Je mourrai pas Gibier (Alfred)

Je mourrai pas gibier
Alfred © Guy Delcourt Productions – 2009

Un carnage au fusil, des douilles partout dans la chambre, il a tiré par la fenêtre, excité par les gens qui s’agitent en bas… ce lycéen a pété les plombs. « Ils ne tiennent pas à ce que je me foute en l’air. Mais n’importe comment, il y a toujours moyen (…). J’avais d’ailleurs prévu de conserver deux cartouches pour ma pomme. Sauf que j’ai du me laisser emporter par l’euphorie, je les ai toutes tirées ».

Les flics viennent d’arriver, ils ont maîtrisé le forcené et commencent leur sale besogne, celle de compter les blessés, les morts, de faire le tour du propriétaire. Intérieur banal qui ne laissait pas présager le drame. Nous sommes à Mortagne, un petit bled qui ne paye pas de mine, un lieu du bout du monde perdu en pleine campagne, deux employeurs font vivoter le bassin d’emploi : une scierie et un domaine viticole embauchant à 50/50 les hommes du village.  Cela crée un clivage et nourrit une haine ancestrale au sein de Mortagne.

Cette BD est une adaptation d’un roman de Guillaume Guéraud, lui même tiré d’un triste fait divers. Alfred dessine et scénarise l’ensemble, viennent ensuite s’apposer les couleurs d’Henri Meunier sur cet univers très particulier.

Le personnage principal parle de son geste et revient les circonstances qui l’y ont conduit. Il présente alors « le décor » : un monde rustre, rural et étriqué. Seule trêve dans le vain combat scierie/vigne : la chasse, moment enfantin où les haines se taisent et que les clans lèvent leurs fusils de concert pour dégommer leurs congénères à poils ou à plumes. Charmant ! On rentre progressivement dans la tête du personnage à mesure que l’on cerne les codes de vie bien huilés de sa vie et qu’on comprend qu’il se débat pour éviter l’avenir déprimant et  mortifère de la scierie. Alfred nous assomme : gros plans, portraits, paysages… les angles de vue se succèdent et imposent leur rythme. La colorisation crée une atmosphère morose, une violence latente. Un bruit monte en sourdine, la tension s’installe et grandit à mesure qu’on avance dans la lecture même si son dénouement nous est dévoilé dès la première planche. On étouffe dans ce monde étriqué où le libre-arbitre n’est pas de mise, où les frontières relationnelles sont érigées vulgairement, où l’on évite soigneusement de se confronter à l’inconnu.

PictoOKJ’ai bien aimé. Je me suis sentie oppressée pendant la lecture mais après tout, ce carcan social n’a-t-il pas eu cet effet sur le personnage principal ? Simple, sans fioritures et percutant… Album à ouvrir en ayant la certitude d’avoir une heure bien à soi car impossible de refermer le livre en cours de lecture.

L’interview d’Alfred sur BDGest’, les chroniques de Lelf, Val et d‘Hectorvadaire.

Extrait :

« A Mortagne, on n’a pas vraiment les moyens de réfléchir en fait. On a bien un cerveau, mais rien d’autre à mettre dedans que du raisin, des planches, de la sueur et du plomb. Pour le reste, on n’a pas les armes qu’il faut pour changer les choses » (Je mourrai pas gibier).

Je mourrai pas gibier

One Shot

Éditeur : Delcourt

Collection : Mirages

Dessinateur / Scénariste : ALFRED

Dépôt légal : janvier 2009

ISBN : 978-2-7560-1313-8

Bulles bulles bulles…

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Je mourrai pas gibier – Alfred © Guy Delcourt Productions – 2009

Silence (Comès)

Silence
Comès © Casterman – 1980

« Silence est « l’idiot du village » des habitants de Beausonge, petit bled perdu des Ardennes. Silence est muet.

A la solde d’Abel MAUVY, un exploitant agricole aussi méchant qu’avare, Silence est affecté à tous les menus travaux de la ferme de son « maître ». Ce dernier n’hésite pas non plus à proposer les services de Silence aux fermiers de BEAUSONGE, accentuant ainsi la dette des autres à son égard.

Une ambiance malsaine règne sur ce bourg dont on sent que ses habitants cachent un terrible secret… » (synopsis éditeur : Silence – Comès © Casterman – 1980).

Une vieille BD que voici et qui pourtant n’a pas pris une ride. Un univers atypique, une lecture qui semble austère de prime abord… mais on rentre facilement dans le récit.

La mise en bouche est signée Henri GOUGAUD. Il nous livre une magnifique préface. En voici un extrait : « Silence est un être que l’on oublie pas. Je le préfère à Comès. Il a la grâce, lui, il a le cœur ailé. Il est Comès dépouillé de ses pesanteurs. Comès a souvent la tête lourde, il n’y arrive pas, il s’empoisse dans des problèmes d’homme intelligent, c’est-à-dire des fadaises, mais inextricables. Pas Silence. Silence est un simple profondément et très naturellement religieux. Il est de ces gens sans malice (…). Silence n’a pas besoin d’avoir la foi, de se creuser des questions métaphysiques. Il sait. Ce n’est pas lui qui est ignorant et fou, c’est le monde qui ne se rend pas à l’évidence de son savoir, de sa lumière ».

Silence suscite de l’empathie. On oscille en permanence entre des extrêmes qui pourrait se résumer schématiquement à l’éternel conflit entre le Bien et le Mal. Le graphisme accentue cela : du noir, du blanc, jamais de gris sur le trait de COMES identifiable au premier coup d’œil.

Le récit fait s’opposer religion et superstition sans tomber dans la caricature. A cela s’ajoute un mélange d’onirisme et de fantastique. Et puis, avec justesse, nous voyons des gens simples  et rassurés par leur routine. Le changement, les étrangers… ils s’en méfient. Leur quotidien est rythmé par les travaux de la ferme fluctuant au gré des saisons, les « bonjours » lancés à la volée et le tube cathodique qui déverse son flot de programmes. On pourrait croire ces gens rationnels pourtant  leurs croyances parfois aveugles (religion, sorcellerie) démontre le contraire. Certains sont matérialistes, d’autres mesquins ou fourbes mais pas Silence. Il évolue au milieu de ces gens laids avec son faciès de primate et ses bulles de pensées sont écrites en langage phonétique, ce qui accentue le caractère tronqué du regard qu’il pose sur son environnement (compréhension altérée des choses et des sentiments, erreur d’interprétation des attitudes de chacun…). Mais Silence n’est pas sourd et capable d’interagir a minima avec les autres… a minima, car les gens comprennent ce qu’ils ont envie de comprendre. Dans cet album, il est donc question d’intégration et des difficultés qui y sont liées. Dans une interview, Comès avait déclaré « Je voulais illustrer le problème de l’incommunicabilité, et plus précisément la méfiance instinctive à l’égard des gens « différents », méfiance qui débouche souvent sur la violence ».

On nous invite à réfléchir sur ce que la Différence suscite. L’Autre qui ne pense et n’agit pas comme  » la masse  » fait peur. On s’en méfie mais du moment qu’il fait partie des meubles, on le tolère.

Lecture de mai pour k.bd :

PictoOKPictoOKUn incontournable.

Autres avis sur Silence : krinein, kriblogs (article plus complet sur Comès).

Autres albums de Comès sur le blog.

Extraits :

« Dans cette campagne ardennaise, où le Diable et le Bon Dieu font bon ménage, des êtres, comme « La Mouche » craints et redoutés, ont énormément d’importance, d’autant plus que la sorcellerie sert la haine ! Et la haine, ce n’est pas ce qui manque à Beausonge » (Silence).

« Le Cirque de la Gaieté !… Quelle dérision !… Un petit cirque minable assassiné par cette saloperie de télévision !… Il appartient à Julio, avec quelques crèves-la-faim comme lui, il sillonne les pays à la recherche d’une utopie ! » (Silence).

Silence

Roaarrr Challenge
Roaarrr Challenge

One Shot

Éditeur : Casterman

Collection : Les Romans (à suivre)

Dessinateur / Scénariste : Didier COMES

Dépôt légal : octobre 1980

ISBN : 2203332093

Bulles bulles bulles…

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Silence – Comès © Casterman – 1980

L’Orchestre des Doigts

L'Orchestre des Doigts, tome 1
Yamamoto © Milan – 2006
L'Orchestre des Doigts, tome 2
Yamamoto © Milan – 2007
L'Orchestre des Doigts, tome 3
Yamamoto © Milan – 2007
L'Orchestre des Doigts, tome 4
Yamamoto © Milan – 2007

Japon, 1913. C’est désillusionné que Kiyoshi TAKAHASHI quitte le milieu rural dont il est originaire. Ses rêves sont brisés, il souhaitait faire de la musique, mais son frère aîné, chargé de famille depuis la mort de leur père, s’y est opposé. A Osaka, il obtient un poste d’enseignant dans une école pour enfants sourds-muets et aveugles. Sur place, il apprend qu’on lui confie un poste de professeur de musique. Pour lui, tout est sujet à découverte : côtoyer des sourds, constater leur difficile voire improbable acceptation dans une société japonaise encore très fortement rurale, découvrir un nouveau mode de communication… Touché par la situation d’Issaku, un jeune sourd au comportement violent, Kiyoshi va rapidement investir sa fonction et protéger farouchement la Langue des Signes.


A vrai dire, passées les frayeurs du premier tome, j’ai une bonne impression de cette série.

Pourquoi des frayeurs me direz-vous ? Parce qu’il y a des redites qui deviennent rapidement pesantes (avant que la 22ème page soit tournée, il nous est dit 7 fois que le récit concerne des jeunes sourds et aveugles), parce que le ton initialement employé sur les deux premiers chapitres est inapproprié car trop romancé (j’y avais adhéré dans Les Fils de la Terre, mais ici je trouve que le style donne la désagréable impression d’être parachuté dans le monde merveilleux de Casimir), parce que l’amitié qui va naître entre ce jeune professeur et un de ses élèves est plus qu’une évidence, que les conflits qui les opposent (la manière dont ils sont racontés) sonnent faux et n’évitent pas des passages assez pathétiques… Sortez les violons, on joue pour vous ce soir : « Quelles que soient les paroles de tendresse qui leurs (enfants sourds) sont prodiguées, elles ne peuvent les atteindre. Ils ne peuvent recevoir ni l’amour ni l’inquiétude ni le chagrin de leurs parents » lira-t-on rapidement. Ah ? une mère ne peut-elle serrer son enfant dans ses bras même s’il est sourd ??? me dis-je en mon fort intérieur.

Bref, un début de premier tome un peu inquiétant quand on sait que la série en compte 4 au total. L’arrivée inespérée dans ce tome de Mr FUKUDA, un enseignant sourd, va fortement influer sur le ton du récit et lui donner un autre rythme. La présence de ce personnage, aux bienfaits certains pour le lecteur, va apaiser le personnage principal, l’ouvrir à la Langue des Signes… et nous de la même manière. Dès lors que la Langue des Signes fait son apparition dans la série, les personnages font tomber leurs œillères et deviennent membres à part entière de la société japonaise. En comprenant ce qui se passe, ils s’approprient leur identité et sortent de la bulle protectrice que leur offrait l’École. Une série intéressante qui permet d’avoir une vision très large de la société japonaise. Les événements marquants comme les émeutes du riz en 1923 sont intégrés au récit.

Notons aussi que L’orchestre des Doigts est une œuvre fictive basée sur des faits réels. Le parcours de Kiyoshi TAKAHASHI, son investissement auprès des Sourds japonais, a aidé à organiser la Communauté Sourde japonaise actuelle. La série s’étend de 1913 à 1989, on voit donc les conséquences de cet investissement dans le temps (la série a été publiée pour la première fois au Japon en 1991). J’ai parcouru avec intérêt l’évolution de la Communauté sourde japonaise qui a suivi un parcours similaire à son homologue français (opposition marquée entre gestualistes et oralistes, une langue vivante qui intègre en permanence de nouveaux signes…).

Techniquement, j’avais des craintes quant à cette série. Je pratique la langue des signes française (LSF) depuis quelques années et j’appréhendais la manière dont les choses seraient abordées. Pourtant, l’ensemble est assez réaliste même si je déplore un manque d’expressivité des visages (habituellement, les sourds marquent les intonations avec des haussements de sourcils, des joues gonflées…) et des expressions corporelles (ici, les corps sont rigides, lourds). Les mains sont donc les seules à s’exprimer dans des mouvements qui sont très amples, très fluides… c’est agréable car on voit le geste (très différent de celui emprunté en LSF). Il y a quelques incohérences (un entendant ouvre un échange avec un sourd alors qu’il s’approche de lui dans son dos), mais elles sont trop peu présentes pour gâcher la lecture.

Un récit intéressant qui nous permet de parcourir les événements marquants qui ont agités le Japon au cours du XXème siècle. Des éléments  trop romancés sur certains passages, des personnages principaux mobilisés corps et âme (cela dépasse les prérogatives du statut d’enseignant, on est face à des personnes mues par une vocation). Une incohérence majeure : on nous laisse entendre qu’on assistera à l’influence bénéfique de la musique sur les sourds et pourtant, ce coté est complètement éludé alors qu’il y a matière à l’exploiter il me semble… la musique reste donc la grande absente de cet ouvrage (quelques apparitions dans la série, mais jamais par le biais d’un support éducatif).

L’énorme avantage d’aborder un thème trop peu présent en BD. Une série très engagée.

Extrait :
« Signer signifie s’identifier comme étant sourd, être pris pour un inférieur, quelqu’un de faible, de déficient  » (L’orchestre des Doigts).

.

L’Orchestre des Doigts
Série finie en 4 tomes
Éditeur : Milan / Label : Kankô
Dessinateur / Scénariste : Osamu YAMAMOTO
Dépôt légal de la série en France : octobre 2006 (tome 1), janvier 2007 (tome 2), mars 2007 (tome 3) et mai 2007 (tome 4)

Bulles bulles bulles…

Ce diaporama nécessite JavaScript.

L’Orchestre des Doigts – Yamamoto © Milan / Label Kankô – 2006 et 2007

Missy (Riviere & Paluku)

Missy
Rivière – Paluku © La Boîte à Bulles – 2006

Missy est célibataire et mal aimée. Étoile de la nuit, sa représentation est le clou du spectacle quotidien du Cabaret dans lequel elle travaille.

Ses rondeurs attirent les hommes et les font fantasmer. Un homme différent chaque nuit dans son lit. Elle cherche du  réconfort et espère qu’un jour, l’un d’entre eux restera au-delà du petit matin…

Expérimentation, expérimentation !

J’avais repéré cet ouvrage dès sa sortie, intriguée par les critiques que j’avais lues. Et puis j’ai laissé faire le temps, sans me donner réellement les moyens de me procurer Missy. Jusqu’à ce que je vous demande de me faire lire  en décembre (je réitérerais une fois cette LAL éclusée) et que Lo (toujours Lo ^^) me rappelle cet ouvrage à mon bon souvenir.

Je parle d’expérimentation, car le graphisme est réellement atypique dans cet album. Les silhouettes sont belles et soignées, mais les corps ne possèdent pas leurs détails habituels (les mains sont des moufles et surtout, les visages sont vides, sans traits). Les corps ronds sont très gracieux (l’inconscient collectif, quant à lui, n’affuble-t-il pas la personne trop ronde de maladresse, de lenteur… de gaucherie ?). Le dessin est aérien et emporté.

Ensuite, le scénario intervient par bribes, laissant la place à des successions de planches muettes.  Il n’y a pas non plus de narration. Les dialogues sont disposés avec parcimonie et les pensées intimes du personnage principal interviennent par bribes. On observe le tout avec un regard parfois espiègle. La tension monte crescendo tout au long de la BD, sans même que l’on s’en aperçoive excepté sur la fin où elle nous frappe de plein fouet, comme un « coup de sang ».

Je suis réellement fascinée par ce One-Shot : les auteurs ont une technicité qui me captive. Généralement, les expressions du visage nous permettent de disposer d’éléments quant aux ambiances (peur, fatigue, tristesse…). Ici, le lecteur doit faire sans.

Alors, même si on repère qu’il nous manque, de prime abord, des éléments habituels pour pouvoir se repérer dans cette fiction, on en fait pourtant rapidement le deuil. Est-ce donc le code couleur qui fait son œuvre ? Je pense qu’il joue effectivement, mais je ne pense pas que tout lui soit du. Est-ce la prédominance d’éléments suggérés qui crée l’ambiance ? Le langage du corps se suffit-il donc à lui-même ?

PictoOKJ’ai réellement apprécié cette BD hors-norme. Le style employé fera pourtant que l’on y adhère pleinement… ou pas du tout.

Missy

One Shot

Éditeur : La Boîte à Bulles

Collection : Champ Libre

Dessinateur : Hallain PALUKU

Scénariste : Benoît RIVIERE

Dépôt légal : octobre 2006

ISBN : 9782849530467

Bulles bulles bulles…

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Missy – Rivière – Paluku © La Boîte à Bulles – 2006

Pinocchio

Pinocchio
Winshluss © Les Requins Marteaux – 2008

Dans ce monde noir, Geppetto est un inventeur diplômé. Il n’a pas d’enfant, sa vie de couple n’est pas resplendissante. Dans sa cave transformée en labo, il modèle et donne vie à sa créature : un robot qu’il appelle Pinocchio. Ce dernier aura la lourde tâche de décharger Madame Geppetto dans sa fonction domestique ^^. Quant à Geppetto, il part vanter les mérite de son invention à l’Armée…

Pendant ce temps, Jiminy le cafard se fait licencier. Devenu chômeur SDF, Jiminy s’installe dans le crâne de Pinocchio… un court circuit, et Jiminy prend les commandes du robot…

Pas de phylactères ou presque dans cet album aux teintes assez sombres globalement. Seuls Jiminy le Cafard et le flic déjanté ont droit de parole ici… au premier cela lui coûtera la colorisation de ses planches et au second… un soupçon de raison et d’humanité qui n’étaient déjà pas des notions qui le gratifiaient.

Pas de phylactères donc, mais tout semble si bruyant dans cette vision somme toute assez pessimiste de notre monde. WINSHLUSS se paye le luxe de revisiter les contes Disney en version hard et déjantée. On voit évoluer ici et là Pinocchio donc, mais aussi la version punk de Jiminy Crocket, les 7 Nains salopards et lubriques et j’en passe. Pas si merveilleux que ça le monde de Disney quand on l’observe sous la loupe des travers humains.

On prend pitié pour ce Pinocchio qui est livré à lui même dans ce monde cruel, sans même un petit nid pour se poser un peu. Un lieu où les 7 péchés capitaux ont tout loisir de s’exprimer ouvertement. Il sera livré à la cupidité des autres. Pantin totalement dépourvu de libre-arbitre, il vit de manière totalement passive dans ce monde qui l’entoure. Manipulation, Guerre, Productivisme, Fascisme, Pollution… vont jalonner sa route.

Le style graphique est mordant, agressif, sanglant parfois… quelques poses nous sont octroyées avec parcimonie. Ensuite, on ne peut pas parler d’une ambiance graphique précise mais de plusieurs ambiances graphiques : le trait, la colorisation, la découpe des planches étant propre à chaque scénette… à chaque personnage.

C’est décalé à souhait et l’absence de dialogues ne nuit en rien à la lecture, les personnages se suffisant à eux-mêmes.

Les clins d’œil sont nombreux des Floyd (The Wall) à Spielberg (A.I), en passant par le mythe du Grand Méchant Loup, une référence au Titanic, Robinson Crusoé, Star Wars, V pour Vendetta… j’en oublie des tonnes et sur ceux que je prononce, j’espère ne pas me tromper.

Lecture de janvier pour k.bd

PictoOK Il y avait un an je n’avais pas aimé… et je ne regrette vraiment pas cette relecture. Cynique à souhait.

Angoulême a valorisé le travail de WINSHLUSS l’année dernière.

Un petit tour sur la preview, un petit tour sur Les Requins Marteaux… sur Artnet.fr et quelques interview. La première est sous ce lien qui vous dirige vers le site d’Arte, la seconde :

Angoulême 2009: Winshluss Fauve d’or pour Pinocchio

Pinocchio

Roaarrr Challenge
Roaarrr Challenge

One Shot

Éditeur : Les Requins Marteaux

Dessinateur / Scénariste : WINSHLUSS

Dépôt légal : novembre 2008

Bulles bulles bulles…

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Pinocchio – Winshluss © Les Requins Marteaux – 2008

Mon année, tome 1 (Morvan & Taniguchi)

Mon Année, tome 1
Morvan – Taniguchi © Dargaud – 2009

Deux noms : Taniguchi et Morvan. Ça vous met l’eau à la bouche ?? Vous avez bien raison !!

Capucine est une adorable petite fille. Mais à 8 ans, elle peine déjà à suivre les apprentissages scolaires de sa classe de CP. Il semble qu’il soit temps pour ses parents de se résoudre à l’inscrire dans une structure qui sera en capacité de la prendre en charge… elle est atteinte de trisomie 21.

La cohabitation des pastels sur les dessins de TANIGUCHI et le recours à des dialogues très enfantins pour MORVAN font que cet album respire la fraîcheur malgré le thème grave du récit. Capucine est au centre de cette histoire. Avec ses mots, elle nous permet d’accéder au regard qu’elle pose sur le monde qui l’entoure.

Je dois dire que si on m’avais vanté la beauté de dessins colorisés de Taniguchi, je serais restée très sceptique. J’ai en tête les colorisations faites pour plusieurs jaquettes de ses albums et ce n’est vraiment pas esthétique. Autant, avec des pastels apposés à la main, force est bien de constater que cela ajoute un réel attrait au graphisme. L’ambiance et le style de narration permettent aux auteurs de faire passer beaucoup de choses.

Les dessins de Capucine présents ponctuellement entre les dessins de Taniguchi apportent de la compréhension supplémentaire au récit. C’est tout l’aspect subjectif qui est ici mis en valeur : les émotions, les sentiments et les souffrances des personnages secondaires.

Une ambiance très douce et pleine d’humour.

PictoOKUne petite fille très attachante, très troublante aussi, qui n’aura certainement aucun mal à nous prendre la main pour qu’on l’accompagne pendant encore 3 tomes. Le plein de liens ??

– les chroniques de PlanèteBD et de Sceneario,
– un dossier France2 avec quelques planches,
Bodoï en parle aussi,
– et le meilleur pour la fin : 7 planches mises en ligne par Dargaud.

Mon Année

Tome 1 : Printemps

Série en cours, 4 tomes prévus

Éditeur : Dargaud

Dessinateur : Jiro TANIGUCHI

Scénariste : Jean-David MORVAN

Dépôt légal : novembre 2009

ISBN : 9782505007517

Bulles bulles bulles…

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Mon année, tome 1 – Morvan – Taniguchi © Dargaud – 2009