Dans la Forêt sombre et mystérieuse (Winshluss)

Winshluss © Gallimard – 2016

Angelo est un gamin d’une dizaine d’années. Curieux de tout, il se passionne pour les animaux, les insectes… et aimerait plus tard devenir zoologiste. Il vit dans une famille banale en tous point de vue : un grand frère en pleine crise d’adolescence, une petite sœur qui n’en est qu’au stade des areuh-areuh, un père qui entame son sevrage tabagique et une mère attentionnée. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si ce n’est qu’une sale nouvelle tombe sur la petite famille : la grand-mère maternelle d’Angelo a été victime d’un malaise cardiaque et les médecins sont très pessimistes sur son pronostic vital.

« Moi, je vous le dis, un monde sans Mémé, ça serait trop nul !!! »

Dans la Forêt sombre et mystérieuse – Winshluss © Gallimard – 2016

Ni une ni deux, la famille saute dans la voiture avant qu’elle… enfin… tant que… bref, vous voyez quoi… ils vont rendre visite à la grand-mère tant qu’elle est encore de ce monde. Profitant d’une petite halte sur une aire de repos, Angelo explore les environs à la recherche d’un spécimen rare qu’il pourrait capturer. Il s’apprête à mettre la main sur un dinosaure quand soudain – un drame n’arrivant jamais seul – il s’aperçoit que sa famille a repris la route… sans lui ! Le voilà seul, livré à lui-même et totalement paniqué ! Pour les rejoindre, il décide de couper à travers la… et se perd complètement.

« Gloups ! Maintenant, il fait nuit… Maintenant, j’ai la trouille. »

Winshluss délire avec un jeune aventurier en herbe à qui il fait vivre une épopée complètement loufoque ! Mort de trouille face à l’abandon (il a purement et simplement été oublié par ses parents dans un lieu cossu de banalité), l’enfant n’a d’autre choix que celui de se réfugier dans son monde imaginaire pour limiter le traumatisme. Il surfe à plein régime sur les chemins hasardeux de la vie et s’adapte à la vitesse de la lumière aux situations auxquelles il va être confronté… situations plus improbables les unes que les autres de son aventure fantastique. Ne pouvant compter que sur lui-même, le personnage va de surprise en surprise. Winshluss s’éclate et mêle à ce récit diverses références directement sorties des contes populaires de notre enfance (reprenant ainsi un concept qu’il avait maitrisé avec brio dans « Pinocchio » il y a de ça 12 ans… déjà !!!). Puis l’auteur improvise, fait des pirouettes narratives folles pour retomber sur ses pattes. Parfois, j’ai eu l’impression que Winhluss se faisait lui-même surprendre par ce récit imprévisible. Impossible donc, une fois la lecture commencée, de deviner les tours et les détours par lesquels on va passer mais c’est bon… bien bon !

Le ton est espiègle et aborde tout en finesse des sujets comme le respect de l’environnement, les effets délétères de l’industrialisation, la mort, l’ambition, le courage, la séparation… Fichtrement riche ce scénario ! Les péripéties et les rebondissements se succèdent et le petit bonhomme qui tente d’avancer dans la vie tient à lui seul tout le poids de l’album sur ses petites épaules. On ne se perd pas et Ôh surprise, ce récit est accessible à un large public (pas de scènes de pénétration, pas de viol de Blanche Neige par Sept Nains Vicieux… non, le dessin est épuré, soft mais pas au point d’être conventionnel. Non, un « soft » qui pétille de malice et que petits et grands pourront apprécier.

Petit album qui fait du bien et permet de déconnecter. Vivifiant donc.

Dans la Forêt sombre et mystérieuse (one shot)

Editeur : Gallimard BD

Dessinateur & Scénariste : WINSHLUSS

Dépôt légal : octobre 2016 / 160 pages / 18 euros

ISBN : 978-2-07-065570-0

Jeannot (Clément & Maurel)

Clément – Maurel © Guy Delcourt Productions – 2020

Il s’appelle Jeannot. La soixantaine bien tassée. Ancien jardinier. Le fil rouge de sa vie, c’est le soin (très) méticuleux qu’il a mis toute sa vie à s’occuper des plantes. Mais…

Sa vie a déjà basculé une fois. Il avait la quarantaine quand les tourments de la vie les poussent, sa femme et lui, au divorce. Un divorce qui l’affecte profondément. Et soudainement, suite à cette bourrasque qui a emporté sa vie d’avant, Jeannot s’est mis à entendre ce que disent les plantes. Cela pourrait être vu comme une bénédiction pour un jardinier… mais Jeannot le vit comme une malédiction.

 « … car si vous pouviez entendre parler les plantes, comme moi… vous constateriez que la plupart sont bêtes comme leurs racines. »

Cette aigreur qu’il ressent depuis des années l’a changé en vieux ronchon. Des années qu’il ressasse cette colère et presque rien ne l’apaise. Jusqu’à sa rencontre avec Josette… vous savez cette Josette que Merlin a affectueusement surnommée « Chaussette » !

Oh quel régal de pouvoir savourer cette pépite d’album jeunesse ! C’est une courte parenthèse (quarante pages, ça se lit rudement vite !) mais le résultat est beau. C’est aussi l’occasion de découvrir le premier titre de ce duo formé par Loïc Clément et Carole Maurel… un peu surprenante parenthèse car j’étais très habituée aux collaborations que le scénariste a eues avec Anne Montel avec notamment à leur actif Chaussette, Les Jours sucrés ou plus récemment Miss Charity (que j’ai lu mais non chroniqué).

Alors forcément, je n’ai pas fait le lien de suite avec « Chaussette » (paru en avril 2017 et qui fut pour moi un énooormissime coup de cœur). Je n’ai pas fait le lien parce que Josette n’y est pas le personnage principal… Puis je n’y étais pas préparée… Puis elle arrive dans un second temps, lorsqu’on se repère un peu dans le quotidien de Jeannot et que j’étais déjà là à rire sous cape en observant ce vieux bougon… Puis enfin [c’est le dernier] je n’ai pas fait le lien de suite parce que l’histoire de Jeannot est différente. Cerise sur le gâteau : il n’est pas nécessaire d’avoir lu « Chaussette » avant pour s’immiscer dans l’univers et s’y sentir bien.

« Jeannot » est un album plus mature que « Chaussette » . C’est du moins comme cela que je l’ai perçu. J’ai trouvé que le personnage principal avait une personnalité plus affirmée. Son grain de folie s’impose bien plus que celui de Josette. Cela tient aussi à la façon dont on entre dans sa vie : de plein-pied [pour l’histoire de Josette, c’était une drôle de filature que réalisait un enfant… forcément un récit plus onirique, un peu naïf]. La réelle différence tient au travail de Carole Maurel. On passe ainsi du crayonné printanier qui collait parfaitement avec le personnage féminin à un dessin plus épais, plus automnal dans ses teintes. Il se marie très bien à la personnalité de Jeannot.

Un drôle d’album qui nous amène sans crier gare sur un sujet douloureux. Support intermédiaire idéal pour parler de la question du deuil avec un jeune lecteur.

Jeannot (one shot)

Editeur : Delcourt / Collection : Les contes des cœurs perdus

Dessinateur : Carole MAUREL / Scénariste : Loïc CLEMENT

Dépôt légal : juin 2020 / 40 pages / 10,95 euros

ISBN : 978-2-4130-1965-7

Le vieil Homme et la Mer (Murat)

En 1952, Ernest Hemingway reçoit le Pulitzer pour « Le vieil Homme et la mer » , une œuvre que Thierry Murat revisite ici.

Murat © Futuropolis – 2014

On est à Cuba, non loin de la Havane, dans les années 1950. Ici, la journée, les rues sont désertes. Les habitants se protègent du soleil écrasant. Les tons vifs des façades des maisons bariolent le paysage. L’océan vient lécher les pieds des maisons qui sont en bordure de la plage. Le bleu majestueux de l’océan flirte avec le bleu éclatant du ciel.

« Ici, lorsque vous êtes fini, plus bon à rien, on dit que vous êtes salao. Ce qui est la pire des insultes pour dire que la chance vous a abandonné. Mais ici, on dit aussi que c’est au moment où la nuit est la plus noire que va se lever le jour… »

Lorsque le soleil commence sa phase descendante, les rues recommencent à s’animer peu à peu. Quelques badauds çà et là. Un enfant rejoint le port en courant. Comme chaque jour, le vieux rentre de sa journée de pêche. Dans le fond de sa barque, quelques filets sont déposés, quelques affaires… pas un seul poisson. Cela fait des mois qu’il n’attrape plus rien. La dernière chose qu’il est parvenue à attraper, c’est l’amitié de cet enfant qui l’attend tous les soir lorsqu’il rentre au port. Il sait qu’aujourd’hui encore, l’enfant sera triste de le voir rentrer bredouille mais qu’il n’en dira rien. Il sait qu’ils auront quelques heures à passer ensemble, qu’ils parleront de baseball, qu’ils se rappelleront le temps où ils pouvaient pêcher ensemble… que le vieux lui racontera ses vieilles histoires, celles qui appartiennent au temps où il n’était pas salao. Aujourd’hui, cette déveine l’accable, le tasse, le rend plus vieux encore. Jusqu’au jour où le vieux part plus loin que d’habitude, à la pêche aux gros. Il s’installe au large avec la ferme conviction de montrer que le vent a tourné. Il veut retrouver sa dignité. Le vieux sera le premier surpris de constater que la chance lui sourit à nouveau. Un énorme espadon s’est accroché à une de ses lignes. Entre l’homme et le poisson, un long combat s’engage. Il durera trois jours et trois nuits.

Face à Hemingway, l’enfant raconte son amitié avec ce vieil homme. Il lui raconte comment il a grandi à ses côtés. Il parle du vieil homme avec respect. Il l’admire. Il le connaît aussi mieux que personne. Quelques passages s’incrustent dans le scénario pour montrer ce tête-à-tête entre l’écrivain et l’enfant pêcheur. Le romancier ponctue le long récit de l’enfant, pose quelques questions, demande des précisions. Pour cette adaptation, Thierry Murat fait d’Hemingway un personnage à part entière, un passeur d’histoires qui récolte un témoignage qu’il couchera ensuite sur papier. Cela donne une jolie dimension à cette fiction et sème le trouble : réalité ou fiction ?

Le vieil Homme et la Mer – Murat © Futuropolis – 2014

Mais c’est l’enfant qui est notre guide principal dans ce voyage nostalgique. Hemingway s’efface toujours très vite même si l’on perçoit le regard bienveillant qu’il pose sur le jeune pêcheur. Ce dernier est un narrateur hors pair qui n’écarte aucun détail. Ni le son d’une voix, si l’odeur des embruns marins, ni l’amplitude d’un geste. Il n’omet rien. Il fait des pauses dans son récit pour que son interlocuteur prenne la mesure de ce qu’il vient de dire. Durant ces instants de silence, le temps est comme suspendu. Ce suspense nous ferre. A l’instar du poisson, notre curiosité nous a fait mordre à l’hameçon et plonger toujours plus loin dans la découverte de ce témoignage.

Santiago, grand-père, toi… Dans la bouche de l’enfant, le prénom du vieux est prononcé avec respect. Entre eux, il y a de l’estime et de l’amour, de la complicité aussi. L’enfant a une tendresse particulière pour ce vieux. C’est un amour semblable à celui qu’un enfant porte à son grand-père. Il scrute l’ancien, se nourrit de lui, le protège et apprend à son contact.

« Sa peau, ses cheveux, ses souvenirs, tout chez lui était vieux. Sauf son regard, qui brillait encore comme un soleil rasant sur la crête des vagues. »

Entre voix-off et échanges interactifs, le scénario trouve très vite sa mélodie, son rythme. Thierry Murat sublime le texte d’Ernest Hemingway. Il nous fait passer de l’ocre au bleu, du jour à la nuit, de la chaleur à la nostalgie, du récit au silence… puis vient le moment de ce combat fantastique entre le vieux pêcheur et un gigantesque espadon. Ils se sont défiés au bras de fer. L’homme et le poisson vont puiser dans leurs forces physiques et psychiques.

Superbe ! Les mots d’autres lecteurs :

Noukette : « Si le texte est une merveille, le dessin élégant de Murat le magnifie. L’alliance des deux est un petit miracle sans aucune fausse note. Intense et unique. »

Jérôme : « Le texte d’Hemingway, au symbolisme un peu simpliste et trop évident, tenait surtout par la beauté de son écriture. Cette adaptation très fidèle m’a embarqué par son esthétisme. »

Yvan : « Les grandes cases et l’absence de bulles permet de restituer l’immensité de l’océan et la solitude du vieil homme, tout en permettant de se concentrer sur des textes qui se retrouvent magnifiés par les superbes planches de l’artiste. »

Moka : « La palette de Murat est d’une richesse sans nom et rythme à merveille ce ballet maritime,  permettant au temps qui passe d’enrober de ses ambiances et de ses nuances, une histoire qui n’est pas qu’une simple partie de pêche. »

Noctenbule : « Si vous aimez les voyages tout en délicatesse, en lenteur et en sensibilité, montez dans ce bateau pour aller vers Cuba à la rencontre du vieil homme qui aime la mer. »

Sabine : « Thierry Murat s’est emparé du roman d’Hemingway, de la pensée et sagesse, d’en retranscrire sa poésie, la lutte, la conversation entre un homme et un poisson, entre la vie et la mort. »

Le vieil Homme et la Mer (récit complet)

Editeur : Futuropolis

Dessinateur & Scénariste : Thierry MURAT

Adapté du roman d’Ernest HEMINGWAY

Dépôt légal : octobre 2014 / 128 pages / 20 euros

ISBN : 978-2-7548-0948-1

Paul à la maison (Rabagliati)

Difficile pour moi de faire l’impasse sur « Paul à la maison » , neuvième tome de l’univers « Paul » créé par Michel Rabagliati en 1999. Aucune fréquence définie pour la publication d’un nouvel opus de Paul. La surprise toujours. L’impatience dès que l’on sait qu’un autre tome arrive. Puis la lecture dont on se régale souvent… ou, ponctuellement, que l’on range avec une légère pointe de déception en bouche.

La vie de Paul est calme désormais. Son divorce est consommé, Rose (sa fille) vit à temps plein chez sa mère. Il n’y a plus que des bricoles qui rythment le quotidien, souvent des impondérables d’ailleurs. Les semaines se suivent et se ressemblent souvent :  faire les courses pour sa mère et les lui apporter, acheter des petits riens à sa fille, se rendre dans une lointaine école pour y faire une intervention… Le temps est venu de se consacrer à soi, de s’accorder du temps pour les loisirs mais Paul a de goût à bien peu de choses. La cinquantaine est là… à croire que c’est la décennie de la râlerie !

En rendant visite à sa mère, Paul se visionne le film de ces dernières années. De son enfance, des événements marquants qui ont fait date dans la vie de ses parents, leur divorce, le remariage de sa mère puis sa solitude depuis ces dernières années. Il se remémore aussi ce qu’il sait d’elle, la sixième enfant d’une fratrie de treize, son entrée précoce sur le marché du travail, sa rencontre avec celui qui deviendra le père de ses enfants… Ces visites sont aussi l’occasion de mesurer à quel point les choses changent avec l’arrivée des technologies. La cinquantaine est là et le comme « c’était mieux avant » vient ponctuer chaque observation !

Fichtre. Voilà un album bien nostalgique et bien lent. On y retrouve cette tristesse qui avait teinté « Paul à Québec » (le personnage principal y avait enterré son beau-père, mort des suites d’un cancer). Ce neuvième tome est proche d’un arrêt sur image et l’occasion, pour Paul, de faire une grosse introspection. A force de cohabiter avec sa solitude, Paul est devenu morose. A 51 ans, il vit seul et cette situation lui pèse. Paul se replie, ne supporte pas le changement, rumine, devient hypocondriaque, est touché de sinistrose, bref… Paul broie du noir.

Au travers de cette parenthèse moins entraînante que la plupart des albums de la série, Michel Rabagliati montre une nouvelle facette de son personnage… celle des mauvais jours. Bien sûr, on avait déjà perçu que par périodes, Paul pouvait manquer d’entrain. Mais là, le malaise est profond. Pris d’une sévère crise de la cinquantaine, Paul fait du « sur place » . Son entourage semble s’être réduit comme peau de chagrin alors qu’atour de lui, il y a une myriade de choses à attraper. Au-delà de ça, Paul s’englue dans son quotidien, donne des croquettes à son chien chaque matin, va de spécialiste en spécialiste pour qu’ils mettent des mots sur ses maux, esquive son voisin, déserte son jardin, mange en tête-à-tête avec son téléviseur… Si sa vie semble vide, les cases quant à elles regorgent de petits détails : d’une étiquette de boite de conserve, d’une enseigne, d’une forme architecturale. Un monde où finalement, pour ce personnage, la seule source de plaisir semble être visuelle. Alors il dessine…

J’ai finalement peu de choses à dire sur ce tome qui propose un récit assez linéaire. La lecture n’est pas désagréable pour autant. Un tome que j’ai trouvé plus personnel que les précédents ; par l’intermédiaire de son alter-ego de papier, Michel Rabagliati s’y livre de façon plus explicite et couche sur papier quelques confidences :

« Ce soir, on lance Paul au Parc, mon septième. J’espère que les lecteurs l’aimeront. En tout cas, je ne le saurai pas ce soir, puisqu’ils ne l’ont pas encore lu ! on a eu quelques bonnes critiques dans les journaux, ça devrait aller. Pourquoi est-ce si stressant de laisser partir un livre à la rencontre du public ? on se sent si inquiet et vulnérable. Comme dans le cabinet d’un médecin. »

C’est un bout de vie québécoise que Michel Rabagliati raconte au travers de Paul, complété de quelques bouts de sa propre vie et peut-être quelques anecdotes glanées dans son entourage. Car la petite histoire de Paul nous permet de fouler le sol québécois. A travers son héros fictif, « Paul » est une chronique sociale qui ouvre à la culture québécoise (références musicales, télévisées, cinématographiques, littéraires…). On y renifle des odeurs de pâtisseries qu’on ne mangera que là-bas, nos oreilles frétillent au contact de cet accent si chaleureux, on effleure entre-aperçois de nouveaux spots publicitaires… sans être trop dépaysés puisque la course à la consommation est la même, le mantra métro-boulot-dodo est identique et dans les transports en commun, on observe un paysage similaire d’usagers qui ont le nez collé sur leur écran de téléphone.   

Plaisir de retrouver Paul. Parenthèse enchaînée pour une petite heure de lecture. Les amoureux de la série devraient se régaler ; pour les profanes, ce n’est pas la meilleure facette que Paul ait à montrer de lui mais c’est une belle occasion de faire sa connaissance [chaque tome est une porte d’entrée dans l’univers de Paul et chaque tome contient un récit complet que l’on peut lire indépendamment des autres, sans avoir la fâcheuse impression d’avoir raté un wagon].

La chronique de Sabine dans son Petit Carré Jaune et le très bel article de François Lemay (avec de l’interview inside).

Paul à la maison (tome 9)

Editeur : La Pastèque

Dessinateur & Scénariste : Michel RABAGLIATI

Dépôt légal : janvier 2020 / 208 pages / 25 euros

ISBN : 978-2-89777-072-3

Mon voisin Raymond (Troub’s)

Troub’s © Futuropolis – 2018

La maison de Troubs est tapie dans la campagne, en Dordogne. Seul un petit bois la sépare d’un modique hameau où vit Raymond, un vieil homme devenu son ami. D’une rencontre à l’autre, une amitié est née entre les deux hommes que plusieurs générations séparent.

Un album pour prendre le temps de profiter de l’instant présent… de contempler…
La nature dans sa robe automne. Le bal des oiseaux, la valse des feuilles, les odeurs de la terre…
La campagne endormie sous les frimas de l’hiver. Les gros manteaux, l’odeur du café chaud, la chaleur fruitée de la gnôle…
Le printemps et sa traîne joyeuse…
Les chaleurs estivales qui nous font vivre au ralenti…

Au rythme des saisons, on suit le quotidien tranquille des lieux et l’on découvre le quotidien de Raymond. Les conversations sont faites de peu de choses, d’un oiseau qui passe, de la météo ou de vieux souvenirs.

Un coup de main pour tailler la vigne, couper du bois ou boire un canon… l’intérêt de cet album est finalement un pied-de-nez au rythme effréné que l’on a tous. Ici, on est dans une bulle où le temps passe lentement… au rythme de la nature, de la cueillette des fruits et de la récolte du potager. A force de le côtoyer, Troub’s parvient à anticiper les questions de son ami Raymond.

Des petites phrases courtes, souvent des mots répétés, comme une lente leçon de la vie que son voisin lui raconte patiemment. Observer la nature, apprendre à faire des choses, à savourer, à observer, écouter, sentir…

Un soutien, une oreille, un rire… une bonne bouffée d’air au final.

La chronique de Jérôme.

Mon Voisin Raymond

One shot
Editeur : Futuropolis
Dessinateur / Scénariste : TROUB’S
Dépôt légal : mars 2018
96 pages, 17 euros, ISBN : 978-2-7548-2063-9

Bulles bulles bulles…

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Mon voisin Raymond – Troub’s © Futuropolis – 2018

Amour, passion & CX diesel

Fabcaro © Fluide Glacial – 2017

Quoi de mieux qu’une bonne saga familiale pour dénoncer de vrais sujets de société, sans tabous ni fioritures. Nous voici plongés dans l’intimité d’une famille qui pourrait être la nôtre, la vôtre.

Quand Cynthia a annoncé que Harold, son mari, était souffrant, le sujet de la succession a aussitôt agité leurs quatre enfants et conjoints, Brandon et son épouse Jessifer, Bill, Pamela et son mari Tony, et Jean-Mortens.
Et notamment la question qui brûle toutes les lèvres : qui va hériter de la CX diesel que tous convoitent ?

La famille Gonzalès n’est pas épargnée par la cruauté de la vie. Elle rencontre des problématiques susceptibles de toucher tous les foyers. Chômage. Stérilité. Jalousie. Adultère. Homosexualité. Rivalités fraternelles. Maladie. Adoption. Non-dits. Racisme. Coupe nuque longue. Parentalité. Dépression. Secrets de famille. Vieillissement. Deshéritage. Manipulation psychologique. Alcoolisme….

Oui, mais voilà….. dans l’univers de Fabcaro, l’enfant adopté doit être assorti à la tapisserie de la cuisine, la chirurgie esthétique est presque, presque réussie, le coming-out, lui, est totalement foiré, le corbeau signe ses lettres de menace, le nouveau-né met tout le monde mal à l’aise… et une rutilante CX diesel, fleuron du luxe et de la technologie, dort dans le garage.

Tous les coups sont permis pour hériter de la CX paternelle, surtout les plus bas !

La saga se déroule en 3 saisons, le rythme est effréné et l’effet huit-clos fait monter la pression à merveille. C’est burlesque, barré à souhait comme j’aime ! Le passage de personnages secondaires hauts en couleur empêche l’essoufflement et renforce la (dé)cohésion entre héritiers.

L’ambiance est fidèle à l’univers complètement décalé de Zai Zai Zai Zai, Et si l’amour c’était aimer etc. Le foulage d’abdos est garanti, si si promis !

La force de cet album, c’est que ce n’est pas une simple caricature, ça va au-delà ; c’est une caricature de l’absurde, porté au 18e degré. Le choix du dessin anthropomorphique y fait beaucoup comme explique James dans le making-of, il apporte en effet une plus-value et met en valeur le scénario. C’est peut-être le petit + qui manquait à Talk Show de Fabcaro.

Des personnages loufoques, des problématiques contemporaines, le trait grossi à l’extrême font que le résultat tourne au génie !

Alors foncez, laissez-vous embarquer par cette saga, délectez-vous des malheurs des Gonzales et… ne manquez pas cette formidable occasion de vous sculpter des abdos de rêve pour cet été!

Pour ma part, j’y retourne !

Scénario: Fabcaro
Dessin: James
Couleurs: Bengrrr
Édition intégrale Fluide Glacial 2017

(1ère saison éditée en 2011, 2e en 2012, 3e en 2014)

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Amour, Passion & CX Diesel – Fabcaro © Fluide Glacial – 2017