été assez déstabilisée par le réel lâcher prise de ces jeunes femmes. On perd notre souffle.

Pour autant, j’ai très envie de découvrir le tome trois qui est en vente depuis le début du mois. A suivre… mais cela attendra mon prochain passage en librairie (snif).

Les hirondelles de Kaboul – Yasmina Khadra © Pocket – 2010

Khadra © Pocket – 2010
Khadra © Pocket – 2010

« Dans les ruines brûlantes de la cité millénaire de Kaboul, la mort rôde, un turban noir autour du crâne. Ici, une lapidation de femme, là un stade rempli pour des exécutions publiques. Les Taliban veillent. La joie et le rire sont devenus suspects. Atiq, le courageux moudjahid reconverti en geôlier, traîne sa peine. Le goût de vivre a également abandonné Mohsen, qui rêvait de modernité. Son épouse Zunaira, avocate, plus belle que le ciel, est désormais condamnée à l’obscurité grillagée du tchadri. Alors Kaboul, que la folie guette, n’a plus d’autres histoires à offrir que des tragédies. Quel espoir est-il permis ? Le printemps des hirondelles semble bien loin encore… » (synopsis éditeur).

Yasmina Khadra a réalisé trois ouvrages, une sorte de trilogie sans autre point commun que le fait d’aborder la question de l’extrémisme au Moyen-Orient. Le lecteur ne trouvera pas de personnage-clé qui pourrait servir de fil conducteur aux trois titres.

C’est donc aux côtés de L’Attentat et des Sirènes de Bagdad que Les hirondelles de Kaboul trouvent naturellement leur place dans cet univers engagé.

Dans un pays où les cimetières rivalisent avec les terrains vagues en matière d’extension, où les cortèges funèbres prolongent les convois militaires, la guerre lui a appris à ne pas trop s’attacher aux êtes qu’une simple saute d’humeur pourrait lui ravir.

Un récit d’une grande richesse qui traite aussi bien de la condition de la femme que de la religion ou de l’influence haineuse des talibans. Le lecteur avance à pas feutrés dans sa lecture. A l’instar des personnages du roman, il plie sous le poids des conventions sociales, de l’insécurité, des suspicions et de la peur. Avec émotion, on découvre le regard de ces hommes et de ses femmes qui parlent à voix basse de la nostalgie d’un passé révolu…

… je refuse de porter le tchadri. De tous les bâts, il est le plus avilissant. Une tunique de Nessus ne causerait pas autant de dégâts à ma dignité que cet accoutrement funeste qui me chosifie en effaçant mon visage et en me confisquant mon identité. (…) Avec ce voile maudit, je ne suis ni un être humain ni une bête, juste un affront ou un opprobre que l’on doit cacher telle une infirmité.

… et sont accablés par la dure réalité qui s’impose à eux.

Vivre, c’est d’abord se tenir prêt à recevoir le ciel sur la tête. Si tu pars du principe que l’existence n’est qu’une épreuve, tu es équipé pour gérer ses peines et ses surprises. Si tu persistes à attendre d’elle ce qu’elle ne peut te donner, c’est la preuve que tu n’as rien compris.

Comme pour L’Attentat, je me suis délectée du style d’écriture de Yasmina Khadra. On se représente parfaitement l’architecture d’un lieu, les atmosphères, les odeurs… Tout est présent jusqu’au moindre détail et sans que cela n’alourdisse le propos.

La musique est le véritable souffle de la vie. On mange pour ne pas mourir de faim. On chante pour s’entendre vivre.

PictoOKPictoOKUne lecture marquante que j’ai très envie de conseiller.

Du côté des challenges :

Petit Bac 2013 / Animal : hirondelles

Petit Bac 2013
Petit Bac 2013

Nos étoiles contraires – John Green © Nathan – 2013

Green © Nathan - 2013
Green © Nathan – 2013

« Hazel, 16 ans, est atteinte d’un cancer. Son dernier traitement semble avoir arrêté l’évolution de la maladie, mais elle se sait condamnée. Bien qu’elle s’y ennuie passablement, elle intègre un groupe de soutien, fréquenté par d’autres jeunes malades. C’est là qu’elle rencontre Augustus, un garçon en rémission, qui partage son humour et son goût de la littérature.

Entre les deux adolescents, l’attirance est immédiate. Et malgré les réticences d’Hazel, qui a peur de s’impliquer dans une relation dont le temps est compté, leur histoire d’amour commence… les entraînant vite dans un projet un peu fou, ambitieux, drôle et surtout plein de vie » (synopsis éditeur).

La pluie d’avis positifs qui a inondé la blogosphère en début d’année m’avait convaincue avant même que je débute la lecture. Je m’attendais à un ouvrage d’une rare intensité et la lecture a été à la hauteur de mes attentes.

Avec beaucoup de naturel et en toute simplicité, John Green nous accueille dans le quotidien d’Hazel Grace Lancaster, « malade professionnelle » (mais je ne fais que reprendre les termes de la narratrice). J’appréhendais que les propos ne soient condescendants ou ne flirtent de manière un peu trop effrontée avec le pathos mais le récit évite tout à fait ces écueils.

330 pages pour passer du rire aux larmes, d’une théorie audacieuse d’un jeune adolescent sur le devenir d’une balançoire au projet fou d’une cancéreuse en phase terminale de partir à plus de 7000 km de chez elle… et donc de l’équipe médicale qui la suite. Il est question de vie et de mort, on est sans cesse sur la brèche mais diable, que cette lecture est pétillante ! Que d’émotions, quelques pleurs épars, des rires fréquents mais surtout, un vif intérêt à l’égard de ce roman et puis, en vrac :

  • Un roman finalement assez court (330 pages).
  • Des ados qui regardent la mort dans les yeux, qui en parlent, qui en rient, qui en ont peur.
  • Les derniers chapitres plus courts, donnant l’impression que le rythme s’accélère et que ces enfants vivent une course contre la mort.
  • Une impériale affliction : le roman dans le roman.
  • Une légère déception quant au contenu de la lettre finale.

Les mots ne sont visibles que dans l’œil dénué de paupière de la mémoire. Dieu merci, les vivants conservent l’aptitude de surprendre et de décevoir.

PictoOKPictoOKMerci à tous les lecteurs qui ont partagé leur chronique et m’ont rapidement donné envie de lire cet ouvrage à commencer par Noukette, Stephie, Hérisson, Leiloona et la chronique qui a m’a définitivement convaincue chez Jérôme.

Les filles de Montparnasse, tome 1 (Nadja)

Nadja © Olivius – 2012
Nadja © Olivius – 2012

« À quoi rêvent les jeunes filles des années 70 ? Amélie, Garance, Élise et Rose-Aymée partagent le même appartement, à Montparnasse. La Commune de Paris vient à peine de se terminer – car nous sommes en 1873 – et le monde de demain s’annonce déjà. Amélie écrit, Garance peint, Élise veut devenir chanteuse, Rose-Aymée est modèle. Nadja raconte les quatre saisons de leurs destins entrelacés, dans ce Paris de la bohème littéraire et artistique à la fois si lointain et si proche de nous » (extrait du Quatrième de couverture).

Une fois n’est pas coutume, je vais commencer par les remerciements et saluer Jérôme qui m’a offert cet album après m’avoir mis l’eau à la bouche avec sa chronique.

Ce n’est pas la première fois que j’ai l’occasion de lire Nadja. En 2010, les conseils de mon libraire m’avaient permis de découvrir L’homme de mes rêves, un album aussi sensuel que troublant. Forte de cette expérience, je m’étais attaquée aux trois tomes de La Forêt de l’oubli que je n’ai malheureusement pas partagé sur mon blog (mais heureusement, Noukette l’a chroniqué !).

A chaque fois, j’avais été saisie par la maîtrise de Nadja, son style, son trait et l’angle d’attaque retenu pour déplier l’univers. C’est étrange à dire mais lire cette auteure équivaut à ressentir tout un panel de sensations, du moins en ce qui me concerne. Les contours épais posés au pinceau donnent l’impression que ses personnages sont contenus dans une enveloppe charnelle que l’on pourrait presque palper. Et même lorsque l’illustration n’est pas très précise, nous forçant à deviner l’émotion d’un personnage et à imaginer les détails manquants d’une expression de visage, cela ne me gêne pas. Dans ces moments, j’ai l’impression qu’un voile de sensualité est volontairement posé entre mon regard et le tableau vivant décrit par le livre.

Et puis, dans les albums de Nadja, il y a ces moments où les personnages s’enlacent, se dénudent, se caressent… Justement, cela me fait penser à une question que Marilyne posait récemment : savoir si l’on pouvait « écrire d’une lecture qu’elle est vivante »… C’est exactement le sentiment que j’ai quand je regarde les peintures de Nadja.

Cela me fait aussi penser à un autre débat. On a souvent tendance à chercher un point commun dans les œuvres d’un même auteur. A ce sujet, Lunch et David avaient débattu mercredi suite à ma chronique du dernier album de Renaud Dillies où on retrouve des thèmes récurrents à tous ses travaux (l’amitié, la quête, la musique…). Cette redondance lasse-t-elle le lecteur ? Cette constance est-elle une garantie pour le lecteur qui sait ainsi exactement ce qu’il va trouver dans tel ou tel univers artistique ? J’ai été confrontée aux deux cas de figure mais concernant les œuvres de Nadja, c’est précisément  cette constance qui m’a fait plonger dans la lecture dès que j’ai été en possession de ce tome. Je me savais conquise d’avance.

Quel long préambule je vous ai imposé ! 🙂 Alors venons-en aux faits : ce tome à répondu à mes attentes. Pour la troisième fois, je retrouve donc avec satisfaction cette veine graphique dont je viens de vous parler. Nadja donne du relief au moindre détail narratif, c’est captivant. Je retrouve également non pas un mais quatre personnages qui débordent de féminité malgré les situations difficiles qu’elles traversent. Je retrouve aussi cette utilisation particulière de la métaphore. En effet, Nadja décroche régulièrement de l’intrigue principale et développe de courts passages qui nous immergent totalement dans un monde onirique très intriguant. L’auteure aborde ces moments de telle manière que j’ai toujours l’impression d’être au cœur de l’intimité du personnage, comme s’il s’agissait de fantasmes. D’ailleurs, l’album s’ouvre sur un de ces passages, c’est donc par ce biais que l’on « rencontre » le personnage d’Amélie (l’écrivain qui, comme le titre de ce tome l’indique, sera le personnage qui sera le plus mis en avant durant cette lecture).

Le marron domine sur cet album. Il donne une impression de mélancolie ambiante sans que cela n’alourdisse les propos. Les héroïnes semblent tourmentées mais cela ne les empêchent pas d’être attentive à l’Autre et d’avoir des projets d’avenir souvent ambitieux, parfois irréels… On devine l’issue dramatique de l’histoire mais ces femmes sont animées par une réelle étincelle de vie qui nous fait croire en tous les possibles. Bien qu’ancrée dans une France aux mœurs démodées (on est au XIXème siècle), les réflexions de fond sont pourtant transposables à certains questionnements actuels : la place de la femme dans la société, la domination des hommes dans les processus décisionnels, la relation amoureuse, le besoin de reconnaissance personnelle et professionnelle, le rôle et la place de l’Art dans la société. Un questionnement pluriel dont on se saisit parfaitement.

PictoOKUn récit qui développe à la fois la question artistique et la quête identitaire. Ce premier tome installe parfaitement le décor et les personnages de la série. Seul bémol : je regrette cependant que les éditeurs aient autant mis en avant – sur leurs synopsis respectifs – l’aspect historique de la série (voir le site des éditions Cornélius et de L’Olivier) ; cela m’a mis en attente inutilement. Le décor parisien des années 1870 n’est présent que de façon accessoire et totalement inexploité dans le scénario.

La suite est en tout cas prometteuse, j’attends cependant que ces quatre destins croisés s’entremêlent davantage. En gros, j’attends de cette lecture qu’elle soit un peu plus charnelle… j’aimerais être troublée comme je l’avais été en lisant L’Homme de mes rêves.

Album nommé dans la sélection 2013 du Prix Artémisia.

Les chroniques de Jérôme, Cathia (A chacun sa lettre), David Fournol, le blog Autour de Montparnasse.

Ecouter le podcast du 1er novembre 2012 de France Culture.

Extrait :

« C’est à ce moment que le plaisir est devenu instrument et que la jubilation a fait place aux lamentations. La jouissance ne me suffisait plus. Il me fallait la reconnaissance » (Les filles de Montparnasse, tome 1).

Du côté des challenges :

Tour du monde en 8 ans : Egypte

Tour du Monde en 8 ans
Tour du Monde en 8 ans

Les filles de Montparnasse

Tome 1 : Un grand écrivain

Tétralogie en cours

Editeur : Olivius (une association entre Cornélius et les éditions de l’Olivier)

Dessinateur / Scénariste : NADJA

Dépôt légal : octobre 2012

ISBN : 978-2-87929-764-4

Bulles bulles bulles…

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Les filles de Montparnasse, tome 1 – Nadja © Olivius – 2012

La Maison Close (Collectif d’auteurs)

La Maison Close
Collectif d’auteurs © Guy Delcourt Productions – 2010

Mettez trente auteurs ensemble et faites-les travailler sur un projet artistique qui n’a, comme seules contraintes, celle de faire évoluer leurs personnages dans le décor d’une maison close dessinée par Ruppert et Mulot.

Secouez bien fort et laissez leur ensuite donner libre court à leur imagination…

Impulsé et encadré par Florent Ruppert & Jérome Mulot, le projet de réaliser une maison close virtuelle s’est concrétisé en 2010 avec la publication de cet ouvrage dans l’excellente collection Shampooing de Delcourt.

Une fine équipe s’est constituée et compte dans ses rangs quelques auteurs savoureux. D’un point de vue graphique, excepté la partie des décors assez uniforme et suffisamment discrète pour offrir un terrain de jeux idéal aux intervenants, se côtoient les styles hétéroclites ; chaque auteur utilise sa touche personnelle pour se mettre en scène.

Cela crée quelques forts contrastes entre un Guy Delisle tel que nous le connaissons dans ses BD reportages et Nadja dont le personnage (un ours dessiné au feutre et grisé à la peinture) ressort fortement sur ces aplats à forte dominance de blanc. Sans réelle difficulté on situe immédiatement Lewis Trondheim avec sa gueule d’oiseau déjà vue dans OuBaPo Oupus ou dans Les petits riens de Lewis Trondheim (récit autobiographique).

Trondheim

Pour le reste : Anouk Ricard, François Ayroles, Boulet, Charles Berberian, Aude Picault, Emile Bravo, Hélène Bruller, Fanny Dalle-Rive, Florence Cestac, Lucie Durbiano, Caroline Sury, Tom Gauld, Patrice Killoffer, Sébastien Lumineau, Peggy Adam, Anna Sommer, Olivier Schrauwen, Catherine Meurisse, Lisa Mandel, Pauline Martin, Morgan Navarro, Christian Aubrun, Zep, François Olislaeger, Frederik Peeters, Frantico.

auteurs Maison Close

Lecture du mois de mai pour kbd

PictoOKOriginal, cocasse et le traitement du sujet est réellement intéressant. Les auteurs se mettent en scène et illustrent leurs fantasmes de façon tout à fait spontanée. Qui a dit que parler de sexe devait se faire obligatoirement de manière grossière et sirupeuse ? Allez !! c’est amusant et cela permet de découvrir les petits travers de nos auteurs préférés.

La maison close

One Shot

Editeur : Delcourt

Collection : Shampooing

Dessinateurs / Scénaristes : collectif (voir détails plus haut dans l’article)

Dépôt légal : janvier 2010

ISBN : 978-2-7560-2134-8

Bulles bulles bulles…

Quatrième de couverture : « La Maison Close est un travail collectif organisé et initié par Ruppert & Mulot. Répondant à une invitation de Dupuy & Berbérian qui furent les présidents du festival d’Angoulême en 2009, La Maison Close fut d’abord montrée sur le site internet du festival en parallèle d’une exposition à la CIBDI. Un mode d’emploi en ligne, à l’intention des auteurs participants, comprenant notamment une visite guidée de la maison close, fut créé pour l’occasion. Cette visite guidée ainsi que le salon de thé de la maison close sont disponibles à cette adresse :

http://www.succursale.org/visiteguidee/

Cette visite vous permettra de découvrir les différents décors et, ça et là, en cliquant sur les personnages, vous pourrez accéder à quelques unes des scènes de l’album.

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La Maison close – Collectif d’auteurs © Guy Delcourt Productions – 2010

L’Homme de mes rêves (Nadja)

L'Homme de mes rêves
Nadja © Cornélius – 2010

Kate est dans une sale période. Fragilisée par une rupture sentimentale, elle flirte un temps avec la dépression. Ses amis la soutiennent dans ce moment douloureux, jusqu’à sa rencontre avec Quentin qui va progressivement la faire sombrer dans la solitude, l’horreur et lui faire endosser le rôle de la femme-objet. Un déclic, une onde de choc, et Kate décide de se reprendre en main.

Connaissez-vous Nadja ? Peut-être, peut-être pas, en tout cas, je trouve qu’il serait dommage de se priver de la présentation de l’auteure faite par Cornélius en troisième de couverture :

« Nadja voit le jour à Alexandrie en 1955. Après une rapide visite de la ville, elle décide de poursuivre son enfance au Liban, dont une partie de sa famille est originaire. Arrivée sur place, elle s’assied sans attendre à une table et entreprend de crayonner copieusement la toile cirée, manifestant d’évidentes prédispositions pour l’indépendance et le dessin. A cinq ans, tombant dans la presse locale sur un article vantant la qualité des cercles parisiens, elle croit comprendre qu’on l’attend là-bas. Cette grossière erreur d’interprétation l’amène à finir sa scolarité dans une école française. Quelques vingt années plus tard, elle écrit et dessine Chien bleu, qui devient aussitôt un immense succès en libraire. Elle entame alors une prolifique carrière d’auteurs pour enfants, qui lui amène la gloire, le bonheur et la fortune. Sa route croise un peu plus tard celle de la famille Cornélius, qui lui propose de lui faire une place à table. Nadja saisit sans attendre cette occasion pour partir à la conquête du lectorat adulte, qu’elle convertit aussi sec à sa verve inimitable. Elle partage aujourd’hui son temps entre la peinture, l’écriture et le dessin, s’obstinant à ne faire en toutes circonstances que ce qui lui chante. Et tout ça nous donne de bien beaux livres ».

A faire le choix de reprendre cette présentation fort sympathique, je pense que vous l’aurez compris, j’ai adoré cet album. Pourtant, j’étais assez sceptique  au moment de l’acheter, pris le temps de feuilleter et refeuilleter l’album plusieurs fois et même une fois inséré dans ma Pile à Lire, je n’ai eu de cesse d’en reculer la lecture, pensant que je resterais extérieure au récit. En apparence, le graphisme semble bien sombre, voire austère. Et puis, à force de me faire de l’œil pendant pratiquement un mois, j’ai balayé mes appréhensions, pris ce livre à bras le corps et me suis confortablement installée pour le voyage. Les premières planches ne sont pas évidentes, le temps de s’habituer au graphisme. Des gris verdâtres prédominent et sont ponctuellement rehaussés par de rares touches de rouges vifs (la bouche et les chaussures de l’héroïne) et du rose pale de sa peau. L’atmosphère est austère, le ton est mélancolique, on sent Kate fragile, perdue, ballotée. Et puis, à une quinzaine de planches du début, c’est l’accroche… me concernant. On est troublé, on voudrait prendre Kate sous notre aile. Narrateur, elle nous guide dans les dédales de ses angoisses. Nadja nous fait perdre nos repères dans une subtile alternance de planches muettes, de dialogues et de « bulles de pensée ».

Ce thriller sentimental nous noue le ventre. Des scènes d’une violence non dissimulée s’offrent à nous avant de nous projeter, éberlués, dans un autre espace-temps pour voir Kate tenter de maintenir un fragile équilibre et rester du bon côté de la fine frontière qui sépare la raison de la folie. Passé, présent, futur, on voyage de manière fluide dans le récit. Réalité et monde onirique se chahutent en permanence. Il n’y a pas de pudeur ici, une réalité crue troublante, une détresse saisissante dans le regard de Kate, un corps de femme instrumentalisé. On aurait parfois envie de parler de « sac de viande » tant Quentin le manipule sans ménagements. Les traits des personnages ne sont pas beaux, mais la vie est-elle en toute occasion de toute beauté ?? Peur, désir, tristesse… les émotions et les sentiments de Kate nous assaillent au point de les ressentir physiquement. On oublie le livre que l’on tient dans les mains, l’histoire nous happe.

Un album qui m’a été conseillé par Marie de La Librairie Arcade à Toulouse (merci Marie !!^^). Cette chronique intègre, au titre du conseil, le Challenge « PAL Sèches »

Je partage également cette lecture avec Mango et les participants aux

Mango

PictoOKQuelle claque ! Un récit marquant qui nous égare entre monde imaginaire et réalité, fantasme et viol, désillusion et espoir. Un récit à la première personne qui nous fait passer par des émotions aiguës, tantôt malsaines, tantôt réconfortantes. A lire, j’ai besoin de vos avis !

L’avis sur Moratoireogm.

Extrait :

« J’étais dans cet état d’étrange insouciance que produit parfois la tristesse. Cette sorte de lucidité qui libère… Enfin qui libère… Disons qui donne une impression de liberté… Sans doute à cause du détachement… Rien de pire ne peut vous arriver… donc rien n’est très important » (L’Homme de mes rêves).

L’Homme de mes rêves

One Shot

Éditeur : Cornélius

Collection : Paul

Dessinateur / Scénariste : NADJA

Dépôt légal : août 2010

ISBN : 978-2-915492-80-4

Bulles bulles bulles…

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L’Homme de mes rêves – Nadja © Cornélius – 2010