Chroniks Expresss #25

Vide-grenier des chroniques restées en rade en juillet… et trop de projets par ailleurs pour pouvoir assurer des publications régulières sur le blog 😦

BD : Dolorès (B. Loth ; Ed. La Boîte à bulles, 2016)

Romans : Comme on respire (J. Benameur ; Ed. Thierry Magnier, 2011), Pedro Páramo (J. Rulfo ; Ed. Gallimard, 2009), Millenium #4 (D. Lagercrantz ; Ed. Actes Sud, 2015), Mort aux cons (C. Aderhold ; Ed. Le Livre de Poche, 2009)

*

* *

Bandes dessinées

 

Loth © La Boîte à bulles – 2016
Loth © La Boîte à bulles – 2016

France, de nos jours.

Marie vit en maison de retraite. Son quotidien s’égrène tranquillement, baigné de rituels, de soins infirmiers, des visites de sa fille cadette. Marie perd la tête ; elle se réfugie de plus en plus dans ses souvenirs d’enfance, au point de ne plus parler en français. Elle communique désormais naturellement en espagnol, sa langue maternelle, et précise à qui veut l’entendre qu’elle se prénomme Dolorès.

Ses proches s’étonnent. Personne ne lui connaissait des origines hispaniques d’ailleurs, personne ne connait réellement son passé. Sa fille décide donc de profiter de ses vacances pour partir sur les traces de sa mère. Direction l’Espagne.

Seul aux commandes de cet album, Bruno Loth (« Apprenti« , « Ouvrier« …) revient ici sur un thème et une période chers à son cœur : la guerre civile espagnole. Après Ermo, jeune orphelin qui était au cœur des événements, place à Dolorès. D’ailleurs, Dolorès est née grâce à Ermo… un travail de commande expliqué par Bruno Loth en postface : « il y a deux ans, Santiago Mendieta, de la revue Gibraltar, connaissant mon travail sur la guerre d’Espagne avec la série Ermo, me demandait de réaliser une BD en dix pages maximum sur le thème de la mémoire à vif ». L’impulsion de donner vie à Dolorès était prise, l’auteur a eu ensuite l’envie d’étoffer ce personnage ainsi que le thème. Cette dernière incarne la peur du peuple espagnol face au régime franquiste et le choix, résigné, que beaucoup ont fait de fuir l’Espagne et cette guerre fratricide. Le scénario se resserrera finalement sur la plage d’Alicante (1939).

Dans les deux œuvres, on perçoit bien cette volonté de témoigner des événements qui ont animés l’Espagne au milieu du siècle dernier, comme un devoir de mémoire. Contrairement à « Ermo« , je n’ai pas ressenti le même degré d’affection et d’attentions de l’auteur à l’égard de ses personnages. Dans « Dolorès« , les personnages principaux (Dolorès et sa fille cadette) semblent n’être qu’un prétexte, une « porte d’entrée », qui permet d’aborder le fond du sujet.

La particularité de cet album est de pouvoir aborder dans un même temps deux périodes différentes : celle de l’Espagne franquiste et celle a fait notre actualité beaucoup plus récemment puisque Bruno Loth suit les élections qui ont eu lieu en 2015 (l’auteur ne manque pas de faire des liens entre les deux périodes).

PictomouiConcrètement, nous voilà face à un album didactique qui relève plus du documentaire ; peut-être d’ailleurs aurait-il été plus pertinent d’assumer pleinement cette part de recherches documentaires et de rester dans la pure veine du documentaire. On ressent un peu trop le fait que les personnages sont instrumentalisés aux besoins de la narration, même s’il y a ici une part d’autofiction : « Au printemps 2015, je partais vivre quelques mois à Madrid pour écrire la suite du récit de Dolorès. Je me suis glissé dans la peau de mon personnage, la fille de Dolorès, et ce sont mes propres rencontres qui ont structuré et enrichi le scénario initial » (Bruno Loth).

Pour le reste, la présence de ces deux femmes a l’avantage de permettre d’imbriquer une destinée individuelle à la grande Histoire de l’humanité.

La chronique de Sabine que vous trouverez dans son « Petit carré jaune ».

*

* *

Romans

 

Benameur © Editions Thierry Magnier – 2011
Benameur © Editions Thierry Magnier – 2011

« L’absurdité de la guerre condamne les enfants au silence. Quand l’écriture et les livres peuvent sauver de biens des maux…

Un livre-manifeste sur le pouvoir des mots. Ce texte de Jeanne Benameur a été spécialement écrit pour la quatrième édition d’Un Livre une Rose, organisée par les libraires à l’occasion de la Saint-Jordi » (synopsis éditeur).

Court recueil de nouvelles ou plutôt de réflexions, comme pour fixer une émotion éphémère, fragile, volatile. Comme pour poser une pensée volatile qui risquerait de s’échapper contre notre volonté. Et pourtant, les mots posés ici décrivent des situations douloureuses, des vies malmenées, des parcours chaotiques. Des enfants livrés à la tourmente de la guerre, de l’exil, de l’exode.

Mais ces mots, semblables à de courtes lettres que l’on adresserait à quiconque souhaiterait les lire, ne se concentrent pas uniquement sur des enfants victimes de la guerre. Au cœur des propos, il est aussi question de la souffrance que portent en eux tous ceux qui ont été confrontés à cette situation. A cette souffrance, une autre souffrance jaillit, issue de l’impuissance de pouvoir les aider pleinement. L’interlocuteur à qui l’on se confie peut certes prêter une oreille attentive, mais il n’a souvent d’autre choix que de constater son propre échec à panser correctement leurs plaies, soigner totalement le traumatisme qu’ils ont vécu. L’interlocuteur qui reçoit ces témoignages n’a souvent d’autre alternative que celle d’écouter attentivement et permettre à cet enfant traumatisé, à cet adulte apeuré, de mettre des mots sur l’horreur et de s’apaiser grâce à la parole.

Ces nouvelles contiennent également d’autres réflexions comme l’importance de la langue maternelle dans l’identité de chacun, la liberté, l’importance de défendre certaines valeurs morales/sociales. Jeanne Benameur nous propose enfin une très belle réflexion sur l’identité de l’écrivain et son rapport à l’écriture.

PictoOKUn recueil de trente-six pages que je vous invite à découvrir.

La chronique de Jérôme et celle de Noukette (madame… je te remercie une nouvelle fois d’avoir glissé cet ouvrage entre mes mains 😉 )

Extraits :

« Je voudrais retourner la main de ces enfants, leur dire que là, dans leurs paumes ouvertes, toutes ces lignes, c’est leur vie.
La vie.
Je voudrais leur dire la bonne aventure. Comme on retournerait le mauvais sort.
Secouer la paume offerte.
Embrasser.
Souffler.
Mon baiser n’effacera rien. Je sais.
Mais juste pour que l’air passe entre la main et ce qu’elle a formé, répété. Pour que le souffle ait une chance.
Refermer un à un les doigts là-dessus.
Je serre les poings. » (Comme on respire)

« Je marche au bord de la mer. Je respire.
J’ai besoin du large.
Une phrase s’est formée dans ma gorge à moi. « Je respire le même air que ceux qui font souffrir ».
J’ai horreur alors.
Je ne veux pas partager le même air.
C’est cela être humain ? C’est vivre en sachant cela ?
Je ferme les yeux. Je respire l’océan.
Ce qui entre dans mes poumons ne m’appartient pas.
Inspirons.
Expirons.
Nous sommes semblables.
Et c’est parfois terrifiant.
Qu’on ne me parle plus jamais de sécurité.
Il me faudrait une sécurité ontologique. Le trou de cette sécurité-là est un abîme et personne ne distribue de numéro. (Comme on respire)

 

Rulfo © Gallimard – 2009
Rulfo © Gallimard – 2009

La mère de Juan Preciado vient de mourir. Sur son lit de mort, elle a fait promettre à son fils de se rendre à Comala pour rencontrer son père. Elle lui a fait promettre puis s’est éteinte. Au début, Juan Preciado ne pensait pas se rendre à Comala. Il ne sait dire ce qui l’a fait changer d’avis.

Quoi qu’il en soit, le voilà qui arpente les ruelles du hameau de Comala. Il a choisi de rester même s’il a très tôt appris que Pedro Páramo – son père – est décédé. Pourtant ici, il n’y a en apparence nulle âme qui vive. Le silence pèse sur chaque pierre du petit village. Et pas un souffle de vent pour épargner le voyageur de la chaleur qui règne ici. Pourtant, au détour d’une ruelle, il n’est pas rare d’entendre des voix et après quelques instants à errer au milieu des habitations, des habitants apparaissent dans l’encadrement d’une porte. Les conversations s’engagent, le gîte est offert. Juan Preciado est épuisé de son voyage. Il s’enfonce rapidement dans un sommeil agité où il côtoie les indigènes, les vivants et les morts. Et à son réveil, le doute l’assaille. En ce lieu, les défunts semblent habiter les lieux.

Troublant roman de Ruan Rulfo, auteur mexicain. On erre entre rêve et réalité, un rêve éveillé où l’on ne parvient pas à faire la part des choses. On se perd entre passé et présent, on se demande si l’on n’a pas atteint le royaume des morts, on se questionne au sujet de notre guide – le narrateur -, est-il vivant ?

On avance pourtant dans la lecture de ce récit chorale où les narrateurs se succèdent, quelle que soit leur génération, ils racontent la vie de Pedro Páramo, celle de ses ancêtres et celle de ses descendants. Celle des habitants du hameau est intiment mêlée à la vie de cette famille.

Ici, la vie n’est que misère. Commérages et superstitions alimentent les conversations. Rien que du factuels dans cet univers rural étriqué où les voix des morts se mêlent à celles des vivants. Les anecdotes du passé sont le quotidien de ceux qui vivent encore, comme si l’histoire des uns et des autres ne pouvait pas être oubliée. Comme si les défunts bousculaient les vivants pour que ces derniers ne les oublient pas.

PictoOKUn roman atypique et complexe. J’ai eu du mal à rester concentrée durant la lecture. Rien n’est à sa place ici, présent en passé sont si enchevêtrés qu’il en est parfois difficile de savoir où se situer. Alors on lâche prise… et c’est peut-être ainsi que l’on profite le mieux de ce texte. Les bouts de récits patchwork s’organisent et l’ensemble prend tout son sens.

La chronique de Jérôme et la présentation de l’ouvrage sur le site de l’éditeur.

Extrait :

« Il n’y avait pas d’air. J’ai dû boire celui qui sortait de ma bouche en l’arrêtant de mes mains avant qu’il ne s’échappe. Je le sentais aller et venir, de plus en plus imperceptible, jusqu’au moment où il est devenu si ténu qu’il m’a glissé entre les doigts à jamais. Je dis bien à jamais. » (Pedro Páramo)

 

Lagercrantz © Actes Sud – 2015
Lagercrantz © Actes Sud – 2015

« La revue Millénium a changé de propriétaires. Ses détracteurs accusent Mikael Blomkvist d’être un has-been et il envisage de changer de métier.

Tard un soir, Blomkvist reçoit un appel du professeur Frans Balder, un chercheur de pointe dans le domaine de l’IA, l’intelligence artificielle. Balder affirme détenir des informations sensibles qui concernent le service de renseignement des Etats-Unis. Il a également été en contact avec une jeune femme, une hackeuse hors du commun qui ressemble à s’y méprendre à une personne que le journaliste ne connaît que trop bien.

Mikael Blomkvist espère tenir enfin le scoop dont Millénium et lui ont tant besoin. Quant à Lisbeth Salander, fidèle à ses habitudes, elle suit son propre agenda. » (synopsis éditeur)

C’est avec plaisir que j’ai retrouvé les personnages de Lisbeth Salander et de Mikael Blomkvist. Nous les avions laissé quelque peu épuisés suite aux événements du troisième opus de la série (le procès de Lisbeth, la traque menée contre elle par son père). L’intrigue de ce quatrième tome se déroule dix ans après. Dix ans durant lesquels Lisbeth a imposé le silence et qu’elle refuse tout contact avec Blomkvist, dix ans durant lesquels elle continue à traquer les malfrats sur internet, dix ans durant lesquels Blomkvist fait son métier de journaliste… mais avec moins de passion.

J’avais apprécié les trois intrigues de Stieg Larsson (« Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes », « La Fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette » et « La Reine dans le palais des courants d’air ») et me rappelle encore lorsque, prise dans la lecture, j’étais incapable d’interrompre ma lecture malgré l’heure très tardive. Il y avait une réelle accroche, une fascination à l’égard de cet univers, une peur palpable quant à ce qui pouvait arriver à Lisbeth ou Mikael. Malheureusement, Stieg Larsson n’est plus et les quelques manuscrits qu’il a laissés (Larsson envisageait 10 tomes pour « Millénium » et avait déjà construit le squelette des 7 tomes non encore édités), structurant déjà la forme et le contenu des autres tomes de la série. Sa mort prématurée crée la discorde auprès de ses ayants-droits, sa femme s’opposant notamment à ce que la série se poursuive tandis que le frère et le père de Larsson y sont plutôt favorables. Ces derniers auront le dernier mot… et l’éditeur charge David Lagercrantz d’écrire ce quatrième roman.

Alors oui, lorsque j’ai appris la sortie de « Ce qui ne me tue pas » l’année dernière, je me doutais bien que j’y viendrais tôt ou tard. La curiosité de savoir comment Lisbeth et Mikael ont cheminé, l’envie de retrouver ces angoisses saisissantes induites par la lecture, le plaisir de côtoyer des personnages devenus familiers… Malheureusement, David Lagercrantz n’a pas le talent de son prédécesseur… il n’a certainement pas la même vision de l’univers et de ses protagonistes. Il arrive-là en terrain conquis. Il a certes accepté de relever un challenge ambitieux qui en aurait effarouché plus d’un et il a eu le courage de s’y attaquer. Mais même armé des notes de Stieg Larsson, son écriture ne lui arrive pas à la cheville. A l’instar des trois romans précédents, un temps est nécessaire pour installer tous les pions de l’échiquier narratif. En cela, je n’ai aucun grief à apporter. Il faut accepter d’attendre avant que la tension ne monte et ne vous assaille.

PictomouiLe bât blesse car la mayonnaise ne prend jamais réellement. Il y a bien quelques passages durant lesquels le rythme s’emballe, il y a bien quelques moments où l’on craint le pire pour les personnages. Mais Lagercrantz ne tient pas la longueur, bichonne ses personnages et rassure le lecteur prématurément. Dommage, car la force de « Millénium » tenait à cela, à cette particularité qui soudait le livre à nos mains, nous faisait vibrer et angoisser. Ce quatrième tome est plus lisse et s’il fouille correctement les différents sujets abordés (piratage informatique, espionnage industriel), il délaisse le travail de fond qui permettait à l’ambiance de nous saisir. bien qu’il soit bourré de références et de clins d’œil aux trois précédents tomes, bien qu’il permette à l’univers de peaufiner sa construction et qu’il apporte des informations que nous ne détenions pas sur le passé des personnages principaux (essentiellement concernant Lisbeth)… la claque escomptée n’est pas au rendez-vous et c’est bien dommage.

 

Aderhold © Le Livre de Poche – 2009
Aderhold © Le Livre de Poche – 2009

Tout commença par un soir de canicule. Alors que le chat du voisin avait profité – tout comme à son habitude – de passer d’un balcon à l’autre pour s’introduire dans le salon du narrateur, il passa la soirée en sa compagnie mais eu l’idée saugrenue de le griffer. Ni une ni deux, le narrateur, avant d’aller se coucher, balance le greffier par la fenêtre… un saut de cinq étages dont le félin ne se remit pas. Constatant l’émergence d’un élan de solidarité suite à la mort du chat, l’homme décide d’étendre ses méfaits à l’ensemble du quartier afin, en tout cas l’espère-t-il, de rallumer la flamme d’entraide qui peut rapprocher ses congénères. Le voilà parti pour zigouiller les animaux domestiques des alentours. Chats, chiens… il développe une technique imparable mais s’était sans compter l’intervention de Suzanne, sa concierge qui, sans le vouloir, sapait tous ses efforts. La pauvre ne se remit pas d’une soirée partagée autour d’un porto avec notre homme. Dès lors, il récidive avec le voisin envahissant d’un couple d’amis, un chauffard repéré sur l’autoroute ou bien encore l’agent qui traite son dossier à la Sécurité Sociale. Dans cette période, il prend la décision de saisir la moindre occasion de débarrasser la société des cons qui croiseront sa route. Récit farfelu et entrainant d’un tueur en série.

Pour son premier roman publié en 2009, Carl Aderhold ose le tout pour le tout en nous faisant profiter du récit initiatique d’un homme en tous points ordinaires qui va opter pour la voie du crime afin de soulager la société des empêcheurs de tourner en rond. Individu à l’humour vaseux, fonctionnaire qui expédie les administrés pour garantir sa tranquillité, clochard haineux et hargneux… c’est généralement le fruit du hasard qui met le personnage principal sur le chemin de ces personnes… personnes qui passeront de vie à trépas dans les jours qui suivent.

Le scénario nous amène à découvrir ses cas de conscience, ses motivations, son modus operandi… et explique comment il parvient progressivement à trouver un certain apaisement, un certain équilibre, grâce à ses crimes. C’est drôle, totalement insensé mais on ne peut s’empêcher de suivre ses pérégrinations qui offre une certaine bonne humeur et prête à sourire.

« Ce qu’il y a de particulièrement frappant dans l’histoire, c’est que non seulement les cons ont tout loisir de sévir, mais qu’en plus ils prennent la pose et, sans doute portés par le souffle du cataclysme qu’ils sont en train de déclencher, se croient obligés de délivrer quelques mots historiques. Je dirais même que l’on reconnaît à coup sûr un con en histoire à la fortune de son trait ».

Pourtant, le récit manque de souffle et rapidement, l’impression qu’il traîne en longueur se fait ressentir. Les morts de [supposés] cons s’enchaînent à une vitesse vertigineuse et je me suis demandée à plusieurs reprises où l’auteur souhaitait nous emmener. Interrompre la lecture devient rapidement une nécessité et j’ai longtemps hésité à refermer définitivement l’ouvrage sans aller jusqu’à son dénouement. Puis, soudainement, à la mort d’un personnage secondaire essentiel dans l’univers, le rythme de la narration change et l’accroche se fait. Le narrateur prend alors de la consistance et sa quête [l’éradication des cons] se structure. Les meurtres se poursuivent mais cette fois, la raison de chaque acte étant mieux définie, on plussoie. Dommage que ce virage dans l’écriture ne se produise qu’à la moitié du roman… je pense en effet de Carl Aderhold a perdu plus d’un lecteur dans ses tergiversations et que les quelques deux cent premières pages auraient mérité un écrémage.

PictomouiMalheureusement, un manque de constance ramènera le lecteur à son impression première puisque dans la cinquantaine de pages qui le sépare du dénouement, le récit reproduit les mêmes erreurs : il y a des longueurs, le narrateur tue à tour de bras comme s’il utilisait le moindre prétexte pour assouvir ses penchants meurtriers.

Le postulat de départ de ce premier roman de Carl Aderhold est sympathique. Pire même, il promet à son lecteur de passer un moment bien plus jubilatoire qu’il est réellement en mesure d’apporter. Le plaisir ressenti lors de cette lecture est un peu trop timide.

Extrait :

« A chacune de nos rencontres, notre liste conative s’allongeait. « Combien de cons trouvés aujourd’hui ? » me lançait Marie à la fin de nos séances.
Nous commençâmes par ceux qui nous paraissaient évidents, enfin sur lesquels il n’y avait pas de débat entre nous : le con joint, qui partage la vie de l’autre et finit par la lui pourrir (en moi-même, je pensai à Christine) ; le con sanguin, qui s’énerve pour un oui ou pour un nom, surtout quand son interlocuteur est une femme ou fait trois têtes de moins que lui, car le con sanguin est rarement un con fort (là, je plaçais le con de la tour) ; le con fraternel, celui qui vous prend en affection et ne vous lâche plus, gentil mais très vite pesant, toujours prêt à se mettre à pleurer et à vous reprocher votre dureté ; le con disciple, celui qui a trouvé un maître, ne jure que par lui, et n’a de cesse de vous convertir à sa vision (« Fabienne » me dis-je) ; assez proche de ce dernier, le con vecteur, qui propage la rumeur et les on-dit (entraient dans cette catégorie Suzanne et les concierges, mais aussi les cafetiers et parfois les journalistes) ; le con citoyen, qui trie ses ordures avec méticulosité, allant jusqu’à laver ses pots de yaourt avant de les jeter ; le con tracté, très répandu celui-là, qui s’énerve au volant (mon chauffard sur l’autoroute en était l’archétype) ; le con casseur, qui sévit surtout dans les banlieues (le fils du beauf au chien et sa bande)… Nous décidâmes aussi, pour plus de justesse et par souci de précision, d’instaurer des degrés dans leur niveau de connerie, entre celui dont c’est héréditaire (le con génital), celui qui reste égal à lui-même quelle que soit la situation (le con stable), celui qui bat tous les records (le con sidérant ou le con primé), et enfin celui qui est guéri (le con vaincu), ce dont moi-même je doutais fortement, pensant qu’il s’agissait d’un trait de caractère tandis que Marie, lui, penchait pour un état pouvant se révéler passager.
Puis il y avait ceux sur lesquels nous n’étions pas d’accord, en fait surtout lui car, dans mon envie de la plus large palette possible, je me montrais beaucoup plus conciliant. Il me contesta ainsi les cons courant le dimanche ou les cons tondant leur pelouse. » (Mort aux cons)

Chroniks Expresss #20

Courant mai, quelques vadrouilles et quelques ouvrages rapidement chroniqués :

BD : En Quarantaine (J. Ollmann ; Ed. Presque Lune, 2015).

Romans : Des Fleurs pour Alergnon (D. Keyes ; Ed. J’ai Lu, 1997), L’Homme qui voulait être heureux (L. Gounelle ; Ed. Pocket, 2010), Millenium #3 (S. Larsson ; Actes Sud, 2013), L’Homme qui ment (M. Lavoine ; Ed. Fayard, 2015).

Bandes dessinées

Ollmann © Presque Lune – 2015
Ollmann © Presque Lune – 2015

« Avec la quarantaine, John, remarié, affronte les affres d’une nouvelle paternité particulièrement épuisante et déstabilisante. Se faire émasculer par un sac à couches en bandoulière et un porte-bébé kangourou est désormais son lot quotidien. Ce nouveau costume d’invisibilité sexuelle le boudine, l’oppresse, le concasse, lui provoque d’inévitables bouffées de chaleur. Jusqu’au jour où il découvre un DVD de Sherri Smalls, une ancienne rockeuse punk hyper sexy reconvertie en chanteuse pour enfants ! » (présentation de l’album sur la quatrième de couverture).

Pourquoi cette lecture ? Pour trois raisons : son titre, une envie de découvrir un auteur et une curiosité à découvrir les questions qui taraudent les quadra…

Côté « questions », ce quadragénaire en a à la pelle, d’autant plus depuis qu’il redécouvre les joies de la paternité avec un enfant en bas âge, chose il avait connu vingt ans auparavant.

« Comment un mec aussi branché peut en arriver à mener une vie aussi chiante ? »

Se frotter au ton impertinent de Joe Ollmann, un vocabulaire grossier et un sérieux penchant à se tourner en ridicule, Joe Ollmann aborde le banal sujet de la vie quotidienne avec humour et dérision. Un sac de litière sale qui se perce et promet de faire perdre un bon quart d’heure à celui qui doit nettoyer… la vie n’a pas que des bons côtés et ce n’est pas moi qui vais vous l’apprendre.

Une BD où on regarde souvent dans le rétroviseur, on essaye de réfléchir un peu à l’avenir mais on est tout de même essentiellement confronté à une lamentation inhérente à un quotidien sans trop de soubresauts. Drôle, cynique mais une lecture qui pique et qui gratte et qui souffre de quelques longueurs.

PictomouiL’ouvrage propose cependant une alternance dans la narration puisqu’il se pose tour à tour sur deux quotidiens différents : celui de John (auteur et père de famille en pleine crise) et celui de Sherri (ex-artiste de la scène punk reconvertie en chanteuse et animatrice d’émissions pour enfants). De fait, si leurs remises en cause respectives sont assez différentes (perspectives professionnelles, famille, couple, alcool…), elles se répondent à certains moments ce qui permet de casser la monotonie latente. Il faudra attendre d’arriver à mi-chemin d’un album qui compte 180 pour sentir que la mayonnaise commence à prendre… un peu long.

La fiche de présentation de l’album sur le site de Presque Lune.

 

Romans

Keyes © J’ai Lu – 1997
Keyes © J’ai Lu – 1997

Charlie Gordon est un jeune homme attardé. Depuis une quinzaine d’années, il travaille à la boulangerie d’un ami de son oncle. En parallèle, il va régulièrement dans un institut spécialisé où il suit les cours d’apprentissage de la lecture et de l’écriture de Miss Kinnian. C’est elle qui propose un jour à Charlie d’intégrer un programme expérimental dirigé par le Professeur Nemur et le Docteur Strauss. Forts des résultats obtenus par la souris Algernon, Nemur et Strauss souhaitent désormais tenter l’expérience sur un homme. Pour se faire, Charlie devra subir une intervention chirurgicale au cerveau. Après cela, ses facultés intellectuelles devraient rapidement décupler.

Quel est le revers de la médaille ?

Daniel Keyes relate l’expérience troublante d’un homme dont l’esprit va s’éveiller à une rapidité fulgurante. Pour se faire, il opte pour un « journal de bord » dans lequel Charlie va consigner régulièrement ses impressions. Ce qui frappe le lecteur lorsqu’il entame l’ouvrage, c’est l’absence de maitrise du langage dont fait preuve le narrateur. Au début, Charlie sait à peine écrire et il pose ses pensées sur papier de façon maladroite. Il écrit comme il parle, s’exprime avec des phrases succinctes et un vocabulaire limité. Progressivement, il acquiert les règles d’orthographe et de grammaire, s’amuse lorsqu’il découvre l’existence de la ponctuation, prend goût à lire et à se cultiver.

Chaque jour, Charlie progresse. Sa conscience s’éveille. Il découvre un monde nouveau dont il n’avait même pas idée des contours. Ses préoccupations changent ainsi que son rapport aux autres. Il découvre la pudeur, la fierté, la liberté, la libido. Puis, avant que son QI n’atteigne 185, il se met inconsciemment à tout intellectualiser. Durant toute cette métamorphose, il découvre son passé ; en effet, ses souvenirs remontent à la surface et il découvre qui il était et comment les personnes qu’il côtoie le considèrent (et le considéraient). Avec cet éveil, le regard des autres change. Alors que certains s’émerveillent des progrès qu’il fait d’autres s’inquiètent de son changement radical de personnalité. Et bien qu’il bénéficie d’un suivi médical poussé durant le temps de l’expérience scientifique à laquelle il accepte de se prêter, Charlie est bien seul pour faire face à la tempête qui gronde en lui.

PictoOKPublié pour la première fois en 1959 sous forme de nouvelle, ce roman de Daniel Keyes aborde avec brio les questions de l’identité [la double identité], du handicap et celle des ambitions scientifiques à vouloir maîtriser chaque parcelle de son environnement. L’intelligence ne suffit pas à fait un homme heureux. Un livre réellement touchant.

Extrait :

« J’apprends à contenir mon ressentiment, à ne pas être impatient, à attendre… Je suppose que je mûris. Chaque jour, j’en apprends de plus en plus sur moi-même, et mes souvenirs qui ont commencé à surgir comme des vaguelettes me submergent maintenant telles d’énormes lames de fond » (Des Fleurs pour Algernon).

 

Gounelle © Pocket – 2010
Gounelle © Pocket – 2010

Profitant d’un long séjour à Bali, un homme suit les conseils qui lui ont été donné de consulter un guérisseur. Julian – le voyageur, est pourtant en excellente santé mais le séjour balinais touchant à son terme, Julian est intrigué et décide de consulter.

C’est ainsi qu’il rencontre un vieil homme, serein, souriant et auquel il est difficile de donner un âge. Ce dernier l’examine de la tête au pied et découvre un point de butée en exerçant des petites pressions sur le petit orteil gauche. Après quelques vérifications, il déclare : « Vous êtes quelqu’un de malheureux ». Cette souffrance intime tient au fait que Julian vit seul et se croit incapable de plaire à une femme. Dès lors, la dernière semaine passée à Bali est ponctuée par des visites quotidiennes au vieux guérisseur. Des temps de rencontre qui donnent lieu à des discussions existentielles : la perception que l’on a de soi influence fortement nos interactions avec les autres et vient, de fait, modeler la manière que l’on a d’évoluer dans la société. De même, notre état d’esprit borne la perception que l’on a de notre environnement ; il suffit de croire que l’on est dans un contexte hostile pour que nos sens réagissent et enregistrent tous les éléments qui pourraient venir corroborer ce ressenti et réciproquement quand on pénètre dans un lieu que l’on pense sécure.

Le récit est rythmé par les rencontres quotidiennes entre le guérisseur et le voyageur. Ce dernier témoigne d’un manque flagrant de confiance en lui qu’il explique par diverses raisons que le vieux sage n’a de cesse de remettre en question. Chaque consultation se conclu sur une petite liste de quelques défis que le soigné devra relever et relater le lendemain au soignant.

Tout d’abord interloquée par le caractère saugrenu de la démarche initiale puis par la manière dont se construisent leurs échanges, j’ai finalement pris mon parti de ne pas remettre en question le contexte peu crédible de leurs entretiens pour ne regarder que le fond du propos. Et réfléchir à quelques « images d’Epinal » que l’on se crée et derrière lesquelles on se cache souvent.

Un ouvrage intéressant mais qui me laisse malgré tout légèrement dubitative. La vie y semble bien sereine… Laurent Gounelle nous invite à réfléchir à une autre façon de penser nos choix de vie et notre lien à l’Autre. Ce n’est que lorsqu’on a fait le deuil des attentes que d’autres nourrissent pour nous que l’on est en mesure de prendre une décision qui nous sera satisfaisante à long terme. Il suffit pour cela de dépoussiérer nos préjugés et de nous alléger de certaines conventions (valeurs, principes, habitudes…) avant de prendre une décision. Mais sa manière d’aborder les choses emprunte quelques raccourcis et sa façon de faire interagir les deux personnages principaux ne me parle pas totalement.

La chronique d’Yvan.

Larsson © Actes Sud – 2013
Larsson © Actes Sud – 2013

Volume 3 : La Reine dans le palais des courants d’air

Dernière partie de la « trilogie Millénium », la plus conséquente également. Ce volume reprend au moment même où nous avions laissés nos « héros ».

« Après avoir échappé de peu à la mort, Lisbeth Salander se remet difficilement de ses blessures dans une chambre d’hôpital. Incapable physiquement d’agir, elle a de surcroît été placée en isolement et sous surveillance policière, car elle est encore sous le coup de plusieurs chefs d’accusation. La voilà coincée, donc, mais pas inactive, d’autant qu’un patient soigné dans une chambre voisine a de très sérieux et très anciens comptes à régler avec elle… De son côté, Mikael Blomkvist se démène pour innocenter et réhabiliter la jeune femme. Ses recherches lèvent le voile sur les plus inavouables activités de certains services secrets, mais les sombres personnages autour desquels se resserre son enquête ne vont pas se laisser menacer sans réagir » (synopsis éditeur).

Long dénouement pour ce thriller qui m’a fascinée, je l’avoue. L’univers qu’à construit Stieg Larsson est très proche de ses préoccupations et des combats qu’il a mené. Journaliste, l’auteur a ensuite poursuivit sa carrière vers le métier de critique littéraire puis écrivain. Il a longtemps milité contre les courants d’extrême-droite, un élément important qui représente l’une des facettes de « Millénium ». Il faut ajouter à cela le fait que par le biais de son homologue imaginaire – Mikael Blomkvist – il dénonce également les violences faites aux femmes ainsi que toute forme de corruption.

Une nouvelle fois, le lecteur est en présence d’un récit complet même si celui-ci s’inscrit dans la continuité immédiate de son prédécesseur. Nombreuses sont les pièces du puzzle qui viendront compléter l’intrigue principale qui nous conduit sans détour vers le procès de Lisbeth. Stieg Larsson fait intervenir une palette impressionnante de personnages secondaires ; chacun étant doté d’un trait de caractère qui le définit, d’une histoire de vie plus ou moins détaillée. Tout s’imbrique. Je reconnais que la présence de ces nombreux personnages, je me suis parfois égarée… n’associant pas immédiatement le nom et la fonction lorsqu’ils réapparaissaient. Cela a nécessité pour quelques « retours en arrière », généralement pour revenir au début du paragraphe en cours voire du paragraphe précédent afin de replacer les éléments à la bonne place et poursuivre la lecture en disposant des bonnes informations.

PictoOKLa scène du procès en lui-même est assez succincte compte-tenu de toutes les dispositions préalables dont l’auteur s’était entouré pour y amener son lecteur, mais l’affrontement verbal qui y a lieu dans une tension palpable m’a malgré tout convaincue. Quelques surprises, encore, au détour de plusieurs rebondissements. Maintenant que j’en ai terminé, je ne peux que regretter la disparition prématurée de Stieg Larsson et le contenu des sept tomes qu’il envisageait de réaliser pour parfaire sa saga restera à jamais un mystère. Quoi qu’il en soit, je suis sortie repue par la lecture de ce troisième volume assez dense autant sur le fond que sur la forme.

Quant au reste, l’éditeur vient de dévoiler sa volonté de publier le tome 4 très prochainement… créant ainsi une petite polémique.

Lavoine © Fayard – 2015
Lavoine © Fayard – 2015

« L’homme qui ment ou le roman d’un enjoliveur – récit basé sur une histoire fausse »

Marc Lavoine se livre. Récit autobiographique et touchant d’un homme qui, malgré la célébrité, semble avoir gardé le sens des valeurs et la notion de famille. Il parle avec franchise de sa vie. De son premier souffle à aujourd’hui. Il fait rapidement référence à sa vie d’artiste car là n’est pas le propos, même si elle lui a permis – dans un premier temps – de s’échapper de la cellule familiale avant de lui offrir une reconnaissance qu’il regarde avec méfiance.

Le fait d’être né garçon lui valut, pendant quelques jours, le rejet de sa mère, Michou. Cette dernière, déjà mère d’un petit Francis (surnommé Titi), souhaitait une fille. Abandonnant son fils aux soins des équipes médicales et à l’affection attendrie de Lulu, son époux, elle s’immergea une courte période dans le déni avant de reprendre ses esprits et de trouver un prénom à cet enfant qui venait agrandir son foyer : Marc.

J’étais donc en stand-bye, en couveuse, avec un panaris, en attente d’une famille, d’un toit, d’un lit et d’un prénom, entre la vie et l’oubli. Tout ça sentait très très bon.

Marc Lavoine décrit une famille modeste domiciliée dans un pavillon en banlieue parisienne. Son père, militant communiste qui travaillait aux PTT. Un homme chaleureux que son fils a toujours admiré voire idéalisé. Un homme altruiste qui n’aurait aucun défaut si ce n’est son fort penchant pour l’alcool et son amour inconditionnel pour les femmes. Un coureur de jupons. Un séducteur invétéré. La mère de Marc Lavoine l’apprendra sur le tard mais pendant longtemps, seuls les fils de Lulu étaient dans la confidence, s’amusant des frasques de leur père tout en se morfondant pour le mal qu’il ne manquerait pas de faire à leur mère lorsqu’elle apprendrait ses adultères… cela semblait inévitable qu’elle l’apprenne un jour.

Lorsque ce jour fut venu, elle demanda le divorce séance tenante. Mais ce couple, malgré les discordes, s’aimait d’un amour profond. La séparation n’a jamais été remise en question, mais la souffrance liée à leur éloignement était perceptible.

Peu importe, il aura une médaille posthume, celle du parfait salaud

PictoOKMarc Lavoine parle de l’amour qu’il portait à son père décédé. La narration emprunte un ton sensible, la tendresse et la nostalgie nous accompagnent tout au long de la lecture. Le seul grief que je porterais est cette hésitation permanente entre la seconde et la troisième personne. L’auteur s’adresse ouvertement à son père, mais il semble ne pas être parvenu à choisir entre le dialogue direct avec son paternel (« tu ») et l’observation plus neutre à la troisième personne (« il »). Cela crée quelques lourdeurs dont on s’accommode parfaitement mais cette indécision peut ponctuellement créer de l’agacement. De même, des passages rappellent régulièrement les mêmes thèmes qui définissent : les femmes, l’alcool, les femmes, le militantisme, les femmes… Ponctuellement, j’ai perçu ma lassitude mais je suis bien vite parvenue à l’écarter. Le récit est fluide, agréable, amusé. En quelque sorte, cet ouvrage permet à l’auteur de dire à son père qu’il lui pardonne ses faux pas, une occasion d’exprimer l’amour inconditionnel qu’il porte à ses proches.

Extraits :

« En fait, tu noyais tous ces regrets dans le sexe des femmes, comme pour apaiser les douleurs de ta mémoire, pour soigner l’homme blessé de l’intérieur. Les filles, c’était du sirop, une médecine d’urgence pour apaiser les maux de l’âme et du cœur. Ça pesait dans mon cartable, et je partageais ça avec mon frère, qui essayait de temporiser, évoquant les blessures de Lulu. Ça me calmait de façon passagère mais ça ne changeait rien » (L’Homme qui ment).

« Je voyais mes copains : avec eux, rien n’avait changé. Ils étaient tristes comme moi, pour moi, ils voyaient bien que j’avais pris de la distance. Il fallait que je me protège, car cette histoire, avant d’être la mienne, était surtout la leur, celle de mes parents. Titi et moi nous en étions les fruits, il nous fallait mûrir, désormais coupés en deux. Nous devions nous construire sans protection, sans garde-fous, sans rien » (L’Homme qui ment).

« Je suis resté seul avec toi avant que Francis me rejoigne, et durant ce tête-à-tête, dans la folie immobile de ce moment-là, j’ai cru que tu allais ouvrir un œil, que c’était une farce, encore une, que tu allais me dire : « Je t’ai bien eu, l’môme. Viens, on va voir les gonzesses. » Des larmes ont coulé sur mes joues, je les ai essuyées et j’ai posé un baiser sur ton front de glace. Sur les lèvres, j’ai gardé cette sensation depuis » (L’Homme qui ment).

« Je voulais te dire que quand tu es mort, Michou a perdu son mari. Elle était en deuil pour de vrai, elle était libre et profondément elle-même, nue de toute rancune. Toute sa vie était là, présente. Car même après le divorce, après t’avoir aimé autant que détesté, tu étais resté le seul homme de sa vie, sa seule histoire d’amour, et j’ai la faiblesse de croire qu’il en était de même pour toi » (L’Homme qui ment).

Chroniks Expresss #18

Courant mars… pas tant de lectures que ça :

BD :

Car l’enfer est ici #3 (L. Brunschwig & L. Hirn ; Ed. Futuropolis, 2015).

Romans :

Millénium #2 (S. Larsson ; Ed. Actes Sud, 2012), 80 notes de jaune (V. Jackson ; Ed. Livre de Poche, 2014).

Bandes dessinées

Brunschwig – Nouhaud - Hirn © Futuropolis – 2015
Brunschwig – Nouhaud – Hirn © Futuropolis – 2015

La campagne électorale de Lou Mac Arthur bat son plein. D’ailleurs, sur la première de couverture, le poulain de Jessica Ruppert montre la hargne qu’il met dans ce combat politique. Poings en avant, il est bien déterminé à faire définitivement pencher la balance électorale en faveur des démocrates. S’il accède au poste de sénateur, il pourra ainsi apporter un réel soutien à la Maire de New-York et de sa politique en faveur des populations défavorisées.

Pendant ce temps, Joshua Logan purge sa peine au pénitencier de Riker’s. Une aide providentielle d’une poignée de matons ne sera pas de trop pour lui permettre de se protéger de la haine que les autres détenus vouent à son égard, et notamment ceux appartenant à la communauté afro-américaine. Rappelons – pour ceux qui ont suivi la série – que Logan est accusé du meurtre de Providence, un ancien boxeur noir américain qui était très aimé, hyper médiatisé et offrait un soutien inconditionnel à Jessica Ruppert.

Que dire de ce titre ? Qu’il est bon, à l’instar des autres opus de la série (voir tome 1). Des personnages torturés par leurs inquiétudes personnelles, des enjeux économico-politiques qui dépassent les protagonistes, une lutte contre la corruption et le crime qui est habilement traité par Luc Brunschwig et les dessins de David Nouhaud qui proposent une très belle mise en images.

Ce tome s’arrête sur les journées du 7 septembre 1999 et du 9 novembre 1999. L’histoire se poursuit et continue à étoffer l’univers du Pouvoirs des Innocents, série-mère qui avait été publiée la première fois en 1992 chez Delcourt. Delcourt… une marque qui semble être un argument de poids pour la campagne marketing du spin-off « Car l’enfer est ici ». On ne peut que regretter ces nouvelles couvertures brillantes et pimpantes, ce format standard qu’on trouve généralement chez Delcourt… il ne manque plus que le petit triangle rouge sur la tranche et nous seront-là en présence d’un pur produit Delcourt. Si Futuropolis pouvait garder sa « touche » éditoriale, m’est avis que nous en présence d’un objet-livre de bien meilleure qualité.

PictoOKMais vu que la ligne éditoriale de cette série est définitivement retenue, pas d’autre choix que de continuer à la suivre (d’autant que le scénario est de qualité) et à fermer sa gueule. Alors achetons un produit marketing comme si l’emballage étincelant était la preuve que ce qu’il contient est à la hauteur de nos attentes… je trouve cela réellement dommage. En revanche,

Du côté des challenges :

Petit Bac 2015 / Mort : enfer

PetitBac2015

 

Romans

Millénium, Volume 2 : La Fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette

tome 2 – Larsson © Actes Sud – 2012
tome 2 – Larsson © Actes Sud – 2012

Après avoir mené avec brio une première enquête et être ainsi parvenus à des conclusions que la Police n’a jamais su tirer, Mikael Blomkvist a assis sa réputation professionnelle et sa crédibilité par la même occasion. Il a repris son poste à Millénium et le cours de sa vie. Seule ombre à l’horizon : Lisbeth Salander qui, sans raison apparente, refuse tout contact avec lui.

De son côté, Lisbeth est maintenant dans une situation financière très confortable même si la provenance des fonds de son épargne a été acquise illégalement. Malmenée par la précédente affaire (voir le premier volume de « Millénium »), elle coule des jours tranquilles à l’étranger. Une semaine par ci, quelques mois par là… rien ne vient la perturber si ce n’est, au bout d’un an de fuite, cette envie de rentrer à Stockholm. Elle finit par s’y résoudre. A son arrivée, elle opère encore quelques changements, comme l’acquisition d’un nouvel appartement ou celle d’une voiture. Puis, les événements se précipitent et Lisbeth se retrouve en fâcheuse position. Recherchée par la Police pour un triple meurtre, elle va se terrer chez elle pendant que ses rares amis vont tenter de prouver son innocence.

Comme lors de la lecture du premier volume de la série « Millénium », il m’a fallu quelques temps avant d’entrer dans cette histoire. J’ai regretté un moment d’avoir enchaîné aussi rapidement la lecture des deux ouvrages et de ne pas avoir tenus compte des conseils que l’on m’avait prodigué (Marilyne notamment). Sans compter cette frustration de découvrir une Lisbeth Salander au cœur des événements, presque traquée par les services de l’ordre et une bande de tueurs qui en veulent à sa peau, et de passer presque 300 pages sans la voir, sans savoir où elle est ni comment elle accueille les choses (à commencer par cet étalage de sa vie privée dans les médias).

Stieg Larsson utilise de nouveau des thèmes sur lesquels il avait construit sa première intrigue : sexe et perversions sexuelles, violences faites aux femmes, corruption et milieux extrémistes. Mais on ne sent pas la redondance, si ce n’est en début d’ouvrage (moment où j’ai quelque peu appréhendé le fait que l’argumentation de l’auteur puisse tourner en rond).

Comme pour le premier volume, la fascination pour cette histoire arrive sans crier gare. D’un coup, le lecteur se retrouve pris par une sorte d’attraction magnétique vis-à-vis de l’ouvrage. Captivé, aspiré… on se retrouve dans l’impossibilité de tenir nos engagements de « allez, encore un chapitre et j’éteins la lumière » puisqu’un rapide coup d’œil sur l’heure affichée par le radio-réveil nous apprend que l’heure est déjà bien avancée et que, avec une moue prononcée, on se résout à poser l’ouvrage… oui, il s’agit d’être opérationnel pour travailler le lendemain…

PictoOKIl me reste le dernier volume à découvrir. Je suis partagée entre l’envie de me ruer dessus et l’envie de laisser décanter un peu. D’autant qu’il m’a été très difficile de m’extraire de cette « Fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette » ; j’ai eu un mal fou à me plonger dans une autre lecture.

Jackson © Livre de Poche – 2014
Jackson © Livre de Poche – 2014

D’un côté, nous avons Summer, jeune femme d’une trentaine d’années et d’origine néo-zélandaise, installée à Londres depuis quelques années et musicienne de profession.

De l’autre, nous avons Dominik, professeur de littérature à l’Université et également âgé d’une trentaine d’années, londonien de pure souche et qui n’a jamais quitté sa ville, si ce n’est à l’occasion de voyages (professionnels ou non).

Quand Dominik voit Summer pour la première fois, elle est en train de jouer du violon dans le métro ; elle espère ainsi se faire un peu d’argent pour pouvoir payer une partie de son loyer, manger… Quelques semaines passent et il découvre, dans un journal, que la musicienne a subit les dégâts collatéraux d’une bagarre dans le métro. Si elle n’a rien physiquement, son violon en revanche est en mille morceaux. L’article permet à Dominik d’apprendre l’identité de la jeune femme et une rapide recherche sur internet lui permet de trouver son compte Facebook. Il entre en contact avec elle et lui propose de lui acheter un nouvel instrument mais son offre est soumise à certaines conditions. La jeune femme le recontacte, accepte de le rencontrer, excitée à l’idée de savoir quelles peuvent bien être les exigences de cet homme…

Baptême de littérature érotique me concernant et malheureusement, ce fut un coup dans l’eau. Disons que je ne vois pas tellement l’intérêt de détailler autant les personnages principaux sur les deux premiers chapitres. Je trouve bien évidemment que cela a un intérêt mais je ne vois pas pourquoi donner autant d’informations aussi rapidement… me semble que le jeu de la suggestion est inévitable dans ce style d’écrits et que dévoiler trop de choses trop tôt gâche un peu.

Mais passons. Le lecteur sait donc rapidement à qui il a à faire et la manière dont ils se projettent. Doute, excitation, fantasme… rien n’est oublié. Je me suis accrochée ferme au roman, bien décidée à me faire un avis après avoir lu entièrement le roman.

Mais j’ai commencé à faire de la lecture en diagonale puis à sauter des passages, avant de fermer définitivement l’ouvrage. Entre soirées dans des clubs très privés, orgies et scènes plus intimes, on explore les pratiques SM et j’avoue que je n’y ai pas trouvé grand intérêt.

pictobofPfff… moi qui pensait pouvoir participer au premier mardi chez Stephie… c’est raté.

Du côté des challenges :

Petit Bac 2015 / Musique : notes

PetitBac2015

Chroniks Expresss #17

Courant février, peu de lectures MAIS 1/ vacances avec les loustics et 2/ une brique à dégommer côté roman :

BD :

Petites coupures à Shioguni (F. Chavouet ; Ed. Philippe Picquier, 2014), La BD est Charlie (Collectif d’auteurs ; multi-éditeur, 2015), Le Grand méchant renard (B. Renner ; Ed. Delcourt, 2014),

Romans :

Millénium #1 (Larsson : Ed. Actes Sud, 2012).

Bandes dessinées

Chavouet © Editions Philippe Picquier – 2014
Chavouet © Editions Philippe Picquier – 2014

Présenté sous forme de carnet de note d’une enquête policière, Petites coupures à Shioguni est le dernier album en date de Florent Chavouet (Tokyo Sanpo, Manabé Shima). Changeant relativement de registre, l’auteur s’éclate cette fois à développer un polar truculent où malfrats, policiers, victimes se volent la vedette et brouillent les pistes.

Si au début il s’agit d’une basique agression d’un restaurateur par un trio de trois gros bras sans cervelle, une tierce personne – en l’occurrence une jeune femme – va semer le trouble dans l’affaire. L’imbroglio tient au fait que la demoiselle relie tous les personnages entre eux et, en l’espace d’une soirée, crée la pagaille dans les rangs de la Police qui, sans preuve tangible et sans lien apparent entre ces différents faits divers, ne penseront évidemment pas à rapprocher ces différentes affaires.

C’est sans compter que le scénario de Florent Chavouet nous emmène sur de fausses pistes, suivant logiquement le raisonnement de la Police qui tente de recueillir des indices et investiguer sur des suppositions parfois vaseuses.

Le rythme soutenu de cette enquête laisse assez peu de répit. En quelques pages, Chavouet a déjà introduit la majeure partie de ses personnages et la course poursuite est bien engagée derrière cette mystérieuse jeune femme. L’enquête est en ébullition. Quant au lecteur, outre les rebondissements permanents qu’il découvre, il sera mis à contribution pour scruter chaque page qui mêle joyeusement illustrations, coupures de presse, notes griffonnées sur un carnet, numéros de téléphones…

PictoOKFlorent Chavouet utilise avec brio son sujet, nous amenant à douter de tout et de tous. Quelles sont les réelles motivations de chacun ? Qui est le Grand lapin blanc de cette farce policière ? Et bien que seul le lecteur ait tous les éléments en main… il lui faudra attendre le dénouement pour assembler correctement les tenants et les aboutissants de ce récit fort divertissant.

La chronique de Jérôme qui m’a fait découvrir ce titre.

Du côté des challenges :

Roaarrr challenge : Petites coupures à Shioguni a obtenu le Prix Polar au FIBD 2015

 

Collectif © Multi-éditeurs – 2015
Collectif © Multi-éditeurs – 2015

Cet ouvrage est un recueil de 170 dessins réalisés en hommage aux victimes de l’attentat du 7 janvier 2015 à Charlie Hebdo. Compte-tenu des multiples réalisations produites suite aux événements, toutes ne sont pas présentes dans cet ouvrage. Il est cependant possible d’accéder à l’intégralité des dessins de presse en consultant la page Facebook du FIBD.

Un ouvrage vendu en librairie pour la modique somme de 10 euros. Les bénéfices seront entièrement reversés aux familles des victimes des attentats. Il est à noter que les artistes qui ont réalisés ces productions ont offerts leurs dessins pour l’occasion.

La préface de Cavanna donne le ton : « Rien n’est tabou, rien n’est sacré. Le partisan rit de son adversaire, le croyant rit du croyant d’en-face. Ne croyant en rien, n’adhérant à rien, nous riions de tous et de tout. Le rire est brutal, provocateur, imprévisible, injuste, sans pitié. Il ne venge, ne punit ni ne juge. Il s’en fout »

A lire aussi, l’article de Maurice BONTINCK (Charente libre) qui présente l’Expo consacrée à Charlie et qui restera encore quelques temps à la Cité de la BD d’Angoulême.

PictoOKEtienne Davodeau, Christian Lax, Robert Crumb, Frederik Peeters, Le Cil vert, Lewis Trondheim, Peyo, Mana Neyestani… redécouvrez, avec un peu de recul, les réactions des artistes suite à l’annonce des attentats.

Du côté des challenges :

Petit Bac 2015 / Prénom : Charlie

PetitBac2015

 

Renner © Guy Delcourt Productions – 2014
Renner © Guy Delcourt Productions – 2014

« Face à un lapin idiot, un cochon jardinier, un chien paresseux et une poule caractérielle, un renard chétif tente de trouver sa place en tant que grand prédateur. Devant l’absence d’efficacité de ses méthodes, il développe une nouvelle stratégie. Sa solution : voler des œufs, élever les poussins, les effrayer et les croquer. Mais le plan tourne au vinaigre lorsque le renard se découvre un instinct maternel… » (synopsis éditeur).

Voilà un album totalement déjanté qui se lit aussi bien seul qu’à plusieurs et accessibles pour petits et grands. L’auteur s’est amusé à développer un personnage qui croit être patibulaire mais qui est bien trop spontané (et naïf… aussi) pour espérer faire peur à quelqu’un. Face à lui, des mains qui se tendent lorsqu’il sort bredouille du poulailler, avec tout au plus deux ou trois plumes coincées dans les crocs.

Inévitable !… le coup de sang que fait la poule après que ce drôle de renard lui ait mordu le croupion. Drôle, la rouste que le volatile fait subir au renard, forçant ainsi ce dernier à quitter la ferme illico presto.

Débonnaire… ce gros loup noir et miteux qui tente de sauver encore les apparences et convaincre la dernière personne sur terre qui a encore peur de lui (le renard) qu’il est un redoutable prédateur.

Hilarant !… de voir le rouquin renard en train de ronger son frein et de se faire les crocs sur les navets qu’on lui a amicalement durant sa fuite.

Et puis attendu… ce lien affectif qui ne peut que se construire entre le renard et les trois poussins. Il les couve, leur apprend à se nourrir, les éduque bref… il les aime. Et cela crée des situations diablement cocasses.

Au passage, on profite d’un regard amusé voire moqueur sur la relation parents-enfants. Sans aucune censure, on exulte quand on voit ce renard rabrouer ses loupiots parce qu’ils lui pompent tout son temps, toute son énergie bref… toute sa substantifique moelle.

PictoOKEn réponse, la spontanéité de marmots qui coupe court à toutes les tentatives du renard de voir les bestioles à plumes ne rester qu’une perspective de repas. A coups de pourquoi, de caprices, d’envie de câlins… ils viennent titiller une carapace déjà pas très solide de ce fieffé renard. Très bon album de Benjamin Renner.

Découvert chez Jérôme et je vous fais également profiter de la chronique de Little Daisy.

Le lien du jeu où l’on évolue dans l’univers de la BD.

Du côté des challenges :

Petit Bac 2015 / Taille : grand

PetitBac2015

Romans

Larsson © Actes Sud – 2012
Larsson © Actes Sud – 2012

Millénium, Volume 1 : Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes

Au lendemain de la défaite cuisante à son procès qui l’opposait à l’homme d’affaire milliardaire Hans-Erik Wennerström, Mikael Blomkvist n’a d’autre choix que de réfléchir au moyen de prendre une retraire temporaire. Pour ce journaliste économique d’une quarantaine d’années, les soutiens se font rares et il ne peut compter que sur ses propres ressources.

Pourtant, quelques jours avant Noël, il reçoit un appel qui le conduira, quelques jours plus tard, dans la riche demeure de Henrik Vanger, autre homme d’affaire, autre milliardaire… moins corrompu en apparence. Ce dernier va expliquer à Mikael qu’il souhaite que le journaliste rédige sa biographie, enquête sur la disparition de sa fille adoptive et… s’il parvient à trouver le coupable, lui offre de lui livrer la tête de ce fumier de Wennerström sur un plateau. Les deux hommes pourraient ainsi prendre leurs revanches respectives.

J’ai rencontré une réelle difficulté à embarquer dans cet univers. Une mise en jambe difficile d’une cinquantaine de pages… pourtant nécessaires. Stieg Larsson installe ses pions sur l’échiquier, fait entrer un à un les différents protagonistes qui vont être amenés à intervenir durant ce thriller suédois. Des personnalités bien trempées, à commencer par celle du journaliste Mikael Blomkvist mais aussi Lisbeth Salander – jeune génie gothique qui travaille en free-lance pour le magnat de la sécurité industrielle Milton, Henrik Vanger – fin orateur, perspicace et intransigeant…

Entre complot, manipulation, intimidation, lutte de pouvoirs intra familiale, lutte de pouvoirs économiques entre les industriels, sexe, enquête, monde de la finance, instances sociales… l’auteur nous permet également de revisiter succinctement l’histoire de la Suède (et notamment le passé nazi du pays) au travers d’une chronique familiale complexe.

PictoOKForce est de constater que je suis entrée à reculons dans la saga Millénium, effrayée par la vue de ces trois briques d’environ 700 pages chacune. Il s’agit juste de se lancer. Et puis… l’écriture de Larsson est agréable, le récit d’une fluidité réelle, l’intrigue capable d’aspirer le lecteur. Les deux autres volumes de la série m’attendent… Addictif.