L’Instant d’après (Zidrou & Maltaite)

Elle s’effeuille, ondule, excite, se déhanche. Vers elle, les regards lubriques convergent, les hommes se gonflent peu à peu d’un ardent désir, laissant aller bon train les fantasmes, le temps d’une danse érotique.

L’Instant d’après – Zidrou – Maltaite © Dupuis – 2020

Blandine est strip-teaseuse dans un rade paumé au fin fond de la Caroline du Sud. Elle a un goût amer en bouche. Cette sale impression d’avoir raté sa vie. D’être une débauchée. Une fille vulgaire à qui la vie n’a réservé que des coups pourris. Même ses parents la considèrent comme une moins que rien. C’est sûr que comparée à Aline, sa sœur jumelle devenue une harpiste émérite reconnue, elle fait tache. La lie de la fratrie. La hanche… sa jumelle et elle n’ont bien que ce point en commun ; quand l’une la caresse pour en sortie une somptueuse mélodie, l’autre la dénude et la huile pour appâter le chaland vicieux.

Ça fait des années que Blandine n’a plus de contact avec sa sœur. Pourtant, en faisant son numéro ce soir-là, elle se fige. D’instinct, elle sait qu’il est arrivé quelque chose à Aline. Elle plaque tout et prend le premier avion pour rentrer en France. Et si elle n’a pas beaucoup d’estime pour Philippe, son beau-frère, Blandine a du mal à croire qu’il est l’assassin de sa sœur. Elle se met à enquêter et découvre qu’à l’instar de sa sœur, d’autres personnes ont également disparues de façon inexpliquée.

Zidrou ! Ah !!! J’ai toujours un moment d’arrêt avant de commencer à lire la dernière histoire en date sortie de son cerveau (enfin plutôt dire « fraîchement publiée » ). Oui, parce qu’entre Zidrou et moi, ça passe ou ça casse. Pas de juste milieu, pas de demi-teinte en bref : c’est noir ou blanc. Il a su m’émouvoir à en pleurer. Il a aussi su me comprendre qu’un album doté d’une pagination classique (allez, 56 pages en moyenne) pouvait avoir un temps de lecture plus long que l’intégralité des volumes de l’Encyclopædia Universalis… c’est dire. Mais oui, grâce à Zidrou, j’ai eu à sortir les mouchoirs avec Lydie ou Pendant que le Roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes ? et j’ai eu l’occasion de me poiler comme avec Les beaux étés par exemple [et si l’un de vous pouvait m’offrir « Les Brûlures » , je suis certaine d’élargir encore le panel des éloges adressés au scénariste]. Mais en attendant, ma dernière lecture zidrouesque en date remontait à 2018 avec le cinglant « La petite Souriante » qui est d’un cynisme sanglant assez impressionnant. Il fait le même délicieux effet que le bruit que produit une craie sur un tableau noir et électrise au moins autant que le moustique qui tourne inlassablement à deux millimètres de votre oreille alors que vous cherchez à vous endormir. Mais à part ça, la lecture était fichtrement agréable.

Vu le visuel accidenté du visuel de couverture, je m’attendais à ce que « La petite Souriante » diffuse encore quelques effluves. Je jubilais d’avance ! Et même si Zidrou saupoudre d’une généreuse dose de suspense ce thriller intriguant… le scénario est tout de même assez soft. Alors non, n’allez pas penser que Zidrou se contente d’emprunter des chemins narratifs cousus de fil blancs. Non, il crée la surprise dans cette intrigue et n’hésite pas à nous faire gober des couleuvres ce qui, ôh surprise, ne nous donne pas envie de nous rebiffer mais bel et bien de continuer la lecture !

« Elle était là et puis, l’instant d’après…. elle n’était plus là ! Disparue ! Volatilisée ! »

Eric Matlaite réalise un très bel habillage graphique de ce petit thriller. Le dessinateur belge a grandi dans le sillon de Will, son père. Biberonné à la ligne claire, il est littéralement tombé dans la marmite de la bande dessinée. Ado, Maltaite-fils donnait des coups de mains à Maltaite-père sur les différents projets dans lesquels ce dernier est engagé [comme pour Tif et Tondu que son père dessinait pour le magazine Spirou ou pour Natacha (série sur laquelle Will a travaillé avec François Walthéry)]. Puis Eric Maltaite se lance à son tour et développe un univers graphique plus personnel. De toutes les cordes qu’il a à son arc, le dessinateur a choisi de nous immerger dans le décor des années 1960. C’est donc assez logiquement qu’il suit son idée pour camper son ambiance graphique et réalise pour l’occasion un dessin très ligne claire avec une découpe de planche classique mais efficace. Quelques clins d’œil de-ci de-là, à commencer par l’héroïne dont les traits se confondent à s’y méprendre avec ceux de la jolie Natacha [hôtesse de l’air]. Maltaite en profite également pour faire un petit clin d’œil en homme à Pierre Tchernia. Il ne joue pas avec les trames contrairement à ce que la couverture nous laissait supposer mais y va de couleurs assez lumineuses. Et la somme de tout ces ingrédients graphiques, c’est que cela nous permet d’avoir une lecture très fluide.

Un bon moment de lecture. Un Zidrou qui « passe ou casse » même si la chute offre un dénouement un poil trop gentil. Mais ce n’est que mon avis… le mieux c’est encore que vous vous fassiez le vôtre !

L’Instant d’après (one shot)

Editeur : Dupuis / Collection : Grand Public

Dessinateur : Eric MALTAITE / Scénariste : ZIDROU

Dépôt légal : mars 2020 / 56 pages /

ISBN : 978-2-8001-7079-4

Le Trésor du Cygne noir (Corral & Roca)

Corral – Roca © Guy Delcourt Productions – 2020

Le point de départ de ce récit nous fait revenir en 2007 lorsqu’un groupe de chasseurs d’épaves américains découvrent les restes du Cygne noir dans les profondeurs du Détroit de Gibraltar. Dans ses soutes, des pièces de monnaies de plus de deux siècles. L’équipe de chercheurs est dirigée par Frank Stern, un homme passionné, sorte d’Indiana Jones des temps modernes… l’honnêteté en moins.

A l’annonce de la découverte, les espagnols revendiquent le trésor puisque le galion serait ibérique. A Madrid donc, on s’active. Alex Ventura, jeune agent du Ministère de la Culture, est mandaté pour suivre le dossier et coordonner la bataille juridique qui s’engage et qui attribuera la propriété légale de ce navire et de sa cargaison.

Ma lecture de « Rides » il y a 10 ans a été une rencontre coup de cœur avec la sensibilité que Paco Roca injecte dans ses récits et personnages. J’avais lâché une larme, émue par ce vieux monsieur en proie à la maladie d’Alzheimer, la cruauté de ses moments de lucidité où il mesurait le vide abyssal qui se creusait insidieusement entre lui et son entourage. « Le Phare » et « Les Rues de sable » n’ont fait que confirmer le fait que je trouvais très vite ma place dans les univers développés par Paco Roca. Puis le temps a passé et je me suis davantage tournée vers de nouveaux genres : reportages, documentaires… et surtout vers des artistes qui proposaient des ambiances graphiques moins conventionnelles, moins « lisses » . Aujourd’hui disons-le, quand on me demande de faire une petite sélection des ouvrages qui m’ont le plus plu, c’est principalement des ouvrages en noir et blanc que je sors de ma bibliothèque (Sergio Toppi, Danijel Zezelj, Fred Peeters, Manu Larcenet…). Bref, j’aime les dessins qui ne cherchent pas la perfection esthétique mais qui veillent à nous transmettre des émotions ; ils me parlent beaucoup plus que des illustrations propres trop proprement mise en couleurs à la palette graphique. Et puis côté scénario, j’aime bien quand cela nous brusque, nous interroge, nous malmène tout autant que nous dorlote… Et donc en 2016, quand « La Maison » a été publiée, j’étais forcément au rendez-vous mais ce fut un peu la déception d’être face à du trop-lisse-pour moi. Trop lisse au niveau graphique et trop lisse au niveau de la psychologie des personnages. J’ai eu l’impression d’effleurer un univers.

Qu’à cela ne tienne, j’ai mon caractère et il me faut plus que ça pour abandonner une lubie (un auteur en l’occurrence). Logiquement, je voulais donc découvrir « Le Trésor du Cygne noir » …

L’intrigue s’appuie sur des faits dont Guillermo Corral a été directement témoin lorsqu’il était diplomate pour le Ministère de la Culture. Le récit relate donc des événements historiques véridiques qui cimentent les différents éléments du scénario. Pour le reste, on est en présence de personnages qui ont de la consistance [mais pas assez, ils sont trop plein de bons sentiments ou de mauvais sentiments… il n’y a finalement pas de demie mesure] et il y a une réelle fluidité dans la chronologie des événements. On s’arrête tour à tour sur chacun des deux parties en présence (qui se résume en l’éternel combat entre le bien et le mal) et on touche du doigt des questions diverses : le patrimoine national et culturel d’une nation, l’existence d’enjeux économico-politiques, le déroulement d’une procédure juridique sur fond de secret, de corruption, de manipulation, de malhonnêteté… Le dessin est d’une limpidité redoutable, les couleurs sont proprettes… Bref, voilà un album qui offre un bon divertissement et qui se lit sans aucune difficulté mais… qui sans surprise, n’a pas la profondeur que j’aurais espérée. J’aimerais tant que Paco Roca parvienne de nouveau à créer un personnage sensible, touchant, presque palpable et capable de nous faire vibrer ! On est loin… bien loin de l’alchimie que Paco Roca était parvenu à créer dans « Rides » … et c’est bien dommage !

Du suspense, des rebondissements, une course contre la montre, des bons sentiments… voilà une douceur un peu trop douce qui m’a cantonnée au rôle de simple spectatrice-lectrice.

Le Trésor du Cygne noir (récit complet)

Editeur : Delcourt / Collection : Mirages

Dessinateur & Scénariste : Paco ROCA

Co-scénarisé par Guillermo CORRAL VAN DAMME

Dépôt légal : février 2020 / 216 pages / 25,50 euros

ISBN : 978-2-4130-1996-1

La Cantina (Le Gall)

« C’est un de ces cactus saguaros, dit « cierges » ou « candélabres » , comme il s’en dresse une foule à travers le Mexique. Mais celui-ci lance ses vertes colonnes jusqu’à quinze mètres en direction du firmament. C’est pourquoi Louis-Marie l’a désigné parmi tant d’autres pour devenir son interlocuteur privilégié. Il lui avait semblé que, étant plus près du ciel, ce cactus-là s’y connaîtrait mieux que ses collègues, question mystères de la création et toute la suite. »

Le Gall © Alma – 2020

Au milieu du désert de Sonora, Ferdinand se dresse. Et non loin de Ferdinand, il y a La Cantina. Et c’est dans ce coin perdu que Louis-Marie est venu s’échouer.

Louis-Marie vit-là depuis un moment déjà. Il partage chaque jour que Dieu fait avec Felipe, son ami, son homme de main, son majordome mexicain. Felipe lui tient compagnie. Ils veillent l’un sur l’autre. Quoi que… il serait plus juste de dire que Felipe veille sur Louis-Marie. Pourtant, sous ses airs de ne pas y toucher, Louis-Marie a l’œil sur son camarade d’infortune ; il sait quand il est abattu, il sait quand la fatigue le cueille, il sait quand Felipe va le piquer d’une boutade complice… Il sait que Felipe s’inquiète de le voir partir chaque jour dans le désert pour aller rejoindre Ferdinand. Il sait ça Louis-Marie… pourtant, il sait si peu de choses de lui-même…

« Louis-Marie appelle ce cactus Ferdinand sans bien savoir pourquoi. Il lui a fallu un sacré bout de temps pour se mettre à parler dans le désert, seul et à voix haute. Car Louis-Marie n’est pas dupe, il sait que Ferdinand n’est qu’un cactus. »

Et puis un jour, une blonde venue de nulle part. Une blonde « tombée du ciel » a passé la porte de la Cantina. Une blonde qui se prénomme Rita et s’est mise à faire du gringue à Louis-Maris. Dès lors, Louis-Marie ne se demande plus s’il ne serait pas mieux à se geler les fesses sur un glacier plutôt que de se faire bouillir le cuir en plein désert. Non. Maintenant, Louis-Marie se demande plutôt comment il a atterri à la Cantina ? Comment il fait si bon avec Rita ? Depuis combien de temps au juste est-il là ? Et sa vie d’avant, comment était-elle ?

Quand Frank Le Gall ne fait pas de la bande dessinée, que fait-il ? Des romans, entre autres… Vous connaissez obligatoirement le papa de « Théodore Poussin » … et j’ai pu lire bon nombre de chroniques dithyrambiques incitant à lire « Là où vont les fourmis » que Michel Plessix a illustré.

Il faut un petit temps de démarrage à cette Cantina pour trouver son rythme de croisière. En tout cas, je suis restée un peu médusée quelques dizaines de pages avant de m’y intéresser. Car après tout, un homme qui cause à un cactus… une femme qui s’installe au milieu de nulle part pour trouver Dieu… et une partie de jambes en l’air aussi brève que maladroite dès la trentième page… Je me suis dis que ce n’était pas gagné et j’ai douté de voir un jour le bout de ce roman !

Pourtant… malgré l’étuve dans laquelle on mijote (je rappelle qu’on est en plein désert mexicain), on remarque que Frank Le Gall a branché une agréable climatisation narrative. Beaucoup d’humour et un poil de loufoquerie m’ont fait ronronner de contentement. Les personnages ont un sens de la répartie prometteur, des métaphores d’une fraicheur et d’une originalité inespérées… Bref, si j’ai navigué à vue au début – certaine que les éléments narratifs en présence avaient un potentiel assez limité -, c’était pour mieux constater ensuite que j’étais férée ! Je me suis laissée porter par cette plume agile qui décrit de façon espiègle un huis clos et ses protagonistes. L’auteur pimente l’intrigue en permanence, dépose ça et là des petits riens qui titillent notre curiosité et nous incitent à poursuivre la lecture, à s’installer dans cette auberge perdue où la tequila coule à flot… et à découvrir les raisons de cette fichue amnésie qui a frappé Louis-Marie. Plus les pages se tournent, plus ce qui s’y passe est fou. Et aussi fou cela soit-il, une seule chose m’importait : de savoir comment tout cela allait se conclure.

Portrait d’une Amérique de la fin des années 1960. Vague à l’âme, mal de vivre et Summer of Love !

Se laisser aller au jeu des suppositions. Voir que l’on fait fausse route. Envisager de nouvelles hypothèses. « Aller, encore un chapitre et j’éteins la lumière… » … puis s’y retrouver coincée dedans une heure après. Un roman surprenant, déroutant… et qui a permis à mon imagination de s’en donner à cœur joie. C’est totalement fantaisiste, jusqu’à l’invraisemblable… cet ouvrage permet de faire une belle coupure avec le quotidien !

La Cantina (roman)

Editeur : Alma

Auteur : Frank LE GALL

Dépôt légal : février 2020 / 292 pages / 19 euros

ISBN : 978-2-36279-466-7

Daybreak (Ralph)

Il semble assez jeune cet homme qui nous accueille dès la première page. Il s’adresse directement à nous, lecteur, en nous saluant et en nous invitant à le suivre. Après tout, nous n’avons nulle part où aller et nous semblons être assis là, au beau milieu de nulle part, à attendre que quelque chose se passe. Et puis il nous cueille là, juste avant que la nuit ne tombe alors oui… ce n’est peut-être pas plus mal de trouver un abri pour la nuit.

Alors on lui emboîte le pas, à l’insu de notre plein gré. On le suit dans les profondeurs de la terre puisque c’est là que semble être son repaire, là qu’il souhaite qu’on le suive.

Il nous nourrit, parle notre langue, nous sourit, nous offre son hospitalité. Puis il part, nous annonçant qu’il prend le premier tour de garde… charge à nous de nous reposer… autant que faire se peut…

Ralph © Guy Delcourt Productions - 2020
Ralph © Guy Delcourt Productions – 2020

C’est moins harassé mais tout aussi déboussolé que l’on découvrira donc ce monde à l’abandon. Est-ce un lendemain d’apocalypse ? Une tornade ? Une guerre ? qui a terrassé les environs, laissant maisons et lieux publics en ruine et à l’abandon ?

Brian Ralph installe une atmosphère anxiogène. On est comme frappé d’amnésie. On ne sait rien si ce n’est que le seul individu sur lequel on tombe parle une langue que l’on comprend. On comprend qu’il faut se terrer, se cacher… et sauver sa peau. Tantôt par-ci, parfois à ce recoin-là, des mains tentent de nous attraper. Des bras se tendent pour nous saisir et… quoi ? Que se passe-t-il si nous nous faisons prendre ?

Le dessin est un peu brouillon, comme un croquis inachevé. Pas de couleurs, juste du noir et blanc sur un papier très légèrement jauni. Aucune fioriture, pas de strass… seulement des décombres, des ruines et des friches urbaines. Des lambeaux en guise de vêtements, des plaies couvertes à la va-vite avec des bouts de tissus de fortune. Tout cela a tendance à donner une impression que l’on est face à un monde fragile, bancal, à quelque chose qui peut disparaître à la moindre étincelle. Survivre nécessite beaucoup de jugeote, un paquet de réflexe… mais dans ce monde éparpillé, où rien n’est organisé, où tout n’est qu’imprévu, cela implique aussi d’avoir de la chance.

Un monde qui meurt ? Un monde qui naît ?

Très vite, l’ambiance devient oppressante. Brian Ralph torture son univers, le construit à la hache. La peur nous accule… et ne nous laisse d’autre choix que de tourner la page pour nous rapprocher toujours plus du dénouement. Une libération en quelque sorte puisqu’il devrait nous permettre de réunir toutes les pièces du puzzle pour comprendre ce que l’on fait dans ce guêpier.

Je n’avais pas vu la série sur Netflix avant de lire cet album. Pire même, je ne connaissais même pas la série télévisée. Pour autant, après de furtives recherches sur la toile, je ne sais trop quelles pourraient être les similitudes entre ce récit et celui de la série TV…

Ici, on ne connait pas les raisons qui ont provoqué la métamorphose de cette ville. On ne sait rien du peu de personnages que l’on côtoie durant la lecture. On sait seulement qu’ils survivent comme ils peuvent… et que ce monde est hostile. Vu la manière dont le scénario se structure, il est difficile de ne pas se demander si on n’est pas en présence de personnes totalement hallucinées. Etrange moment de lecture. Si vous lisez « Daybreak » … pensez à revenir faire un petit tour par ici pour qu’on puisse échanger sur nos impressions de lecture.

Daybreak (one shot)

Editeur : Delcourt / Collection : Outsider

Dessinateur & Scénariste : Brian RALPH

Dépôt légal : janvier 2020 / 160 pages / 19,99 euros

ISBN : 978-2-4130-2250-3

Sans foi ni loi (Brunet)

Une lecture en partage avec mon fils et mes copains Noukette et Jérôme pour un roman jeunesse absolument épatant, un Werstern au féminin…

Billet de mon lardon de 15 ans Pierre

Brunet @ PKJ – 2019

Sans foi ni loi est un roman de Marion Brunet sur  le thème du Far-west. Dans ce roman, on retrouve Garett qui habite dans une ferme avec ses frères, sa sœur Esther et son père qui est révérend. La vie se passe dans sa ferme, la vie dure avec la mort de sa mère et l’autorité paternelle, jusqu’au jour où une célèbre criminelle du nom de Ab Stenson prend en otage ce pauvre Garett et décide de partir en cavale avec lui. Que va t-il se passer ? Le marshal va t-il les retrouver et sauver Garett ? Garett va t-il se lier d’amitié avec Ab ? Vous le saurez en lisant Sans foi ni loi, le roman génial de Marion Brunet au éditions PKJ.

J’ai trouvé ce livre très intéressant, facile à lire, avec une histoire entraînante du début à la fin avec pleins de rebondissements inattendus, une certaine authenticité et un décor plus que surprenant ! Je conseille ce livre à tous les lecteurs qu’ils soient assidus ou occasionnels !

 

Billet de la vieille mère Framboise

« J’avais seize ans quand j’ai rencontré Ab Stenson, et je me souviens de tout, avec une clarté déconcertante. Malgré la boue, la pluie, la fatigue et la peur, ce temps passé à vos côtés a la clarté d’hier.
Nous étions en fuite et j’étais son prisonnier, mais ce que j’ai ressenti ce matin-là, quand nous avons rejoint la piste au galop de nos chevaux, je ne peux le comparer à rien, pas plus aujourd’hui qu’à ce moment-là.
Ce jour-là, ventre creux et dans l’incertitude la plus totale, j’ai chevauché à ses côtés pendant des heures. Chaque foulée de mon cheval m’éloignait un peu plus de la ferme et de ma famille. J’en concevais un vertige qui déchirait mes poumons, brouillait ma vue. Je pensais au père, à mes frères et à ma petite sœur. Et puis plus. En observant Ab Stenson, imitant les mouvements de ses hanches qui faisaient corps avec sa monture, j’apprenais déjà. »

Garett n’a pas une vie fastoche dans la ferme de son révérend de père. Alors quand une fille toutafé bandit le prend en otage et que sa vie bascule dans un grand tourbillon, il est effrayé et fasciné à la fois… Il ne tente pas de s’échapper. Il reste près d’elle, avec elle. Peut-être parce qu’elle est tout ce qu’il n’est pas ? Peut-être parce qu’elle est tout ce que son (connard) de père lui a appris à détester ? « Elle était effrayante et ça me rassurait. C’était comme être du bon côté du fusil, malgré les apparences. »

Ab, Abigaïl de son prénom, est une femme libre, libre et forte, une hors-la-loi du tonnerre, une héroïne comme on en fait peu (qui plus est dans un monde peuplé de cowboys), une fille qui fume, qui crache, qui picole, qui porte des jeans, des chemises d’homme, une fille aux cheveux courts, une fille qui jure et qui tire comme personne, une fille qui n’a pas froid aux yeux… « Une vraie bête sauvage » aux dires de certains … Une fille superbe : « Ab s’est avancée d’un pas terriblement nonchalant. Elle ne forçait même pas la posture ; l’habitude d’une démarche libre la rendait virile et belle. Son jean collait à sa peau, des cuisses aux chevilles, et l’or de ses éperons lançait des étincelles. »

À ses côtés, une nouvelle vie s’élance pour Garett. Un avenir sans certitude, mais un nouveau chemin plus libre c’est certain, avec des amis et des aventures incroyables… Alors, avec Ab, grâce à Ab, Garett va désappartenir et apprendre à vivre une vie pleine, « une vie à soi, sans dette et sans esclavage. Sans le poids des autres, de Dieu, de l’obligation.» Garett va se découvrir et sacrément s’émanciper !

Ce roman ado est génial génial ! Evidemment c’est Marion Brunet, alors c’est à la fois très fort (avec de la gonzesse qui envoie ! Et de la réflexion sur l’émancipation et les vies à mener pour soi) et toutafé réjouissant, léger, bon, très très bon ! Et le décor Far-west est un délice… C’est la grande aventure avec des pistolets, de la poussière, des cowboys, des grands espaces, du saloon, de la fraternité, des grandes chevauchées sauvages, de la liberté …. J’ai tout aimé ! D’autant que c’est un roman qui se partage entre toutes les générations (mon vieux vieux père l’a adoré !), vraiment il ne faut pas bouder son plaisir !

Les billets des copains Noukette et Jérômechou à retrouver ici et là !

Merci à Mochéwie de nous accueillir dans son délice de Bar (qui convient parfaitement à cette lecture d’ailleurs !) à BD …

Sans foi ni loi de Marion Brunet, PKJ, 2019.

Les enquêtes polar de Philippine Lomar, tome 3 (Zay & Blondin)

Philippine est régulièrement contactée pour enquêter sur des affaires qui touchent aussi bien au harcèlement qu’à la corruption. La jeune fille a 13 ans mais elle a déjà fait ses preuves en tant que détective privé émérite. On a déjà eu deux fois l’occasion de côtoyer Philippine, on sait qu’elle est futée et aussi butée qu’un âne quand elle a une idée en tête ou un os à ronger.

Cette fois, Philippine est contactée par Maxime dont le cousin est en prison. Ce dernier aurait été injustement accusé de l’agression d’un épicier. Maxime pense qu’il s’agit d’une stratégie d’un groupe de malfrats que son cousin avait pris en flagrant délit, ces derniers auraient donc trouvé le moyen de mettre son cousin hors-circuit le temps de la procédure judiciaire.

Maxime charge donc Philippine de réunir des preuves de leurs actes délictueux afin que les véritables coupables soient arrêtés. La détective en herbe se met rapidement au travail mais elle constate tout aussi vite qu’elle a affaire à de vraies racailles. En tout cas, leurs méthodes d’intimidations ne laissent aucun doute sur leurs facultés à employer des méthodes très expéditives…

Chaque enquête de Philippine Lomar est l’occasion pour Dominique Zay d’aborder un sujet d’actualité… le genre de sujets dont on ne parle pas de prime abord avec de jeunes lecteurs. Certaines problématiques traitées peuvent faire partie de leur quotidien (la question du harcèlement par exemple) mais le scénariste pioche aussi dans d’autres registres comme le racket en bande organisée ou la pollution volontaire des rivières. Ces sujets font en partie l’originalité de la série. Ils servent à « camper le décor » et à installer les personnages secondaires amenés à intervenir durant l’intrigue. Des personnages dont les caractères et comportements sont loin d’être cousus de fil blanc. Les rebondissements multiples donnent au récit et à l’enquête un rythme vraiment plaisant. On tourne les pages avec gourmandise et on ne peut s’empêcher d’apprécier le sang-froid et l’humour dont fait preuve l’héroïne.

Outre l’originalité scénaristique de cette série, on évolue dans une ambiance graphique qui s’inspire des mangas : les expressions des personnages sont exagérées par moment et cela permet de décaler la tension grâce au comique de situation, évitant ainsi de dramatiser inutilement les moments où surviennent des événements qui conditionnent la suite de l’histoire.

On continue ici à apprécier cette série haute en couleurs. Un univers jeunesse qui va très prochainement être enrichi d’un nouveau tome.

Les deux tomes précédents sont également sur le blogs (aidez-vous des index si vous voulez accéder à ces chroniques)

Les Enquêtes polar de Philippine Lomar
Tome 3 : Poison dans l'eau
Série en cours
Editeur : Editions de La Gouttière
Dessinateur : Greg BLONDIN
Scénariste : Dominique ZAY
Dépôt légal : juin 2018 / 48 pages / 14.70 euros
ISBN : 979-10-92111-76-7